Iran, Libye : le double langage de Barack Obama

par Azadi (Liberté)
jeudi 17 novembre 2011

Avec le retrait prématuré de leurs troupes de l’Irak, les Etats-Unis suscitent une vive inquiétude dans ce pays et dans le monde entier, rarement égalée depuis leur invasion de 2003. Les Américains laissent derrière un gouvernement incapable d’assurer la sécurité et la tranquillité de tous les citoyens, une structure de sécurité digne de ce nom étant loin d’être en place au bout de 8 ans d’une guerre particulièrement meurtrière. D’ailleurs, le gouvernement de Nouri al-Maliki semble ne s’intéresser guère à résoudre ce problème d’une manière sérieuse et efficace. A l’heure actuelle, aucun citoyen irakien n’a le sentiment qu’il vive, avec sa famille, en sécurité.

Selon l’agence Associated Press dans une dépêche du 22 octobre, un fort sentiment de méfiance et d’incertitude domine le pays. La plupart des Irakiens ne croyaient jamais que les Américains, après avoir dépensé des centaines de milliards de dollars, après avoir perdu près de 4500 hommes et ayant construit des bases parfois aussi vastes que les grandes villes irakiennes, se retireraient vraiment un jour de leur pays. Certes, un nombre d’entre eux ont fêté le retrait des forces d’occupation et les prémices d’une « indépendance réelle ». Mais, il y a aussi, outre un sentiment de résignation, la peur que les choses allaient s’empirer. « Ce communiqué du retrait total [des Américains] n’est qu’un message aux Iraniens pour qu’ils viennent s’emparer de

 l’Irak. », déclare à AP Abdul-Dulaimi, un Irakien sunnite d’un quartier nord de Bagdad, avant d’ajouter : « Les Irakiens sont les vrais perdants car l’occupation américaine serait remplacée par l’occupation iranienne. »

 

Dans ces conditions d’incertitude et de l’inquiétude grandissantes, l’opposition principale au régime des mollahs en Iran est abandonnée à son sort alors qu’elle avait accepté de livrer ses armes aux forces américaines après l’invasion de l’Irak par ces derniers en échange d’un accord spécifique garantissant leur protection.

En effet, en décidant le retrait total des forces américaines d’ici au 31 décembre 2011 après avoir mesuré les avantages électoraux de l’annonce d’une telle décision, le président américain réduit à néant la marge de sécurité du peuple irakien délaissé par le gouvernement Maliki ainsi que celle de la protection des réfugiés iraniens sans défense face à ce dernier et à ses protecteurs iraniens. Car Nouri al-Maliki a clairement montré que plutôt que respecter le droit international et même ses propres engagements auprès des Etats-Unis, il se conformerait aux intérêts de ses maîtres à Téhéran. Cette conformité avec les souhaits de Téhéran, il l’a prouvée en lançant deux attaques meurtrières, en juillet 2009 et en avril 2011, contre le Camp d’Achraf qui abrite 3400 opposants iraniens, faisant au total une cinquantaine de morts et un millier de blessés. Il n’est donc pas étonnant que deux jours après l’annonce du retrait des forces américaines, le ministère iranien des Affaires étrangères déclare : « Pour en finir avec la question des membres des Moudjahidine du peuple,…le gouvernement irakien a préparé le projet d’un accord en dix points pour l’expulsion de ces derniers du Camp d’Achraf avant sa fermeture. Suite aux observations par la partie iranienne, ce protocole d’accord a été rédigé en 7 articles et est actuellement en attente de la signature finale… »

 

Alors pour prévenir un massacre annoncé, avant toute chose et comme une première étape fondamentale avant recevoir le premier ministre irakien à la Maison Blanche en décembre, le Président Obama doit lui demander de lever son ultimatum de 31 décembre pour la fermeture du Camp d’Achraf et faire de sorte que les casques bleus des Nations Unies prennent en charge la protection de ces demandeurs d’asile.

Autrement, considérant la situation sécuritaire en Irak et l’absence totale de toute garantie de la protection de ces réfugiés sans armes, comment expliquer la différence qui existe dans l’esprit des décideurs américains entre le peuple iranien captif depuis trente ans d’une dictature religieuse fasciste et le peuple libyen ? Comment expliquer, malgré tout le discours « libérateur » des Etats-Unis, la continuation de leur hostilité à l’égard du peuple iranien et l’opposition au régime, au point de les laisser seuls face aux mercenaires de ce dernier en Irak ? Rappelons l’inaction et la passivité de l’Occident en général et les Etats-Unis en particulier lors du grand soulèvement populaire en Iran en 2009, alors même que la résistance à ce régime du fascisme religieux était cent fois plus légitime.

 

Les dictatures au pouvoir en Tunisie, en Egypte et en Libye sont tombées les unes après les autres. Celles de la Syrie et du Yémen vont suivre. Le régime mis en place par Maliki en Irak montre son vrai visage de plus en plus, ce qui à provoqué la colère et la révolte des Irakiens qui manifestent chaque jour davantage pour protester contre sa politique et l’emprise du régime iranien sur les affaires de leur pays.

 

Dans ces conditions, la tyrannie religieuse mise en place par les mollahs de Téhéran depuis trois décennies, et qui défie chaque jour davantage la communauté internationale (projet d’armes nucléaires, violations aggravées des droits de l’homme, l’exportation du terrorisme,…) est vouée à l’échec et condamnée à une chute certaine comme ses semblables. Alors comment M. Obama et d’autres décideurs au sein de son administration expliqueront au peuple iranien, en révolte depuis trente ans contre ses oppresseurs, leur attitude d’aujourd’hui faisant peu de cas des vies de leurs enfants réfugiés en Irak ? 


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