Iran, Vénézuela, Cuba : les inhumaines et révoltantes sanctions étasuniennes
par Laurent Herblay
samedi 11 mai 2019
Les média parlent de la crise économique du Vénézuela et des difficultés économiques actuelles de l’Iran. Bien sûr, notamment dans le cas du Vénézuela, les dirigeants du pays portent une lourde part de responsabilité dans la situation actuelle. Mais personne ou presque ne souligne le rôle majeur des sanctions et des boycotts décrétés unilatéralement par les Etats-Unis.
Affamer des peuples pour une question de pouvoir
Bien sûr, les Vénézueliens paient malheureusement aujourd’hui la mauvaise gestion du régime en place. On ne peut pas exonérer Chavez et Maduro de leur responsabilité, malgré la baisse du prix du pétrôle et les sanctions étasuniennes. Les chavistes auraient du mettre de côté une partie de la manne pétrolière et ne pas la dépenser totalement sans se soucier d’une baisse de son cours, même si elle n’était pas si facilement prévisible. En agissant ainsi sans construire les fondations d’une économie plus équilibrée, une partie des fondations du chavisme reposaient sur du sable, même s’il faut reconnaître que la manne pétrolière a probablement été distribuée plus justement qu’ailleurs.
Cependant, il faut aussi reconnaître que les sanctions étasuniennes aggravent la situation. En mettant en place un embargo sur le pétrole vénézuélien, l’Oncle Sam prive le pays de sa ressource la plus grande et devient directement responsable de l’appauvrissement additionnel de la population et des possibles victimes que leur embargo provoquera. Qui plus est, l’embargo sur le pétrole n’est qu’une nouvelle étape dans les sanctions venues de Washington, et les Etats-Unis utilisent le dollar pour imposer leurs sanctions au monde entier, en menaçant de sanctions tout autre état qui achèterait du pétrole vénézuélien. Et ces sanctions ont un objectif clair : renverser Maduro et le remplacer par Guaido.
N’est-il pas profondément révoltant que les Etats-Unis affament ainsi directement les dizaines de millions d’habitants d’un pays pour renverser un régime, qui, s’il n’est pas à l’abri de critiques, tant d’un point de vue démocratique qu’économique, est en place. Non seulement Washington affame une population qui est déjà en difficulté, mais le lourd passif des interventions occidentales, en Irak, en Afghanistan ou en Libye devrait disqualifier par principe la plupart ce type d’interventions, d’autant plus que Washington en profite souvent pour pousser ses intérêts, pétroliers entre autres. Mais ce soutien des Etats-Unis à Guaido est probablement aussi à double tranchant étant donné le passif de l’Oncle Sam.
Washington a aussi décrété un embargo sur le pétrole iranien, s’appliquant à toute la planète, au mépris des souverainetés nationales. Là encore, ces sanctions ne feront du mal qu’au peuple et probablement pas aux dirigeants, qui pourront au contraire rejeter la responsabilité de toute difficulté économique sur l’Oncle Sam. Ce faisant, on peut se demander si les Etats-Unis ne sont pas les alliés indirects et involontaires des régimes tant villipendés. Enfin la différence de traitement avec l’Arabie Saoudite, qui n’est pas à une horreur près, et dont il est difficile de soutenir que le régime est plus recommandable que ceux de Téhéran et Caracas révèle un deux poids deux mesures totalement révoltant.
Non seulement, les Etats-Unis sont directement responsables d’une partie de la misère qui sévit au Vénézuela, mais leur comportement n’est pas seulement abject humainement, il est révoltant d’un point de vue diplomatique, par l’ingérence locale, et la volonté d’imposer au monde sa ligne, que nos dirigeants suivent bien trop docilement pour qu’ils puissent être exonérés de toute responsabilité…