Extradition de Hissène Habré
par Abdoulaye Jamil Diallo
jeudi 14 juillet 2011
Après l’annonce d’une extradition imminente de l’ex-dictateur tchadien, Hissène Habré, l’Etat sénégalais, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, revient sur sa décision et a annoncé dimanche la suspension pure et simple de ladite extradition. Topo.
L’Etat sénéalais s’est prononcé récemment sur une éventuelle extradition de Hissène Habré vers son pays d’origine le Tchad avant d’y renoncer quelques heures plus tard sous la mise en garde du Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, laquelle a convié Dakar à revoir sa copie annonçant une flagrante violation du droit international.
L’ex-président du Tchad, arrivé au pouvoir par coup d’Etat, en renversant notamment le régime de Goukouni Oueddei, est accusé d’être à l’origine de l’exécution de milliers de Tchadiens (près de 40 000 selon nos sources) pendant la durée de son règne de 1982 à1990, année où il fut à son tour renversé par l’actuel président Idriss Déby.
Réfugié depuis au Sénégal, l’ex-dictateur tchadien vit aujourd’hui sous la menace d’être extradé, soit au Tchad - où il a déjà été jugé, par contumace, et condamné à mort – ou en Belgique où il fait l’objet de poursuites judiciaires, un mandat d’arrêt international assorti d’une arrestation immédiate étant déjà lancé à son encontre par un tribunal belge
Habré accueilli par la communauté léboue (ethnie locale) vit, depuis plus de 20 ans à Ouakam (Sénégal) où il est reconnu, grâce à l’hospitalité sénégalaise (Téranga en langue locale), comme un notable et digne fils de la communauté léboue. Un titre et un rang qu’il ne manque d’ailleurs pas de brandir contre ses détracteurs : « Nous nous sentons, mon épouse et moi, chez nous au Sénégal ».
L’ex-président Tchadien voit en cette tentative d’extradition ou d’expulsion « l’exécution, selon ses propres termes diffusés par une radio dakaroise, d’un complot d’assassinat politique » dont, selon lui, le commanditaire n’est autre que « le Guide Libyen, Mouammar Kadhafi. »
Une implication que Hissène Habré justifie par sa farouche opposition au guide libyen à propos notamment de la bande d’Aouzou.
Abdoulaye Jamil Diallo