Haro sur Vladimir Poutine
par filo...
vendredi 10 avril 2015
Il est intéressant car il dresse un parallèle entre la propagande anti-russe et anti-Poutine consécutive au crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, le 17 juillet dernier, et la propagande médiatique qui a précédé et suivi la destruction de la Yougoslavie.
C’est du pareil au même et vous pourrez le constater vous même en le lisant. Les Américains, et les Occidentaux en général, n’inventent rien de nouveau. Pire, ils ne changent même pas une virgule : ils ne font que répéter le même refrain comme un vieux disque enrayé. Pathétique…
Filo...
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La Russie, avant même le début de l’enquête qui devrait déterminer les raisons et le coupable de la mort de 298 passagers et membres d’équipage, a été déclarée responsable et son président a été satanisé comme aux pires moments de la guerre froide.
Vladimir Poutine
Presque quotidiennement, l’espace médiatique occidental compare le Président russe Vladimir Poutine à Hitler, et cela surtout depuis le crash de l’avion malaisien sur le territoire sous contrôle des pro-russes. Comme au plus fort de la guerre froide, les médias et les hommes politiques occidentaux propagent une véritable hystérie anti-russe en satanisant et en rendant personnellement responsable Vladimir Poutine.
Le haro contre Poutine est d’une intensité qui ne serait guère différente s’il était à la tête des bolcheviques, il y a de ça quelques décennies, avant la chute de mur. Certains hommes politique occidentaux n’hésitent pas à dire que cette fois-ci, il a vraiment dépassé les bornes. Les tabloïds titrent, l’un « Poutine a tué mon fils », et un autre « Les terroristes de Poutine ont tué deux familles britanniques ». Pendant ce temps-là, des journaux sérieux (ou prétendus tels) veulent savoir quand les USA vont enfin punir Poutine.
Il est important de souligner que concernant cette tragédie, seuls quelques éléments sont connus avec certitude, par exemple que l’avion est tombé d’une altitude de 10.000 m. Qu’il était dans la partie du ciel sous contrôle de Kiev et non dans le ciel de Moscou. Quant à l’épave, elle se trouve sur le territoire de la République autoproclamée de Donetsk. Les deux boites noires ont été confiées aux autorités malaisiennes, les corps des victimes ont été amenés par train jusqu’à Karkov et ensuite, par avion, jusqu’en Hollande, pour qu’il soit procédé à des autopsies.
L’américain John Kerry a affirmé que la Russie est certainement mêlée de près à cette affaire, car « les ivrognes » pro-russes ne sont pas capables d’utiliser des armes si sophistiquées. Dans les médias occidentaux est apparue une vidéo montrant ce qu’on disait être un système « Buk » en train de quitter le territoire ukrainien.
Moscou affirme qu’au moment du crash, un satellite américain était au-dessus de la zone et elle a demandé aux Américains de publier les images prises au moment du crash. Pendant ce temps, la Maison Blanche continue d’affirmer que les preuves contre Moscou s’accumulent, sans pour autant en publier une quelconque.
On exige de Vladimir Poutine qu’il fasse pression sur les séparatistes pro-russes pour qu’ils arrêtent de perturber et d’empêcher les enquêteurs de faire leur travail, on ne ne demande pas à Kiev d’arrêter son offensive dans la zone où se trouve l’épave de l’avion, en vue de faciliter la tâche aux enquêteurs.
Les occidentaux vont même jusqu’à accuser les pro-russes d’avoir traité les corps de manière « grotesque », mais sans dire ce qu’ils auraient pu faire de plus pour ces malheureuses victimes que de les conserver dans des wagons frigorifiques. Washington et l’Union européenne appellent Moscou à cesser tout aide aux séparatistes et, pendant ce temps-là, ils ne demandent même pas à Kiev de publier un compte-rendu du vol MH-17.
Aux affirmations russes selon lesquelles le système de défense balistique ukrainien était en fonction au moment du crash et qu’à proximité de l’avion malaisien se trouvait un avion militaire ukrainien, Kiev rétorque avec des accusations qualifiant Poutine et les séparatistes de « fascistes » : ainsi le Premier ministre Arseni Iatseniouk déclare que Poutine est un « guerrier qui pactise avec le Diable » et l’ancien ambassadeur britannique à Belgrade, Charles Crawford, déclare même que ce comportement russe est en dessous de tout ce qui est normal et honorable.
Tragique ironie du sort au cœur de cette nouvelle guerre froide, c’est la même Malaysian Airlines, dont un avion a disparu sans laisser de trace, en mars dernier, lors d’un vol Kuala Lumpur-Pekin. Même cinq mois plus tard, on ne sait toujours rien sur cette disparition, tandis que pour l’accident en Ukraine, l’Occident prétend tout savoir, vraisemblablement obsédé par son désir de régler les comptes avec Moscou.
La palme dans cette escalade d’une nouvelle guerre froide revient à Carl Bildt, le ministre des Affaires étrangères suédois, lorsqu’il déclare qu’il fallait s’attendre à ce que la Russie nie sa responsabilité, de la même façon que les dirigeants soviétiques avaient tout réfuté à propos de l’avion sud-coréen abattu par la chasse soviétique en 1983. Par contre ce que Bildt « oublie » de dire, c’est que les Américains ont reconnu que derrière cet avion se cachait RC-135, un avion espion américain. Ce même homme politique suédois était déjà très actif et en première ligne dans la propagande anti-serbe et anti-yougoslave. Comme quoi…
Dans « The Telegraf », le maire de Londres, Boris Johnson, fait le rapprochement avec un événement précédent, l’accident de l’avion iranien abattu par les Américains en 1988, causant la mort de 290 passagers et membres d’équipage. Il trouve terrible que Poutine, non seulement ne reconnaisse pas sa faute, mais en plus qu’il accuse Kiev. Et Johnson de rappeler qu’après cette faute de l’armée américaine avec l’avion iranien, il y a 16 ans de cela, non seulement les Américains ne se sont pas excusés auprès de Téhéran, mais qu’en plus le capitaine de bateau de guerre d’où est parti le coup a reçu une décoration, la médaille de Gouvernement américain.
Les pressions sur la Serbie augmentent
A cause de la détérioration des relations entre Moscou et l’Occident, il fallait s’attendre à ce que des pressions soient exercées sur la Serbie. Depuis longtemps, l’Union européenne a exigé que la Serbie coordonne sa politique étrangère avec celle de Bruxelles et quelle condamne l’annexion de la Crimée par la Russie, ainsi que le soutien que celle-ci accorde aux séparatistes.
Federica Mogherini, la Ministre des Affaires étrangères italienne, et la candidate la mieux placée à l’Union européenne pour le poste de Catherine Ashton [Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, NdT], avait pour mission, lors de sa prochaine visite à Belgrade de demander avec insistance que la Serbie se plie aux delandes qui lui étaient faites !
Les séparatistes et les combattants pour la liberté
En Serbie, les lecteurs gardent de vifs souvenirs des années 90 et de la campagne médiatique anti-serbe. Pour cette raison, j’attire leur attention sur le langage que les politiciens et les médias occidentaux utilisent actuellement lors des récents événements ukrainiens, car c’est du pareil au même que le langage qui était utilisé à l’époque contre les Serbes.
Lorsqu’ils accusent les pro-russes à Donetsk et Lougansk d’être responsables de la tragédie qui s’est produite dans le ciel au-dessus de l’Est ukrainien, ils les appellent « des séparatistes » et « des terroristes », qui, selon eux, ne respectent pas l’intégrité de l’Ukraine.
On notera la grande différence de langage par rapport aux bandes armées d’Albanais au Kosovo, que les occidentaux avaient surnommés les « combattants pour la liberté ».
Ainsi, quand l’UE et les USA exigent que la minorité russe en Ukraine soit intégrée à l’État ukrainien, ils font le contraire de ce qu’il ont fait avec la minorité albanaise en Serbie, puis qu’il prônaient alors le séparatisme.
Ce double standard [notion qui permet d'expliquer les différences d'appréciation des conduites en fonction de l'appartenance de leur auteur à une catégorie, NdT] est ainsi mis par écrit par le britannique Timothy Garton Ash, professeur en études européennes à l’Université d’Oxford. Il critique Poutine de se sentir responsable pour la minorité russe hors de la Russie et de vouloir protéger leurs droits.
Et il faut se souvenir de « l’ingérence humanitaire » de Bernard Kouchner, qui avait été suivie en 1999 par l’intervention de l’Otan et justifiée par les Occidentaux comme le devoir de protéger les Albanais au Kosovo.
Les citoyens serbes peuvent ainsi faire le parallèle entre les événements d’aujourd’hui et leur histoire récente.
Rappelons-nous du diplomate américain William Voker, qui affirma avec certitude que les victimes de Racak [massacre de 45 albanais du Kosovo, le 15 janvier 1999, NdT] avaient été toutes tuées d’une balle dans la nuque et à bout portant. Plus tard, l’équipe finlandaise des médecins légistes, dont Helena Ranta faisait partie, a déterminé qu’aucune des victimes n’avait été tuée d’une balle dans la nuque. Or « la communauté internationale » n’a même pas mentionné cette constatation. Bien au contraire, elle s’est empressée de sataniser les Serbes en les accusant d’horribles crimes.
Et quelle similitude avec Victor Ianoukovytch, accusé l’hiver dernier par l’Union européenne d’avoir ordonné les tirs des snipers contre des manifestants sur la place Maidan. Après que les preuves accablantes sont apparues, ainsi que l’enregistrement de la conversation entre Catherine Ashton et Urmas Paet, le ministre des Affaires étrangères de l’Estonie, laissant entendre que les snipers ayant tiré sur les manifestations étaient sous les ordres des « pro-européens ». Catherine Ashton a promis de former une commission d’enquête, mais, à ce jour, nul ne sait si cette commission a été formée et ce qu’elle a conclu !
Jelena Stevanovic
Publié dans « Politika », journal de Belgrade le 23/07/2014
Traduit par Filo pour AgoraVox – Avril 2015
Source : Лов на Путина
Images : Google