Frégates de Taïwan : les preuves nouvelles venues de Suisse...

par Philippe Vassé
jeudi 9 juin 2011

D'aucuns pouvaient croire le dossier des frégates de Taïwan, appelé en jargon juridique, «  le dossier des frégates Lafayette » enterré et terminé. Visiblement, cette assertion se fondait sur l'opinion selon laquelle la Justice taïwanaise ne serait pas trop curieuse dans ses recherches, à la fois sur le meurtre du capitaine Yin et sur les cas de corruption qui ont abouti à cet assassinat.

C'était sans compter sur la logique des contrats originels et l'apparente voracité financière de personnes à ce jour non-clairement identifiées, qui ont généré la continuation jusqu'à ce jour de contrats de maintenance et de fournitures de pièces de rechange et/ou d'équipements pour ces frégates de la Marine taïwanaise.

C'est en tout cas ce que révèle un des quotidiens les plus lus de Taïwan, l'United Daily News, en date du 7 juin 2011

Lien vers l'article explosif en mandarin :

http://udn.com/NEWS/NATIONAL/NAT1/6382711.shtml

et dont les informations ne peuvent qu'intéresser les millions de contribuables de France qui devront très probablement payer de leurs poches pour ces nouvelles dérives au bénéfice personnel de quelques personnes.

Il importe de dire ici publiquement que ces révélations venues d'Asie sont fortement dues à des attitudes jugées "méprisantes", voire "humiliantes" par des personnalités taïwanaises vivant en France et/ou liées à la France.

Le contrat « Père » et son généreux « petit BOA »

Selon donc les informations communiquées par la Justice suisse aux autorités de Taïwan, lesquelles s'appuient sur les découvertes des enquêteurs mandatés par les juges helvètes, depuis 1996, en application d'accords commerciaux signés à cette époque, des commissions occultes auraient représenté 15% des montants des versements de la Marine taïwanaise à la DCNI pour la fourniture de pièces de rechange, la maintenance des navires et la mise à jour de leurs équipements.
 
Ces commissions occultes seraient, selon la Justice suisse, incluses de facto dans les contrats initiaux passés avec la Marine taïwanaise en 1996.
 
Un proche du dossier commente la situation avec cette image :
 
« il y a un contrat "père" (originel) et les suites qui y sont attachées- comme les contrats de maintenance- se réfèrent aux clauses du contrat "père". De la sorte, les scories du contrat originel se perpétuent et "mouillent" ainsi ( à leur insu ?) les responsables locaux subalternes chargés de ce contrat » ;
 
Les résultats des enquêteurs suisses attestent la logique énoncée par notre source et précisent les pourcentages : le contrat « Père » comptait, si l'on peut dire ainsi, 18% de commissions occultes (commissions légales à l'époque et rétro-commissions), alors que le contrat « enfant » (maintenance, pièces et équipements mis à jour) n'inclut plus que 15% de commissions occultes !
 
Le problème est double : si les rétro-commissions illégales, dont la Justice française n'a toujours pas identifié, 22 ans après le début des faits, les identités des bénéficiaires, a valu à l'Etat français une condamnation globale à rembourser à Taïwan 1 milliard d'euros (4 mai 2010), ces découvertes récentes des policiers suisses démontrent que le système condamné s'est perpétué jusqu'à aujourd'hui !!! Et ce en toute infraction à toutes les lois, tant françaises qu'internationales !
 
 
Taïwan attaque la DCNI et exige que son argent parti en commissions occultes lui soit rendu

La Marine taïwanaise, informée de ces faits attestés par des montagnes de documents venus de Suisse, dont la liste de 80 comptes bancaires identifiés gérés par Andrew Wang et sa famille, a dépose plainte contre....la DCNI auprès de la Chambre Internationale de Commerce.
 
La procédure devant cette instance a officiellement débuté en avril 2011.
 
La Marine taïwanaise s'activant depuis lors afin de présenter toutes les preuves sur les commissions occultes liés au contrat de 1996 avec la DCNI..
 
Attitude logique et naturelle de tout volé contre son voleur, dès lors que la victime dispose des preuves qui indiquent que le voleur est identifié et que ses délits sont avérés....par un contrat écrit qui enfreignait la loi.
 
La Marine taïwanaise exige ainsi de la DCNI le remboursement des montants totaux des commissions occultes depuis 1996.

Ce document est précis et limpide : ses initiales sont BOA pour les mots anglais « Buyer Ordering Agreement », en français Convention d'Ordre d'Achat ». Ce document est signé d'un côté, pour la France par la DCNI (Direction des Chantiers Navals Internatiale), et pour la partie taïwanaise, par la Marine de guerre de cet Etat.
 
Eclairons des aspects très intéressants du dossier avec des éléments fournis par nos sourcs taïwanaises et auxquels nous avons pu avoir accès, à savoir le fameux BOA.
 
Dans le texte de ce dernier, il est spécifié que le matériel, pièces détachées, munitions, outillage de maintenance est stocké à Taïwan pour toutes les frégates selon un calendrier d'usage et d'usure de 2 ans et demi. Chaque frégate en mer emporte à son bord les fournitures pour 90 jours d'autonomie suivant ce plan technique.
 
Dit en langage commun : Taïwan doit avoir en permanence dans ses stocks achetés, selon le contrat BOA, 2 ans et demi de fournitures de tous types par avance !!! Le tout avec un prix de vente accru illicitement de 15% pour payer des commissions occultes.
 
Et, maintenant, la cerise sur le gâteau : la Marine taïwanaise calcule depuis deux mois l'addition à présenter à la DCNI, en fait, à l'Etat français, pour ce contrat BOA. On devrait être fixé sur ce montant vers la fin 2011.
 
La plus grosse cerise posée sur la cerise du dessous est que, plus de 18 ans après le meurtre du capitaine Yin, dont un ressortissant français- brusquement décédé peu après au Japon- a été accusé par les enquêteurs taïwanais ; après 18 ans de mensonges, de procès mal orientés, de camouflage de la vérité, selon la Justice suisse et ce que relate publiquement le journal taïwanais UDN, Andrew Wang continuerait donc, en toute impunité, à faire circuler des commissions occultes vers de mystérieux bénéficiaires, avec la complicité, selon la Marine taïwanaise et la Justice suisse, de la DCNI !
 
L'affaire des frégates de Taïwan continue donc.
 
Voilà qui devrait permettre à des juges français de rouvrir les dossiers
- puisque les filiations juridiques et logiques des contrats successifs sont manifestes,
- puisque que les mêmes acteurs continuent les mêmes dérives délictueuses au mépris public ostentatoire de la Justice.
 
Quant aux médias français, il serait urgent qu'ils cessent de faire le silence sur les informations prouvées venant de Suisse via Taïwan, attestant de réseaux de corruption anciens toujours en activité A CE JOUR, en toute impunité.
 
Cet article est rédigé pour contribuer à ce que plus personne ne puisse dire en France qu'il ignorait que la corruption née de la vente de frégates à Taïwan continue aujourd'hui.
 
La vérité sera dite, toute la vérité, rien que la vérité......sur celles et ceux qui voudraient faire payer LEUR DETTE COLOSSALE à des millions de citoyens de ce pays pour éviter de rendre l'argent qu'ils ont volé à un Etat tiers en toute illégalité.
 
En conclusion qui peut faire rire largement sur les compétences de la DCNI et de certains hauts responsables de l'Etat, cette information qui ne s'invente pas tant elle serait, non avérée par la Justice suisse, proprement incroyable :
 
La DCNI a versé les sommes des commissions occultes SUR LES COMPTES SUISSES GELES d'Andrew Wang, fournissant en même temps les preuves irréfutables et répétées de ses actes fautufs, mais empêchant aussi le destinataire de les transférer aux bénéficiaires finaux.
 
Autrement dit, la DCNI, selon la Justice suisse, a versé elle-même l'argent volé à Taïwan sur des comptes gelés, prouvant ses délits, mais sans profit pour les réseaux de la corruption.
 
Une telle initiative qui fait immanquablement penser aux pieds nickelés va faire rire le public, mais pas les destinataires prévus ainsi privés de leurs ressources indues.
 
Et si cette immense affaire de corruption finissait dans un colossal ridicule visant corrupteurs et corrompus.....

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