Israël accusé de piraterie dans les eaux internationales

Le cargo libyen Al-Marwa avait quitté le port de Tripoli le 25 novembre avec 3 000 tonnes d’aide humanitaire. Son arrivée à Gaza avait été annoncée pour le 2 décembre, une semaine plus tard. L’organisation Free Gaza avait brisé le siège de Gaza à trois reprises, comme je l’ai indiqué précédemment, mais il aurait alors été brisé pour la première fois par un Etat souverain, d’où l’importance de l’événement. A noter que la Libye n’a pas de relations diplomatiques avec Israël.

Mais le mardi 2 décembre, la marine de guerre israélienne a obligé le navire libyen à rebrousser chemin alors qu’il se trouvait dans les eaux internationales, à une centaine de milles marins de la côte.

Giadallah Ettalhi, ambassadeur libyen à l’ONU, a déclaré au Conseil de Sécurité et aux délégués de15 pays que l’action de l’Etat d’Israël était un « acte de piraterie », comme défini par les lois maritimes des Nations Unies.

 Il a déclaré que le cargo libyen Al-Marwa avait été « explicitement menacé de destruction dans le cas où il n’obéirait pas aux ordres des autorités israéliennes ».

La Libye a demandé au Conseil de Sécurité des Nations Unies de réunir d’urgence une session spéciale pour protester contre l’interdiction du navire dans les eaux internationales.

Un vote du Parlement Européen reporté

Ce même mercredi, le Parlement Européen a reporté à une date ultérieure un vote sur le « rehaussement » des relations entre Israël et l’Union Européenne. Une campagne avait été menée à cet effet par Véronique De Keyser, député socialiste belge. Son groupe parlementaire a demandé le report du vote en considérant que la situation humanitaire à Gaza est devenue insoutenable.

Malgré la présence de Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères, venue spécialement pour soutenir le vote sur la participation d’Israël aux programmes communautaires, les parlementaires ont voté pour que ce vote soit reporté à janvier 2009.

 Le report a été justifié par le fait que la situation en Israël et en Palestine n’a pas évolué conformément aux engagements pris lors de la conférence d’Annapolis, et que le report du vote constitue un moyen de pression du Parlement Européen pour pousser à des avancées concrètes dans le processus de paix et améliorer la situation dans les territoires occupés, en particulier à Gaza.

 Le report a été soutenu par les groupes GUE (Gauche Unie européenne) et PSE (Parti socialiste européen), ainsi que par une partie des Libéraux. 194 députés ont voté pour, et 173 ont voté contre.

La tension monte en Israël

Alors que des colons israéliens se déchaînent contre les Palestiniens de Cisjordanie, obligeant l’armée à intervenir, on apprenait le dimanche 7 décembre que la marine israélienne avait bloqué un bateau affrété par des militants arabes pour l’empêcher de quitter le port de Jaffa avec 7 tonnes de fournitures humanitaires destinées à la Bande de Gaza. Le voyage était organisé par des arabes vivant en Israël. La marine israélienne a conduit le bateau dans le port de Tel Aviv. De son côté, la police israélienne a arrêté trois militants arabes arrivant à Jaffa depuis le nord d’Israël avec un camion rempli de fournitures humanitaires pour Gaza.

Jamal Zahalka et Wasel Taha, députés arabes à la Knesset, ont déclaré que le fait d’empêcher le bateau de partir pour la Bande de Gaza est un acte inhumain. « Nous ferons tout notre possible pour faire partir des bateaux d’aide à la Bande de Gaza de plusieurs parties du monde » ont-ils dit.

Mohammed Barakeh, un autre député arabe à la Knesset, a déclaré de son côté : « il semble bien que l’Etat d’Israël autorise toutes les violences des colons d’Hébron, alors qu’il assiège plus d’un million de Palestiniens dans la Bande de Gaza. »

Le même jour, les députés Barakeh et Zahalka, le Sheikh Raed Salah, de la branche nord du Mouvement islamique, et l’Archevêque chrétien Atallah Hannah, ont tenu une conférence de presse condamnant l’attitude israélienne. Le député Zahalka a lancé un appel au monde arabe et à la communauté internationale pour l’envoi de bateaux vers Gaza.