Khalifa Haftar : la solution face au terrorisme ?

par Christian
samedi 12 juin 2021

C’est ce que de plus en plus d’observateurs suggèrent. En particulier depuis l’explosion d’une voiture piégée le 6 juin. Pour la première fois depuis plus d’un an, l’EI a revendiqué l’attaque, qui intervient à quelques mois d’un scrutin décisif.

Cela faisait plus d’un an que les Libyens n’avaient pas vu cela. Dimanche 6 juin, deux agents de sécurité ont été tués et cinq autres blessés dans un attentat visant un checkpoint à Sebha, ville désertique située à 750 km au sud de la capitale Tripoli.

L’EI a revendiqué cette attaque, menée par un de ses « chevaliers » contre un « poste de contrôle de la milice » du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL).

Si le pays est plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, l’EI avait perdu de son influence avec la perte de ses fiefs autour des villes de Syrte et de Derna.

A l’origine de ces revers, un homme : Khalifa Haftar. Après avoir rejoint le soulèvement populaire contre Kadhafi en 2011, celui qui ne cessait de critiquer l’inaction du gouvernement face à l’insécurité a ressemblé plus de 70 000 hommes autour d’un objectif : « purger la région des groupes terroristes et criminels » qui mettait le pays à feu et à sang.

En 2019, l’ANL s’empare de Derna, dernière grande ville de l'Est libyen qui échappait à son contrôle. Elle était sous celui d’une coalition de combattants locaux et de djihadistes. Le 7 janvier 2020, les hommes du maréchal Haftar ont pris Syrte, qui était aux mains des forces du gouvernement d’union nationale (GNA).

 

Se rendre à l’évidence

Depuis, les soutiens de l’homme fort de l’Est libyen n’ont fait que se multiplier. Le maréchal Haftar compte aujourd’hui sur l’appui de Moscou, du Caire, de Washington et même de Paris, la capitale française étant depuis le début du conflit «  obsédée par l’idée de trouver un interlocuteur libyen unique pour tous les volets de la crise  ».

Si l’attentat du 6 juin peut être vu comme la riposte de l’EI face aux victoires de l’ANL, il rappelle que les djihadistes restent une menace considérable malgré leur repli dans le désert ou parmi la population sur la côte méditerranéenne. D’autant que la Libye se prépare à un double scrutin législatif et présidentiel en décembre prochain.

Un gouvernement de transition a été installé le 15 mars dernier. Au terme d’un long processus politique parrainé par l’ONU, Abdelhamid Dbeibah a prêté serment en tant que chef du gouvernement. Son objectif : sortir son pays d’une décennie de chaos en le menant jusqu’aux élections prévues en décembre.

Le Gouvernement d’union nationale et celui de l’Est libyen ont remis le pouvoir à Abdelhamid Dbeibah et ses ministres, qui ont juré « de préserver l’unité, la sécurité et l’intégrité  ». L’émissaire de l’ONU, Jan Kubis, a quant à lui salué «  une étape importante vers une Libye unifiée, démocratique et souveraine ».

Mais le même Jan Kubis a dû se rendre à l’évidence. L’attaque du 6 juin « est un rappel fort que la grande présence des groupes armées et des éléments terroristes ne fait qu’aggraver les risques d’instabilité et d’insécurité en Libye et dans la région », a-t-il déclaré dans un communiqué.

 

Présence réclamée

De son côté, Abdelhamid Dbeibah n’a pu que condamner « un acte terroriste lâche » et présenter ses condoléances aux familles des deux « martyrs ».

La première attaque djihadiste menée par l’EI en plus d’un an a également suscité l’inquiétude à l’étranger, l’Algérie ayant condamné « fermement » l’attentant.

La Libye reste minée par la présence de mercenaires étrangers et la corruption. Dans ce contexte, de plus en plus d’acteurs voient le maréchal Haftar comme le dernier rempart contre le terrorisme. Il apparaît en effet comme « l’un des maillons stratégiques de la reconstruction politique et de l’unité nationale de la Libye ».

Alors que les infrastructures libyennes sont à plat, que les services sont défaillants et que les coupures de courant, les pénuries de liquidité et l’inflation rythment le quotidien des habitants, le besoin d’un homme fort susceptible d’incarner une alternative crédible se fait de plus en plus sentir. Sa présence est même réclamée par les responsables locaux et étrangers.


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