Les
tristes évènements qui se sont déroulés dernièrement à Rosarno, en Calabre, région du sud
de l’Italie viennent de révéler plusieurs choses. Primo, que les Italiens
dans leur majorité ne sont pas racistes. D’ailleurs, faut-il indiquer ici que
c’est avec l’Espagne, l’un des pays d’Europe qui se retrouve au cœur de
l’immigration clandestine d’origine africaine sur la côte atlantique à
Lampedusa et gère plutôt avec humanité ces indigents ? Deusio, que la mafia
gangrène tous les secteurs d’activités, du petit commerçant au politique, en
passant par le travail au noir. Tertio, que seuls les immigrés résistent à
la…..mafia. Constat étonnant qu’une journaliste de La Stampa, l’éditorialiste
Barbara Spinelli a révélé, démontrant par la même que l’immigration
était une chance pour éradiquer la vermine mafieuse. Plaît-il ?
Alors que le calme est revenu en Calabre, après ces violents affrontements qui ont fait plus de 67 blessés, on apprend avec effarement que, le ministre italien de l’intérieur, Roberto Maroni, membre de la triste Ligue du Nord apparentée à l’extrême-droite, a annoncé l’expulsion des immigrés impliqués. Le Pape, Benoît XVI, n’a pas supporté et a lancé un appel solennel avant-hier, appelant au respect de ces travailleurs en ces termes : « Un immigré est un être humain, une personne que l’on doit respecter et qui a des droits et des devoirs. » Cette déclaration hypocrite du ministre montre la puissance de la mafia. En effet, toutes les investigations montrent que la ‘Ndrangheta, mafia locale qui contrôle tout, est à l’origine de ces exactions.
Au moment où un certain pays européen crée un débat sur l’identité nationale, nid du racisme institutionnalisé rappelant les années sombres de l’histoire récente, matrice centrale d’un ministère dont une
pétition circulant sur la toile veut son démantèlement,(à signer), l’Italie s’embrase. Tout était parti d’une agression organisée contre deux immigrants, travailleurs itinérants pour la cueillette des fruits, payés au lance-pierre et dont des reportages montrent leurs conditions de vie déplorables. La télévision française en a fait ses choux gras, présentant avec délectation le martyrologue de ces Africains. Elle est pourtant absente lorsqu’il faut présenter les sans-papiers qui travaillent depuis des lustres dans les restaurants huppés de la place parisienne et que les autorités sont incapables de régulariser, se targuant de parler de leur pseudo humanité et de l’inhumanité italienne, sans connaître pour autant le sujet.
Il est parfois important, d’abord, de se regarder dans une glace, avant de donner des leçons aux autres. Il n’est surtout pas question ici de pratiquer la tradition mexicaine qui veut qu’on frappe les journalistes institutionnels et/ou des grands médias, avec une planche en bois. Comme le disait quelqu’un, « le racisme. Dans ce papier fort intéressant de
La Stampa donc, loin de l’arrogance ambiante, le document est instructif en plusieurs points. Exit le fantôme de l’immigration. Le spectre se révèle comme le salut à long terme. Les
carabinieri ont du pain sur la planche et, aussi bizarre qu’il puisse paraître, devront s’allier avec les immigrés, pour démanteler la mafia calabraise, du moins, celle qui contrôle le travail au noir. Un Africain parti, un Roumain s’installe disent de façon prosaïque les racistes de tout poil.
En Italie, enfin, ils osent. Enfin, ils parlent. Ces journalistes à l’exemplarité indéniable se débarrassent de leur chant d’amour aux follicules, pour asséner ces vérités qui dérangent, au risque de leur vie. Fichtre. Ces précurseurs d’une nouvelle idéologie, dépourvue de manichéisme, passent par une critique constructive, tout en dénonçant vertement, tous les histrions qui permettent la pérennité de la Mafia. C’est la fin du discours titre-pillon « Moi je ». Ils invitent tout un chacun à prendre ses responsabilités. Cette tentative de pousser l’Italien à se réhabiliter, en prenant conscience de ses capacités et de ses valeurs morales est salutaire.
Dans la vidéo ci-dessous tournée par Médecins sans Frontières, on voit bien comment vivent les pestiférés d’aujourd’hui que les Italiens sont allés chercher, s’insurgent les journalistes, accusant au passage le salaire de misère de ces derniers : 25 euros par jour pour...16h de travail, voir 18h, en réalité 20 euros puisque 5 sont arnaqué par la mafia qui va des contremaîtres au chauffeur de bus. Même l’auteur de Gamorra, Roberto Saviano qui vit sous protection policière a affirmé que ces Africains sauveront Saverno et peut-être même l’Italie. Ce ne sont que des réalités relatives aux migrations et à la démocratie.
Voir l’article traduit en français de Barbara Spinelli,
ICI