L’Allemagne en danger ?
par fatizo
mardi 16 décembre 2014
L’Allemagne est le pays dont on parle constamment en France. Que l’on soit à l’UMP ou au PS, Il est l’exemple à suivre en terme de réformes, le modèle qui va nous permettre de sortir de la crise.
Et nos médias entonnent la même chanson, il y a bien quelques petites critiques faites ici ou là, mais rien de bien virulent pour empêcher la petite musique de continuer.
D’ailleurs, à force d’entendre des compliments de toute part, Angela Meckel se sent pousser des ailes au point de venir nous faire la morale.
Et bien sur, à part Mélenchon personne n’est scandalisé par une telle arrogance de la part de la Chancelière allemande. Nos médias sont bien plus virulents lorsqu’un politique français ose émettre des critiques sur ce qui se passe outre-Rhin.
Et pourtant il y a de quoi se poser des questions sur ce pays dont il faut s’inspirer coûte que coûte, un travail que font de nombreux experts internationaux, y compris des allemands.
Il faut savoir également, qu’en matière d’investissement, l’Allemagne se situe derrière la France, l’Espagne et l’Italie.
Pour Olaf Gersemann, rédacteur en chef du service économie de Die Welt, l’inquiétude vient de la trop grande confiance allemande dans les vertus de son modèle : « Il règne dans mon pays une allégresse et un sentiment d’orgueil que rien ne justifie, et qui me paraissent dangereux parce qu’ils favorisent des décisions irrationnelles ».
Il cite comme exemple la sortie du nucléaire décidée par Angela Merkel, sans concertation ni préparation, pour passer au très polluant charbon. Il estime qu’il s’agit d’une preuve que son pays surestime sa puissance économique actuelle ainsi que son potentiel pour l’avenir.
Olaf Gersemann s’inquiète aussi des retraites qu’on ne pourra plus financer dans le futur, dans pays qui ne fait plus d’enfants. Il se pose des questions sur le fait que l’économie allemande est trop largement dépendante de son secteur automobile Si ce secteur se porte bien actuellement, quel serait l’état du pays s’il reculait fortement alors qu’il représente 19% de la production industrielle.
Autre analyse, celle d’Emmanuel Todd, souvent taxé de germanophobe chez nous. Voici ce qu’il dit :« L’une des déviances les plus spectaculaires de l’Allemagne actuelle, c’est le sous développement de l’enseignement supérieur. Dans l’ensemble des grandes nations industrialisées, à peu près 40 % des jeunes font des études supérieures. En Allemagne, c’est un peu moins de 30 %. «
Comme on le voit, on trouve de nombreux points noirs dans le pays qu’il faut copier absolument.
Je sais, nos experts nous disent que tout cela n’est rien, que pour remédier à son faible taux de natilité l’Allemagne doit recourir à la solution de la politique d’immigration.
Ils sont extraordinaires les économistes, ils ont toujours une réponse au moindre problème, sauf que…
Sauf que dans la réalité leur remède se révèle bien souvent plus dangereux que le mal.
La preuve avec ce qui se passe en Allemagne depuis quelques semaines.
Alors que juste derrière les USA, le pays est devenu le second pays au monde en terme d’immigration avec 465 000 arrivées, ainsi qu’une explosion du nombre de demandeurs d’asile, on observe ces dernières semaines de nombreuses manifestations hostiles aux étrangers.
Organisées ou soutenues par divers mouvements d’extrême droite ou néonazis, avec comme leader le mouvement Pegida, (Européens patriotes contre l’islamisation du pays), ces manifestations dans plusieurs villes du pays se produisent principalement le lundi.
Cette journée n’a pas été choisie par hasard puisqu’elle correspond à ce qui s’était produit il y a 25 ans avec les célèbres « Manifestations du lundi », qui ont fait tomber le régime communiste dans l’ex-RDA.
Düsseldorf, Würzburg, Rostock, Bochum, Munich, Dresde, semaine après semaine les manifestants sons de plus en plus nombreux dans le pays.
Plus grave, un sondage pour le site internet de l’hebdomadaire « Die Zeit » nous apprend que (49%) montre de la sympathie pour les manifestations de Pegida. Ils sont même 30% à le soutenir totalement.
Face à cela, la Chancelière ne peut que réciter un discours convenu en déclarant : « il n’y avait pas de place en Allemagne pour l’incitation à la haine et la calomnie. »
Une fois dit cela, on fait quoi ?
Eh bien, plutôt que de regarder ce que font ses voisins, Mme Merkel devrait comprendre que s’il se passe de tels événements dans son pays, c’est surement parce que les réformes qu’elle veut nous imposer ne sont pas si efficaces qu’elle veut nous le faire croire.