Hollande coincé par les hésitations de Obama
par chelovek
lundi 2 septembre 2013
Hollande a été élu avec 51,64 % des voix des électeurs. Il tire sa légitimité de ce nombre d’électeurs supérieur à la moitié des votants de 1,64 %.
Un sondage n’est pas un vote. Les sondages sont des photos miniatures du peuple français.
À cause du grossissement qu’il faut réaliser pour compenser cette miniaturisation et à cause des erreurs possibles, commises par l’institut d’opinion lors de la construction du panel, il faut corriger les résulats des enquêtes par un facteur d’erreur d’environ plus ou moins 3 % à 5 %.
Or l’opinion des Français est massivement contre l’agression contre la Syrie à plus de 65 % ! Cette opinion a donc plus de légitimité que celle dont est issu le président de la République actuelle.
Et, c’est avec un tel manque de légitimité que Hollande insiste pour engager la France dans une guerre injuste que le peuple ne veut pas.
On sait par ailleurs, que les conditions qu’il invoque pour se lancer dans cette aventure sont le résultat de ses initiatives : son gouvernement a créé, soutenu politiquement et militairement, armé, conseillé les rebelles anti-Assad.
Ce soutien multiforme a été maintes fois proclamé comme étant l’exigence du Président Hollande et de son ministre des affaires étrangères, Monsieur Fabius pour le « départ dans quelques semaines » du président Assad, reçu deux années auparavant comme invité d’honneur de la République Française, lors du défilé du 14 juillet.
Ce soutien a échoué « au bout de quelques semaines » et il a été maintenu en faveur des rebelles pendant deux ans ; il fut renforcé au point de leur donner des capacités électroniques sophistiquées, des capacités d’artillerie et d’attaques chimiques.
La France porte ainsi la responsabilité d’une partie non négligeable des 100 000 morts syriens : au moins un quart, voire un tiers des victimes sont le faits des terroristes dont on a vu qu’ils peuvent à l’occasion manger le cœur d’un mort devant une caméra ! Et la France a créée et encadré les auteurs de ces crimes.
Oui, le gouvernement français, son président et son ministre des affaires étrangères (dont le nom a été maintes fois cité par la presse dans l’affaire du sang contaminé – plusieurs centaines de décès de Français en relation avec le business de l’affaire du sang contaminé) portent la responsabilité morale pour au moins vingt cinq mille ou trente mille victimes syriennes.
Et voilà que le gouvernement français s’émeut de mille victimes qui viennent s’ajouter aux cent mille précédentes !
On nous répond : « mais cette fois-ci, il y a eu usage d’arme chimique ». Cela n’a pas gêné les gouvernements occidentaux que Saddam utilise les armes chimiques contre l’Iran. Les gouvernements occidentaux n’ont pas protesté que cela quand il a gazé son propre peuple kurde. Au contraire, on lui a envoyé les produits nécessaires. On lui a même « prêté », avec nos pilotes, les avions neufs qui devaient normalement équiper l’armée française.
Dans ce conflit, Hollande a fait de la République Française l’alliée de guerre des monarchies les plus rétrogrades de la planète qui s’entichaient d’installer la démocratie en Tunisie, en Lybie, en Égypte et maintenant en Syrie, un pays laïc, multiconfessionnel, progressiste où des élections se déroulent régulièrement.
C’est ainsi que des millions ont été dépensés alors que la France souffre d’une grave crise économique, alors que de très nombreux Français de condition modeste souffrent de restrictions touchant au nécessaire. Ce sont des dizaines de milliards qui vont s’ajouter aux milliards dépensés en Lybie, puis au Mali.
On sait que dans le calcul, les budgets militaires sont minimisés en reportant des lignes de dépense effectuées vers d’autres chapitres : « entraînement des troupes » pour des projections de troupes, « renouvellement du matériel obsolète » pour remplacer le matériel détruit en mission opérationnelle, etc. Avec tout cela, il est admis que l’action militaire à l’étranger coûte au moins un milliard d’euro par an. C’est un expert socialiste qui l’a écrit dans un ouvrage de référence. Il ajoute qu’il n’a jamais été prouvé qu’il y avait un quelconque retour sur investissement sur cette dépense. Voilà donc de l’argent à utiliser pour les besoins domestiques urgents plutôt que pour occuper quelques légionnaires et généraux qui s’ennuient.
Ajoutons que l’agression projetée elle-même va a voir un certain prix : on considère qu’un missile coûte environ un million de dollar. Ajoutez encore le prix de l’heure de vol d’un avion de l’armée française. Ajouter le prix du déplacement, pendant au moins un mois, d’un porte-avion ou d’une petite flotte de vaisseaux militaires en Méditerranée orientale.
- nous avons un besoin urgent de cet argent en France, Monsieur le Président !
La France aurait dû rester neutre et réserver ses moyens pour rendre son industrie plus compétitive afin remporter les futurs marchés de la reconstruction de la Syrie… comme cela sera la cas pour la Suisse ou la Suède ou l’Italie ou l’Allemagne ou la Russie !
Les promesses de compensation des monarchies rétrogrades du golfe ne seront pas forcément tenues et les rafales qu’on espère leur vendre auraient été financièrement compétitifs si nous avions investi un peu plus dans notre industrie et donc dans la santé et la formation de notre population.
Tout le monde sait bien que ces monarchies de pacotille, ces rois à la mentalité de valets, qui roulent dans des voitures à la carrosserie en or ou au tableau de bord incrusté de diamants, donneront leur argent plus volontiers à leurs maîtres, les USA qui garantissent militairement leur existence.
L’insistance de Hollande pour participer à ce massacre de civils syriens annoncé a fait de la France le nouveau caniche des USA, selon la presse britannique.
On cherche les raisons de la précipitation de Hollande qui ne veut pas attendre la fin du rapport des experts et une décision adéquate du Conseil de Sécurité : il sait qu’il n’y aura pas de preuves objectives établissant que c’est l’armée syrienne qui a eu recours à des armes chimiques et non les rebelles. Pour le moment la seule preuve disponible et la déclaration qu’il y des « écoutes clandestines US » qui le confirment – un gros canular comme on n’en fait pas dans les cours de récréations. Et ils n’ont même pas produit ces écoutes que personnes ne croira parce qu’il n’y a rien de plus facile à fabriquer en studio.
Le premier ministre britannique a dû le reconnaître devant ses parlementaires : « il n’y a pas de preuves et il n’y en aura pas » ; il agissait par conviction personnelle : les parlementaires ont dit : « alors on arrête tout ».
Mais ce soir, samedi31 août, on vient d’apprendre que Obama veut consulter le Congrès et donc reporter toute décision à après le 9 septembre. Dans un cadre constitutionnel analogue (il n’est pas obligé de demander l’autorisation), il a donc plus de considération pour ses parlementaires que Monsieur Hollande.
Comme on ne peut pas imaginer Hollande, « le nouveau caniche » selon la presse britannique, partir à l’attaque d’un pays souverain, la Syrie sans son mentor Obama, alors on attend les contorsions verbales de notre Président quand il va nous expliquer que… finalement, lui aussi va consulter le parlement… et lui aussi va attendre le 9 septembre… et bientôt, qu’il faudra attendre le rapport des experts…
Cette aventure politique a causé des dégâts très lourds à la Syrie au profit d’Israël dont Monsieur Hollande et Monsieur Fabius sont des suppôts fidèles très remarqués lors des réunions annuelles du CRIF.
Mais, comme on l’a vu, cette attitude de matamore a beaucoup coûté au contribuable français à un moment où tout le monde se serre la ceinture et surtout les plus nécessiteux confrontés à une inflation rampante et à des restriction des budgets sociaux.
Le plus grave, c’est que maintenant, que Monsieur Hollande aille faire couler le sang des innocents ou non, il a définitivement discrédité la voix de la France dans le monde.
- S’il y va, il n’a aucune preuve à montrer au monde. Il sera considéré comme un chien de guerre de l’impérialisme dont le calendrier est fixé par les USA.
- S’il n’y va pas, les critiques diront qu’il est velléitaire, qu’il s’est lancé dans une guerre dont il n’avait pas les moyens : l’armée français en meut que tirer de loin ses missiles de croisière, bombarder quelques cibles, elle ne pourra pas occuper le terrain.
La France est donc définitivement discréditée par cette politique à la petite semaine (« Monsieur Assad devra quitter le pouvoir dans les deux semaines à venir ; nous sommes prêts à lui trouver un pays d’asile »)
Si mes informations sont justes, Assad n’utilise que trois divisions de son armée contre les rebelles. Il garderait en réserve douze autres divisions en prévision d’un conflit international. Et si celui-ci devait se déclencher, il n’aura plus de raison de garder les gants ; il va nettoyer férocement les zones occupées par les rebelles. Et personne ne pourra plus rien pour eux et il n’y aura plus de conférence de conciliation inter-syrienne, Genève 2.
Dans tous les cas, l’impérialisme a remporté une victoire et pas des moindres : il a affaibli un adversaire sérieux d’Israël en détruisant partiellement ses infrastructures et son industrie. Et en plus la Syrie, n’a pas encore fini sa guerre civile. Mais si on laisse le peuple syrien régler lui-même ses affaire, il en sortira grandi et plus fort encore.
On cherche la logique, la cohérence dans tout cela.
La seule qui se présente à l’esprit, c’est l’imprégnation du gouvernement et d’une certaine élite par l’idéologie coloniale. C’est le post-colonialisme. Le ministre polonais l’a bien affirmé hier au journal Le Monde (voir mon papier publié hier). Cela explique aussi le lien qui ressort de l’interview présidentielle au même quotidien Le Monde : à la question de savoir si une loi est nécessaire pour interdire l’université aux jeunes femmes musulmanes qui portent le voile, il répond que cela n’est pas nécessaire puisque qu’avec les lois actuelles, on peut arriver au même résultat. À première vue, cela est progressiste et tolérant. Non ! cela ne l’est pas.
Au lieu de protester contre cette idée scandaleuse qui voudrait que des personnes (même des députés) interdisent une manière de s’habiller à des personnes identifiées par leur religion et souvent plus instruites qu’elles-mêmes (ces étudiantes ont parfois des doctorats !), il répond que l’idée de contraindre l’Islam est une bonne idée, mais qu’on peut y arriver sans recourir à une nouvelle loi. Il valide l’islamophobie étatique.
Cela va dans le sens des déclarations islamophobes fracassantes de son ministre de l’Intérieur quand il se pose la question de la compatibilité de l’Islam avec la démocratie. Dans un pays démocratique, ce ministre de tradition familiale franquiste et frénétiquement pro-sioniste (= pro-colonialiste) aurait dû être remercié. Non seulement il ne l’est pas, mais de façon tacite, le président de la République conforte les pratiques et l’idéologie ségrégationniste qui cible les Français originaires des colonies.
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Et quel est le fond de toute idéologie ségrégationniste, de l’islamophobie ?
- C’est l’exploitation des classes les plus modestes, la volonté de ne pas leur donner accès aux bienfaits de la République et de les faire trimer pour les classes dominantes sans aucun espoir d’ascension sociale.
La politique intérieure et la politique étrangère du Président Hollande sont en cohérence.
C’est pout toutes ces raisons que le comportement du gouvernement rencontre la désapprobation claire et nette du peuple français. Et le peuple le fera savoir au Parti socialiste, lors des élections municipales à venir et à Monsieur Hollande lors de la future élection présidentielle.
Il y a un tel abîme entre les propos généraux et la pratique politique ! à force d’accumuler les mensonges, il devient difficile d’embrouiller les électeurs.
chelovek