Haïti : une école s’effondre
par maxdbh
mercredi 12 novembre 2008
Ce n’est qu’un « au revoir ». Vendredi 7 novembre 2009, nous sommes en République d’Haïti, en Amérique centrale. Heure ? Un peu plus de 10 heures du matin. C’est la cata... Soleil radieux, à coup sûr, un nouveau cyclone est venu frapper ce petit pays si riche de son histoire de première République noire indépendante du monde... Ce pays où des esclaves organisés, improvisant une armée indigène. Déjà en août et en septembre, quatre ouragans avaient frappé : Fay, Gustav, Hanna, Hicke faisant des centaines de morts, plus d’un million de sinistrés, dévastant maisons, plantations, écoles...
Ce 7 novembre un nouveau cyclone a frappé : une école, le collège de la Promesse évangélique, s’est effondrée, confisquant de ce fait la vie de nombreux élèves et de nombreux enseignants. Le bilan : plus de 90 victimes et plus de 150 blessés. La classe de terminale qui se situait au 3e étage n’a pas de survivant, il en est de même pour la 6e. Des enfants qui sont allés à l’école et qui entrent soit à la morgue ou à l’hôpital.
Le gouvernement haïtien aux abois a demandé l’aide internationale, des groupes de pompiers martiniquais, guadeloupéens et américains ont travaillé durant tout le week-end pour tenter de sauver des vies.
Des élèves sous les décombres ont réussi à appeler leurs parents pour faire savoir qu’ils étaient en vie. Pour certains survivants, on a dû amputer une partie de leur corps pour les retirer de cet enfer... C’est le cas de cette jeune fille à qui on a dû couper la jambe à l’improviste... Même des enfants en bas âge, de la maternelle, ont dû endurer cette apocalypse.
Le président de la République et le Premier ministre en ont profité pour défiler, une façon de se mettre en scène. « C’est indécent de la part de nos dirigeants, c’est quand la catastrophe arrive qu’ils en profitent pour faire un show médiatique », commentait un journaliste lundi matin. Sur une autre station, c’était un autre journaliste qui déplorait la mort de son cousin : « On dormait sur le même lit, il était en 4e année à l’Ecole normale... Il était professeur, il aimait le football, ce vendredi matin on parlait même du F.C. Barcelone ». Dans un autre communiqué, un volontaire qui dirige une équipe de « sauveteur » et qui habite dans la zone et qui travaille d’arrache-pied depuis vendredi, il s’appelle Ronaldo : « nous sommes jeunes et nous pouvons travailler... Hélas c’est seulement quand ce drame intervient que l’on voit notre utilité [...] Je suis diplômé en électricité. »
Cette année 2008 aura été très tragique pour Haïti : en juin la mort de quatre musiciens dans un accident de voiture, en août et septembre, les ouragans et, là, en novembre, la mort de ces enfants. Le tout sur fond de crise sociale...
Ce petit pays proche des Etats-Unis, d’ailleurs qui avait envoyé des « esclaves » lutter pendant la guerre d’Indépendance des Etats-Unis, contraste avec son voisin, le pays le plus riche. Il n’y a même pas les infrastructures nécessaires et il n’existe pas de plan réel de coopération avec la communauté internationale. En avril, près d’une dizaine de personnes mouraient de faim en province. Durant la dernière Assemblée générale des Nations unies, le président Préval avait bien noté que : « Les pays amis d’Haïti lui font la charité, ce n’est pas ce dont elle a besoin aujourd’hui, elle a besoin d’un vrai plan de coopération ». « Il n’y a pas d’argent », lui a-t-on répondu quand il a fait un appel d’aide pour les sinistrés des récents cyclones. Et... moins d’un mois après, des milliards se débloquaient pour « sauver l’économie » de ces pays, les mêmes qui l’ont colonisé, ont exploité son territoire, les mêmes qui l’ont obligé à payer pour son indépendance comme si le sang versé ne suffisait pas, quelle France... c’est ça la civilisation ? Et les Etats-Unis qui ont occupé militairement ce pays à maintes reprises... Ce sont là des amis ? On peut dépenser des milliards pour sauver le système... Et quel système ? On ne fait que mettre de l’argent en plus dans le système déjà devenu fou. Les vrais problèmes demeurent. En même temps, les lois sur l’immigration se durcissent en Europe. Le FMI a dévoilé que les transferts d’argent dans les pays du Sud aidaient à l’économie de ces pays et constituaient des fonds disponibles pour investir. Cette Europe sous présidence française, disons mieux sous présidence sarkozyste, claque la porte à ces gens... qui ne sont pas malveillants. Et on fête la victoire de Barack Obama ?
Ce bal des hypocrites doit cesser... Oui, un nouveau monde est possible, mais je doute de plus en plus que cette équipe qui confisque le monde ne soit pas à la hauteur de ce changement.
Merci
Max JEAN-LOUIS
Gouverneur général de l’Association Jeunesse Excalibur, Haïti
Membre du Global Youth Action Network