LES CAUSES DES FISTULES GENITALES
Une fistule génitale de nature obstétricale peut survenir suite à un accouchement excessivement prolongé, lorsqu’une césarienne serait nécessaire et n’est pas pratiquée, faute de personnel qualifié ou de matériel. L’enfant reste alors coincé plusieurs jours (parfois jusqu’à 7 jours) dans le bassin de la mère et finit par mourir. La pression exercée par l’enfant finit par empêcher toute circulation sanguine dans cette partie du corps de la mère. Résultat, une nécrose des tissus apparaît et une brèche plus ou moins étendue se crée entre le vagin et la vessie et/ou le rectum. Il s’agit de la complication la plus fréquente lors d’un accouchement dans les pays pauvres ou en voie de développement.
La fistule génitale peut également être qualifiée de traumatique. C’est le cas lors de violences sexuelles aggravées. Un viol à coup de couteaux, de fusil ou de bâtons introduits violemment dans le vagin a pour conséquence de créer des fistules. Ces pratiques sont tragiquement courantes dans les pays en guerre.
De manière plus marginale, certaines mutilations génitales féminines peuvent provoquer une fistule, comme l’incision gishiri, pratiquée dans le nord du Nigéria et responsable de 15% des cas de fistules dans ce pays. Cette intervention est pratiquée lors de l’accouchement lorsque l’enfant à du mal à sortir. On procède alors à une série d’incisions au hasard dans le vagin, pensant que cela permettra l’expulsion du bébé.
LES FISTULES OBSTETRICALES
Les fistules obstétricales sont favorisées par la malnutrition et le jeune âge de la future maman. Son bassin n’est pas suffisamment développé et ne permet pas le passage du nouveau-né. L’accouchement requiert alors une césarienne, mais cette intervention n’étant pas toujours possible dans les pays pauvres ou en voie de développement, le bébé reste bloqué plusieurs jours dans le bassin de sa mère et meurt.
Par la suite, cette dernière va vivre non seulement avec le traumatisme de cet accouchement mais va en plus découvrir qu’à présent, elle est incontinente. Vivant en général dans une région pauvre et reculée, n’ayant reçu aucune information sur ce handicap, la jeune femme pense qu’il n’existe aucun remède. Son mari et sa famille n’étant pas plus informés, l’abandonnent, répugnés par les odeurs qu’elle dégage constamment.
LA FISTULE GENITALE TRAUMATIQUE
Bien que la plupart des cas de fistules soit d’origine obstétricale, d’autres cas se produisent lors de violences sexuelles. Les viols avec violence aggravée sont malheureusement des pratiques courantes dans certains pays, notamment les pays en conflit où le viol est utilisé comme arme de guerre.
Le pays le plus connu pour ces atrocités est la République Démocratique du Congo. En 2003, des milliers de femmes en RDC ont demandé un traitement contre la « fistule traumatique » causée par les viols collectifs systématiques qui eurent lieu dans le pays. Il y eut tant de plaintes que la destruction du vagin est à présent considérée comme une blessure de guerre et les médecins la classent parmi les crimes de guerre.
LE TRAITEMENT DES FISTULES
Une opération chirurgicale peut réparer la lésion et les taux de succès atteignent 90 % pour les cas simples (pour les cas complexes, ceux où il reste peu de tissu à réparer, les taux de réussite sont d’environ 60 %). Le traitement de la fistule, comprenant l’intervention chirurgicale, les soins postopératoires et la rééducation, coûte 300 dollars. Un prix largement inaccessible pour la plupart des femmes atteintes de fistule génitale. Par ailleurs, les hôpitaux traitant les fistules sont souvent très éloignés des villages où vivent ces femmes et elles ne disposent d’aucun moyen de transport pour s’y rendre.
Depuis 2003, dans plus de 45 pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, 12 000 femmes seulement ont été soignées.
Non traitée, la fistule peut causer de nombreux ulcères et infections, des maladies rénales, voire la mort. Certaines femmes boivent le moins possible pour éviter les fuites d’urine et finissent par être déshydratées. D’autres sont incapables de marcher à cause des séquelles nerveuses au niveau de leurs jambes.
La semaine dernière, le gouvernement du Sénégal et la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ont mis en place un partenariat afin de prendre en charge les soins nécessaires pour les femmes victimes de fistules. Cette mesure permet de redonner espoir à celles qui souffrent de fistules, mais la véritable solution se trouve, bien entendu, dans la prévention.
COMMENT PREVENIR LES FISTULES OBSTETRICALES ?
Une des causes du grand nombre de complications liées à l’accouchement dans les pays pauvres et en voie de développement est le jeune âge des futures mères. Souvent mariées avant l’âge de 15 ans, les jeunes filles tombent enceintes à la puberté, à un âge où leur corps n’est pas encore prêt à subir une grossesse et un accouchement. Retarder l’âge du mariage et, par conséquent, l’âge de la première grossesse permet de réduire les risques lors de l’accouchement.
L’amélioration de l’accès aux soins obstétricaux est essentielle pour réduire les cas de fistules. Informer les femmes des pays concernés sur des sujets tels que les grossesses précoces, la planification des grossesses, l’éducation des filles est également une démarche importante.
Ces mesures font partie de la stratégie globale de l’UNFPA (Fond des Nations Unies pour les Populations) pour réduire les risques liés à la maternité.
La fistule obstétricale a longtemps existé en Europe et en Amérique du Nord. Heureusement pour nous, il y a plus de 100 ans qu’elle a disparu de nos contrées grâce à l’amélioration des soins obstétriques. Nous pouvons aider les pays encore touché par ce fléau à l’éradiquer et faire en sorte que chaque femme qui tombe enceinte ne risque pas de vivre ce cauchemar.
Photo : Picasa Larry’s galery