Finul au Liban : dangereuse confrontation...
par Jean Pierre Repiquet
mercredi 25 octobre 2006
Depuis le 14 août 2006, malgré la laborieuse mise en place du cessez-le-feu, les F16 israéliens continuent à sillonner le ciel libanais. Les forces de la Finul sous commandement français sont ainsi survolées chaque jour par des avions de combat lourdement armés.
On se souvient que dans le passé l’armée israélienne n’a pas toujours fait grand cas des soldats de la paix.
Depuis 1978, 258 membres de la Finul ont trouvé la mort dans l’exercice de leur mission (source ONU). Le dernier "incident" a eu lieu le 25 juillet 2006 quand un poste d’observation de la Finul a été délibérément détruit par les bombes israéliennes et ses quatre occupants, tués. Autant dire que les survols israéliens sont vécus comme une lourde menace, voire comme une provocation intolérable.
Avec le vote de la résolution 1701 par le Conseil de sécurité des Nations unies, la composition, l’organisation et les missions de la Finul ont été significativement modifiées.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban est aujourd’hui forte de 15 000 hommes placés sous le commandement du général de division français Alain Pellegrini. Le matériel et l’armement dont elle dispose lui permettent toute opération défensive et offensive. Elle ne comporte pas de moyens d’appui aérien, mais elle est dotée de missiles sol/air très performants et d’artillerie lui permettant d’assurer efficacement sa défense en cas d’agression aérienne.
Le cadre général de sa mission consiste à appuyer les 15 000 soldats de l’armée libanaise, pour former une zone tampon entre le Liban et Israël. Elle a reçu pour mandat de "confirmer le départ des troupes israéliennes du Sud Liban, rétablir la paix et la sécurité internationale et aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective dans la région". Son quartier général est à Naqoura, dans le Sud du Liban. Depuis des semaines la Finul dénonce les survols du territoire libanais qu’Israël justifie comme "étant nécessaires pour stopper la contrebande d’armes vers le Hezbollah [...] Le gouvernement libanais ne remplit pas ses engagements envers la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU [...] Nos renseignements font état d’efforts accrus pour faire passer des armes au Liban", a souligné Monsieur Peretz, le ministre de la Défense israélien. "L’accroissement de ces tentatives légitime nos survols du Liban et, tant que la résolution 1701 ne sera pas appliquée, nous n’y mettrons pas fin", a-t-il affirmé aujourd’hui, 22 octobre 2006. Ces déclarations répondent aux protestations de la France qui a appelé vendredi avec insistance Israël à cesser ses incursions aériennes dans le ciel du Liban. La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a qualifié ces violations de l’espace aérien libanais d’"extrêmement dangereuses". "Elles peuvent être vécues et ressenties comme hostiles de la part de forces de la coalition qui pourraient être amenées à répliquer dans le cadre de la légitime défense, et ce serait évidemment un incident très grave". La Force intérimaire des Nations unies au Liban "a pour tâche d’agir contre le Hezbollah et non contre Israël", a déclaré Monsieur Peretz, soulignant que "l’objectif le plus important était la sécurité d’Israël".
On le voit, le ton monte, les protagonistes sont face à face, l’agacement atteint un seuil critique, et le moindre incident peut déclencher une crise majeure...
Décidément le feu ne s’éteint jamais dans cette partie maudite du monde, et il suffit que l’on croie le calme un instant revenu pour qu’un vent mauvais réveille les braises qui dormaient sous les cendres.