Gaza en sang et en feu ... Une guerre dévastatrice dans un seul et unique sens ?

Baptisée « Plomb durci », l’opération de l’armée israélienne contre la Bande de Gaza, s’intensifie de puis quatre jours maintenant. La population de Gaza est sous le feu massif et sans merci de l’aviation israélienne, particulièrement celle des F-16. Le bilan est lourd très lourd. Plus de 380 victimes, dont 170 civiles : 9 femmes, et 40 enfants et plus de 1700 blessés[1]. Cette offensive est la plus meurtrière sur ce minuscule territoire d’environ 350km2, surpeuplé de plus d’1.5 million d’habitants.

L’aviation israélienne a beau cibler ses tirs sur le Hamas mais, elle a pilonné la bande de Gaza, et aucun site n’a été épargné : des sites militaires et administratifs du Hamas, établissements scolaires, maisons, centrale électrique, mosquées, hôpitaux, port…. Gaza est devenue un champ de bataille ouvert sur les scènes les plus chaotiques.
 

Le Hamas a riposté en tirant plusieurs dizaines de roquettes sur les villes frontières israéliennes, particulièrement, Ashkelon et Netivot. Ces roquettes artisanales ont fait 4 morts et plusieurs blessés civils. Les brigades militaires du Hamas, font profile bas devant les F-16, sachant que l’armée israélienne ne s’est pas encore aventurée sur le terrain, pour le moment, afin d’épargner ses soldats. Il s’avère que L’Etat Major hébreu a retenu la leçon de la guerre de l’été 2006, contre les combattants du Hezbollah libanais. 
 

Cela serait d’une naïveté inouïe, de se contenter de la version israélienne officielle, pour les raisons réelles de cette offensive meurtrière. Au début, Israël a juré que ceci n’est qu’une riposte contre les roquettes du Hamas, puis les officiels du gouvernement israélien, au fur et à mesure de ces attaques, ont expliqué et explicité davantage les vrais motifs de cette opération d’envergure. Trois jours après ces raids, Haïm Ramon, vice-Premier ministre israélien, a assuré que « Le but de l’opération est de faire tomber le régime du Hamas ». L’Autorité Palestinienne, de Mahmoud Abass, doit apprécier l’initiative.
 

Revenant d’abord sur les deux derniers jours qui ont précédé l’offensive israélienne. La ministre israélienne des affaires étrangères Tsipi Livni, -selon la presse israélienne-, avait reçu l’aval de l’Egypte pour mener ces attaques. « Trop c’est trop, la situation va changer », a-t’elle tancé, lors de son entretien, jeudi dernier, avec le président Hosni Moubarak. Et il semble que le Hamas aurait été pris par surprise et n’avait pas prix au sérieux les menaces proférées. Du coup, aujourd’hui, plusieurs analystes affirment que l’Egypte a essentiellement, une main dans cette attaque. Le Président égyptien est connu pour son hostilité contre le Hamas. Rappelant que l’Egypte refuse toujours l’ouverture du passage de Rafah, en exigeant que le passage soit contrôlé par l’Autorité Palestinienne et celle des observateurs internationaux. 

La trêve signée entre le Hamas et Israël, a été d’une durée de 6 mois et vient de s’achever il y a quelques semaines. ( du 19 juin au 19 décembre). Celle-ci exigeait, trois points primordiaux : un cessez le feu des deux cotés, la levée du blocus sur Gaza, et l’ouverture du passage de Rafah par les autorités égyptiennes. Or, selon Alain Gresh, un spécialiste du Moyen Orient, l’Etat hébreu n’a jamais respecté cette trêve. « Non seulement Israël a violé l’accord du cessez le feu, en lançant une attaque qui a tué plusieurs palestiniens le 4 novembre, mais les points de passages n’ont été rouverts que très partiellement ». Du coup, les roquettes ont repris après cette offensive israélienne du 4 novembre, mais jamais avant. Ceci n’est pas de la fiction, ni de la désinformation mais le confirme aussi , Gush Shalom, un pacifiste et activiste israélien, « C’est l’Etat d’Israël qui a rompu la trêve, lors de l’attaque du « Tunnel à retardement », le soir de l’élection du Président des Etats-Unis. Depuis lors, l’armée n’a pas cessé d’alimenter les flammes de l’escalade, par des raids et des tueries soigneusement calculés, à chaque fois diminuaient les tirs de roquettes sur Israël ». Au moins, les choses sont claires, cette affirmation venant de la bouche d’un israélien, vivant en Israël.
 

Ce blocus quasi-total sur tous les niveaux, de la bande de Gaza a rendu la situation insupportable et explosive pour « une population affamée, et assiégée », depuis plus de un an et demi selon les termes de l’UNRWA . « Gaza est confrontée à une catastrophe humanitaire jamais vue depuis 1967, en empêchant l’aide humanitaire, et bloquant les points de passage par Israël » avait affirmé Karen AbuZayd, Commissaire générale de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le 22 novembre dernier. Israël avait cru qu’on affamant la population du Gaza, cette dernière allait se révolter contre le Hamas pour s’en débarrasser. Or, le résultat fut totalement le contraire. La population Gazaoui ne cesse de soutenir le Hamas. Du coup, la déception israélienne et américaine ont été grandes, à cause d’une stratégie de « punition collective », de toute une population, et qui a réussi à les affamer mais pas à les soumettre.
 

De plus, il ne faut pas négliger les enjeux électoraux, de cette offensive israélienne. Il semblerait que les candidats sont à court de programmes, pour l’élection législative anticipée, prévues en février 2009, et veulent gagner des voix à tout prix. L’actuel ministre de la défense, Yehud Barak avait annoncé qu’il arrête sa campagne électorale pour se consacrer à l’offensive israélienne sur Gaza !. S’il s’avère que cette thèse est vraie, cela sera promptement scandaleux et cynique de vouloir gagner les élections, par un bain de sang versé par des innocents et par la destruction organisée de Gaza.
 

L’armée israélienne dite « invincible » , qui a gagné toutes ses guerres contre les armées arabes réunies, en 1948, 1956 et en 1967 ne l’est plus, selon les sondages d’opinion israélienne, depuis son échec contre les combattants du Hezbollah libanais, lors de la guerre de l’été 2006. Cette escalade militaire de l’aviation israélienne, a pour but, de redorer le blason du Tsahal. Le rapport Winograd, qui enquêtait sur les raisons de la « défaite » de l’armée israélienne contre le Hezbollah, avait conclu à un « grand et grave ratage…  », lors de cette guerre qui a duré 33 jours. Mais, est ce une victoire, une vraie, d’envoyer des milliers de tonnes de missiles aveuglément sur les têtes des innocents, par des F-16 ? . Je rappelle qu’en 8 ans de roquettes tirées par le Hamas, celles-ci ont fait 20 morts israéliens en tout. Rien qu’en première journée de l’offensive israélienne, du samedi, 270 palestiniens ont péri.

Selon l’éditorialiste Abde Bari Atouane, du journal « Alquds Alarabi », « Cette offensive n’a fait que renforcer la popularité du Hamas à Gaza en Cisjordanie et dans le Monde arabo-musulman »[2]. De surcroît, Cette attaque meurtrière a renforcé l’unité nationale entre l’Autorité Palestinienne et le Hamas qui se déchirent, dans une guerre fratricide depuis que le Hamas a remporté les élections législatives d’une façon démocratique. Ce mouvement islamiste est boycotté par la communauté internationale, par ce qu’il ne veut pas reconnaitre l’Etat d’ Israël, et à cause de ses relations étroites avec le Hezbollah, l’Iran et la Syrie.
 

Les images transmises en direct de ce «  massacre » ont enflammé le monde arabo-musulman, de Tanger à Jakarta. Et ceci, ne fait qu’attiser la haine contre Israël et les Etats-Unis. Des centaines de manifestations se sont répandues à travers le monde, exprimant la colère contre Israël et la compassion pour les palestiniens. Des slogans de vengeance ont été scandés et des drapeaux israéliens et américains et même égyptiens ont été brûlés. A titre d’exemple, Des députés jordaniens, qui exigent la fermeture de l’ambassade israélienne dans le Royaume, ont brûlé le drapeau israélien au sein de l’Assemblée Nationale. Des manifestants au Yemen, Iran, Maroc, Soudan… demandent l’ouverture des frontières pour rejoindre le Hamas pour le Jihad contre Israël.
 

Ces centaines de milliers de manifestants, ont d’abord épinglé leurs dirigeants, en les décrivant comme étant des « marionnettes », et des « traitres ». Le monde arabe est morcelé et divisé sur tous les niveaux. Ce dernier n’a jamais réussi a apporter ni proposer une solution juste et finale pour ce conflit qui perdure depuis plus de 60 ans. Plusieurs de ces tentatives de conciliations ont échoué, que ce soit au niveau inter palestinien, ou israélo-palestinien. La proposition phare, des Accords d’Annapolis, restent une lettre morte pour le moment et sera enterrée définitivement dès le départ de l’équipe de Bush dans quelques semaines de la Maison Blanche. En ce moment, La ligue arabe, ( 22 pays) est divisée plus que jamais, particulièrement, pour l’organisation d’un sommet extraordinaire ce vendredi à Doha. L’arabie Saoudite et l’Egypte sont contre, pour ne pas facher respectivement leurs amis américains et israéliens, d’autres exigent , des décision fermes, comme la proposition du Colonel Kadhafi, pour la création d’une force militaire arabe unie contre l’armée israélienne. L’Etat hébreu, ne doit pas s’inquiéter, des aboutissements de ce sommet , qui ne sera qu’une cérémonie rébarbative, pour calmer la colère des foules. Depuis un demi siècle, que La Ligue arabe convoque à chaque crise des sommets extraordinaires, quant aux décisions courageuses, restent d’une médiocrité affligeante !. Comme le dit si joliment, le penseur marocain, El Mehdi El Mendjra « La Ligue Arabe est affiliée directement au ministère des Affaires Etrangères Egyptien, et ce dernier lui-même, affilié à la Maison Blanche  ». Si seulement, ces chefs d’Etats arabes pouvaient rester chacun chez soi, en économisant les millions d’euros, prévus pour le voyage, pour les envoyer aux démunis dans la bande de Gaza. Et, le colonel Kadhafi, ne s’embêtera pas à planter sa tente pour une visite de deux jours !!. L’ironie de l’histoire que ce dictateur se vante du luxe d’une façon bédouine avec sa tente, alors, que les palestiniens qui ont perdu leurs maisons détruites par les missiles israéliens, ne trouvent même pas une tente en plastique, où dormir.
 

L’ONU, l’UE, la Russie, et l’ensemble de la communauté internationale demandent un « arrêt immédiat des violences », mais Israël reste muet à cela parce qu’il sait très bien que ces condamnations, n’ont aucunes conséquences concrètes. Le veto américain a toujours empêché des sanctions contre l’Etat hébreu. L’administration Bush, reste fidèle à son soutien inconditionnel à Israël, et « tient le Hamas pour responsables de cette offensive ». Selon Robert Fisk, un imminent spécialiste du conflit israélo-palestinien, dans une chronique aujourd’hui, dans le The Independent, assure que « Le fait que les Etats Unis, et Grande Bretagne aient échoué à condamné le massacre de Gaza, et portent le Hamas pour responsable de cela, n’est plus une chose surprenante. Parce que la politique des Etats Unis dans la région et celle d’Israël sont inséparables, l’une de l’autre ». [3] L’UE joue aux hypocrites et demande un cessez le feu pour 48 heures, au lieu de condamner fermement l’Etat hébreu.

En attendant, une décision courageuse, de la communauté internationale pour stopper ce massacre, les missiles des F-16 continueront à pleuvoir sur Gaza !. Gaza vit une fin d’année hivernale chaude et dévastatrice, en faisant de la « résistance », avec des roquettes contre des F-16. C’est un combat légitime et légal contre un occupant oppresseur !. Ces palestiniens ne viennent pas d’une autre planète, ils sont oppressés, et réprimés chez eux, et ceci perdure depuis 60 ans !. Et, ceux qui attendent Obama, pour trouver une solution miracle au conflit ; leur déception sera immense !.

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