Il faut sauver le Président Obama !
par Nicolas Jullien
samedi 27 décembre 2008
Tout le monde le sait : le futur président américain, Barack Obama sera très menacé du fait de ce qu’il représente en tant que premier président noir des Etats-Unis. Quels sont les moyens mis en œuvre pour sauver Obama d’un assassinat annoncé ?
Il y a 45 ans, le 22 novembre 1963 : tout le monde a vu et se souvient de ces images, qu’il était déjà né ou non à cette époque : le président des Etats-Unis d’Amérique John F. Kennedy est assassiné à 46 ans à Dallas par un sniper. Une émotion immense empara les USA et le monde après cette mort tragique, portant le 35è président américain au rang de mythe.
Aujourd’hui, un autre président est déjà en train d’acquérir outre-Atlantique et dans le monde le rang de mythe : c’est le président élu Barack Obama. Des éloges dithyrambiques sont venus du monde entier en réaction à l’élection d’Obama, au point qu’on a pu parler de président du monde. Comme « JFK », Obama est un président jeune, charismatique et progressiste qui incarne l’espoir et le changement. Mais en plus, il est noir. De ce fait il est un symbole représentant une avancée décisive dans l’Histoire des Etats-Unis ; mais Barack Obama pourrait aussi être la cible d’extrémistes.
Or, bien que les Etats-Unis d’Amérique aient beaucoup évolué depuis un demi-siècle sur les questions d’égalité ethnique, il y a toujours des gens racistes, des cœurs remplis de haine prête à exploser dans le cas où un noir venait à être élu. Leur orgueil d’homme blanc et supérieur n’y résisterait sans doute pas et il leur faudrait l’éliminer.
Imaginez quel serait le retentissement d’un assassinat d’Obama ! C’est pourquoi cette menace est prise très au sérieux aux Etats-Unis. D’autant que l’Histoire du pays oblige le pays à la plus grande vigilance.
Imaginez quel serait le retentissement d’un assassinat d’Obama ! C’est pourquoi cette menace est prise très au sérieux aux Etats-Unis. D’autant que l’Histoire du pays oblige le pays à la plus grande vigilance.
En effet, Obama est désormais Président d’une nation qui a vu quatre de ses présidents assassinés dans l’exercice de ses fonctions (Abraham Lincoln en 1865, James A. Garfield en 1881, William McKinley en 1901 et John F. Kennedy), et qui compte 200 millions d’armes à feu en circulation responsables de 30000 morts par an. Ainsi alors que l’on entend partout qu’Obama risque plus que jamais pour un président de se faire assassiner, il est temps de mettre la lumière sur les moyens mis en oeuvre par les USA pour sauver leur nouveau président.
Tout d’abord, évoquons cette anecdote : début novembre, un célèbre astrologue de Bombay Bejan Daruwalla était inquiet. En effet, après avoir scruté l’horoscope entre avril 2010 et janvier 2011 du alors possible premier président noir américain, il prédit : « Obama est un Lion à 100% et les Lions sont des dirigeants-nés et dotés d’un charme exceptionnel. Mais Je vois sa vie en danger à compter du 5 avril 2010. Je vois une chance sur quatre de survie. Il doit faire extrêmement attention à sa sécurité et aux gens qui travaillent pour lui ».
Nous ne savons pas si les proches d’Obama ont eu écho de cette prédiction « astrologique », mais Obama, à peine élu, est bien un président sous haute surveillance.
Certains évènements récents nous rappellent que les américains n’ont pas tous évolué :
- Fin août, quatre personnes avaient été arrêtées à Denver en possession de fusils à lunette : après leur avoir prêté l’intention d’assassiner le démocrate lors de son discours d’investiture dans un stade de 80 000 places, l’accusation a été abandonnée faute de preuves.
- Dans le Kentucky, deux hommes avaient été inculpés le 30 octobre dernier. Ces derniers avaient pendu un mannequin à l’effigie du candidat démocrate à la Maison Blanche à un arbre du campus de l’Université de l’Etat. Un acte qui rappelle les nombreux lynchages qui ont eu lieu par le passé dans cet ancien Etat esclavagiste et qui est malheureusement loin d’être isolé.
- La semaine précédente, deux néo-nazis avaient été arrêtés dans le Tennessee. Ils avaient proféré des menaces de mort contre le sénateur dans le cadre d’un projet de tuerie raciste. Alors qu’ils projetaient d’assassiner le candidat démocrate, même si rien ne prouve pour l’instant qu’ils avaient les moyens de passer à l’acte. Selon une copie du procès-verbal, ils envisageaient de tuer 102 Noirs, avec pour but ultime de tenter d’"assassiner le candidat à la présidence Barack Obama".
Si Barack Obama est entré dans l’histoire comme le premier président noir de Etats-Unis, sa couleur de peau fait donc de lui une cible et représente un défi particulier pour les responsables de sa sécurité. La tâche sera difficile et nous pouvons penser qu’elle mobilisera beaucoup de ressources et nécessitera de nombreuses analyses en termes de tactique et de protection, pour garder une longueur d’avance sur ceux qui chercheraient à nuire au président.
Ainsi, c’est en réalité depuis mai 2007 déjà, qu’Obama et sa famille sont protégés 24 heures sur 24 par des équipes d’élite formées d’agents armés du Secret Service. Cela a fait de lui le candidat à la présidence le mieux protégé de l’Histoire des élections américaines !
Le United States Secret Service est une agence gouvernementale des États-Unis d’Amérique dépendante du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Il a été créé le 5 juillet 1865 à Washington D.C. pour combattre la contrefaçon de la monnaie. Il a donc été rattaché au Département du Trésor des États-Unis. Il évolua ensuite en la première agence fédérale de renseignement intérieure et de contre-espionnage. Beaucoup de ces missions furent par la suite reprises par des agences alors plus récemment créées comme le FBI notamment. Après l’assassinat du président William McKinley le 14 septembre 1901, le Congrès américain décida de confier la protection du président au Secret Service. Ce sont plus de 3 200 agents spéciaux qui travaillent à la protection des personnalités politiques les plus importantes du pays. Le 22 novembre 1963, lorsque le président Kennedy est assassiné à Dallas par un sniper, le Secret Service est immédiatement accusé d’avoir laissé le président se promener en voiture découverte et d’avoir négligé l’importance de sa protection.
Triés sur le volet, ces agents doivent nécessairement être citoyen des Etats-Unis ; des critères physiques, psychologiques, un petit peu d’expérience et la capacité à se mettre en première ligne en cas d’agression sont requis. En effet, pour cette dernière capacité, rappelons que lors de la tentative d’assassinat dont fut victime Ronald Reagan le 30 mars 1981, un agent du Secret Service s’était alors placé devant le président. Cela sauva vraisemblablement le nouveau président qui venait d’entrer en fonction deux mois avant, alors que l’agent fut, lui, grièvement blessé. Donc c’est aussi un comportement et un état d’esprit assez particuliers qu’il faut avoir pour cette charge.
Pendant la campagne, les portiques électroniques et les fouilles étaient systématiques dans les meetings de Barack Obama.
Lors de son premier discours de président élu à Chicago, la scène était protégée par une vitre transparente pare-balle.
Évolution technologique oblige, l’United State Secret Service est confrontée au défi de sécuriser des appareils civils de communication comme les ordinateurs portables ou « blackberry ». Ignorant les exemples de ses prédécesseurs, - Bush se serait passé d’ordinateur portable durant les huit ans de ses mandats, ou de Sarah Palin, victime d’un piratage sur sa messagerie personnelle -, Obama aurait l’intention de faire installer pour la première fois un ordinateur portable dans le bureau ovale. Cette nouveauté, apparemment en contradiction avec le « Presidential Records Act » qui lui impose l’usage des messageries gouvernementales, est vue au sein des services de sécurité comme un des actes historiques de plus, d’ores et déjà imputables au futur locataire de la Maison Blanche.
Depuis l’« Obamamobile », la nouvelle limousine présidentielle blindée, au « Panic Button », émetteur d’alerte portatif dont dispose chacun des quatre membres de la famille Obama, ce sont plus de 600 millions de dollars qui sont investis dans la seule protection du nouveau Président des États-Unis.
Enfin c’est une véritable armée qui suit le président : il y a des tireurs d’élites, des brigades canines dressées à localiser des explosifs, des hélicoptères, des groupes d’intervention et même une équipe chargée de récupérer les verres que le président aurait portés à ses lèvres, afin d’éviter l’accès à son ADN ou à des informationsrelatives à sa santé !
En parallèle de cette organisation destinée à réagir en cas d’urgence, l’ l’United State Secret Service travaille aussi à prévenir tous types d’incidents. En relation étroite avec le FBI, les services secrets suivent la piste des groupes extrémistes, comme le Klu Klux Klan, et des individus susceptibles de menacer la vie du président.
Des agents du renseignement auraient déjà infiltrés des groupes haineux dont les sympathisants ont été impliqués dans les assassinats des leaders des droits civiques Martin Luther King ou Malcolm X, ou encore le militant noir Medgar Evers, assassiné en 1963 par un membre du Ku Klux Klan.
Justement, le KKK reprend du poil de la bête depuis l’élection d’Obama. Plus de 200 incidents racistes ont été enregistrés depuis le 4 novembre. On a vu des effigies de Barack Obama pendues, des croix brûlées devant les maisons de couples mixtes. Le trafic de sites racistes a explosé au point de faire crasher leurs serveurs.
Des analystes ne mettent pas seulement cette réémergence des mouvements racistes blancs sur l’élection du premier président noir, mais aussi sur la crise économique et la perspective, dans une génération, de voir les Blancs devenir une minorité aux Etats-Unis.
Des analystes ne mettent pas seulement cette réémergence des mouvements racistes blancs sur l’élection du premier président noir, mais aussi sur la crise économique et la perspective, dans une génération, de voir les Blancs devenir une minorité aux Etats-Unis.
Pour illustrer cela, nous pouvons évoquer cette bien triste histoire que rapportait début novembre le Los Angeles Times : dans la petite ville de Louisiane de Angie, Judy Robinson, une femme noire de 58 ans, avait mis un signe d’Obama dans son jardin quelques jours avant l’élection, comme cela se fait beaucoup aux Etats-Unis pour soutenir son candidat. Le lendemain d’Halloween, elle se réveille et découvre les mots « KKK » et « White power » tagués autour de sa propriété. « Je pensais que le KKK était du passé » dit-elle, “Mais maintenant je regarde les gens autour de moi et pense : « pourrait-il faire partie du Klan ? » Soudain je me sens dans ma ville comme en territoire hostile » ».
En Caroline du Nord, des étudiants ont écrit dans un tunnel « il faut tirer une balle dans la tête de ce négro » ; à Los Angeles, le message « Retourne en Afrique » a été peint sur des voitures et des maisons. Des jeunes ont chanté « Assassine Obama » dans un bus dans l’Idaho, et dans le Maine, un commerçant a même proposé de parier un dollar sur la date de l’assassinat d’Obama.
Les USA mettent donc tout en œuvre pour protéger leur nouveau président d’un assassinat redouté par tous. Quelle est la réaction d’Obama par rapport à cela ? Le 44è président des Etats-Unis voit cela avec un certain détachement. Il affirma même en août dernier sur le ton de la plaisanterie que les policiers le protégeant jour et nuit avaient pour réelle mission de décourager d’éventuels petits amis de ses filles : "…Quel que soit le jeune garçon qui viendra pour un rendez-vous sentimental, il aura (face à lui) un de ces types à l’air patibulaire qui ne sourient jamais. Ils sont armés, et dangereux". Plus sérieusement, il se veut surtout rassurant et optimiste : « Je pense que ce qui est frappant dans cette campagne, c’est le degré de marginalisation de ces groupes haineux. Ce n’est pas l’Amérique. Ce n’est pas notre avenir".
S’il est peu contestable qu’il ait raison, gardons à l’esprit que ce sont souvent des marginaux agissant seuls qui ont tué des présidents… Les marginaux peuvent être très dangereux… Souhaitons que les moyens énormes mis en œuvre permettent donc au premier président afro-américain des Etats-Unis dAmérique d’effectuer son mandat sans atteinte à sa personne.