Japon : nouvelles preuves de la réussite des Abenomics

par Laurent Herblay
jeudi 15 février 2018

Ce qui se passe au Japon devrait faire réfléchir tous les dirigeants européens, tant l’exemple d’un pays développé, à la démographie déclinante et endetté, devrait nous faire réfléchir. Malheureusement, plus de cinq ans après l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, le succès de sa politique économique est trop souvent ignoré, même si les dernières statistiques ont été rapportées par le Monde et le Point.

 

L’exact inverse des politiques européennes
 
Quand l’UE promeut un libre-échange dogmatique et sans mesure, des politiques budgétaires austéritaires et la monétisation des dettes publiques la plus parcimonieuse des pays dits développés, le Japon de Shinzo Abe a pris le parti inverse. Il maintient une politique commerciale à géométrie très variable, pratiquant un protectionnisme féroce dans certains domaines, comme l’agriculture, où les importations de riz sont taxées à plus de 300%, ou l’automobile, où plus de 90% des voitures vendues localement sont produites localement. En arrivant au pouvoir en 2012, malgré des déficits proches de ceux de la Grèce de 2010, Shinzo Abe a choisi de relancer l’économie par la dépense budgétaire.
 
Enfin, il ne faut pas oublier que la Banque du Japon a racheté pour 75% du PIB de dette publique en 5 ans, réduisant fortement l’endettement du pays, qui échappe totalement à la pression des marchés, un exemple qui montre qu’il y a bien une alternative aux sinistres politiques déflationnistes européennes, pour qui conserve sa monnaie. Un des problèmes avec l’analyse de la situation du Japon, c’est la prise en compte de la démographie du pays. En effet, The Economist avait montré que de 2000 à 2010, si le pays avait affiché une croissance plus faible que les Etats-Unis ou l’UE, rapportée à l’évolution de sa population, la croissance du PIB par habitant était la plus élevée.
 
Les dernières statistiques du pays sont éclatantes : 7ème trimestre de croissance, qui accélère. Le pays affiche une progression proche de 2%, d’autant plus remarquable avec une population en baisse, il est aussi sorti de la déflation, avec une inflation légèrement positive, à 0,8% en fin d’année dernière. Sur le marché du travail, il y a 1,56 offre d’emploi par chômeur, ce qui devrait soutenir la hausse des salaires qu’appelle le premier ministre. Encore une curiosité du pays du soleil levant par rapport à nos pays européens où nos dirigeants n’ont de cesse, au contraire, d’appeler à toujours plus de compétitivité, quand ils ne permettent pas carrément leur baisse par différentes manœuvres…
 
 
Bien sûr, le Japon n’est pas un exemple pour tout. Mais il est tout de même frappant de voir comment un pays à un stade de développement proche du nôtre peut mener des politiques radicalement différentes des nôtres. Et son succès aujourd’hui démontre de facto que les politiques qui sont menées en Europe depuis 30 ans sont des erreurs complètes. A bon entendeur…

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