L’anniversaire du Dalaļ-lama sous le signe de changements timides au Tibet

par Tibet Libre
vendredi 5 juillet 2013

Alors que le Dalaï-lama va avoir 78 ans le 6 juillet 2013, les autorités chinoises semblent remettre en question leur politique à l’égard de la personnalité la plus vénérée des Tibétains, au Tibet comme en exil. Le Dalaï-lama appelle toujours la Chine à un dialogue pour mettre en place une autonomie réelle du Tibet, mais le gouvernement chinois l’accuse de visées indépendantistes. Si les photos du Dalaï-lama sont toujours interdites en Chine et au Tibet, on note de timides autorisations. La Chine sera-t-elle saisir la chance de dialoguer avec le Dalaï-lama avant qu’il ne disparaisse ?

L’association Free-Tibet Campaign a récemment rapporté que le gouvernement chinois a levé l'interdiction, en vigueur depuis 1996, pour les moines du monastère de Ganden à Lhassa d'afficher des photos du Dalaï-lama. La presse a spéculé que cette décision pourrait présager d'un assouplissement de la politique de Pékin au Tibet, trois mois après l'accession de Xi Jinping à la présidence chinoise. La Chine a rapidement démenti un assouplissement de sa position envers le Dalaï-lama, dont le culte et les portraits restent interdits.

Le tibétologue Robert Barnett remarque que pendant près de 20 ans, et suite à la nomination de Hu Jintao à la tête du Parti communiste au Tibet en 1989, la politique de la Chine au Tibet n’a quasiment pas changée. Certains bureaucrates de deux ou trois localités tibétaines, semblent tester récemment l’autorisation d’afficher des photos du Dalaï-lama, et la fin des critiques le concernant. Si il est prématuré de spéculer sur l’extension de ces changements de politique dans d’autres domaines, Barnett note que cela coïncide avec la critique de la politique menée au Tibet sous l’ère de Hu Jintao exprimée par des chercheurs de Pékin.

On note cependant que Pékin a autorisé la visite au Tibet fin juin de l’ambassadeur des États-Unis en Chine, Gary Locke, une première depuis septembre 2010.

Ces timides avancées dans un contexte de tension au Tibet, où près de 120 Tibétains se sont immolés depuis 2011, sont peut-être le signe que la politique de répression de la Chine peut s’infléchir. 

Lors des manifestations de 2008 au Tibet, au moins 200 Tibétains furent tués par les policiers et militaires chinois, et près de 5000 Tibétains furent emprisonnés. Certains furent condamnés à mort et exécutés, tandis que d’autres furent condamnés à de lourdes peines de prison. Depuis, les Tibétains vivent dans un climat de terreurs et de surveillance, ce qui a pu être observé récemment à Lhassa mais aussi dans les monastères par le grand reporter Cyril Payen. Des manifestations ont été violemment réprimées par la police et l’armé chinoise qui n’hésitent pas à tirer sur les manifestants, entraînant des blessés et des morts, comme en janvier 2012. C’est dans ce contexte que certains Tibétains ont choisis de s’immoler par le feu, en appelant au retour du Dalaï-lama au Tibet, et à la fin de la répression chinoise au Tibet. 

Il est possible que les autorités chinoises souhaitent, en autorisant parfois les photos du Dalaï-lama, mettre fin à ce mouvement d’immolation. La Chine se préoccupe peut-être aussi de ce qui adviendra après la mort du Dalaï-lama qui a atteint un âge qu’aucun de ces prédécesseurs n’avait jamais atteint. Jusqu’à présent, il est très écouté des Tibétains, et son influence se note d’une part dans la non-violence qui marque la lutte des Tibétains, mais aussi dans sa volonté de dialogue avec la Chine pour aboutir à un accord dans l’intérêt mutuel de chacune des parties, et au delà. Cette volonté politique de conciliation est poursuivie par le gouvernement tibétain en exil, alors même que le Dalaï-lama a démissionné de son rôle politique en 2011, laissant place à un premier ministre laïc élu démocratiquement par les Tibétains en exil, le docteur Lobsang Sangay. Mais, si le Dalaï-lama venait à disparaître sans que la Chine n’ait répondu à cette ouverture, alors un constat d’échec serait avéré. Avec la frustration de l’échec et la perte d’une personnalité aussi forte que celle du Dalaï-lama, la Chine pourrait voir la montée d’une alternative indépendantiste chez les Tibétains.

Pour l’instant, partout dans le monde, sauf au Tibet, les Tibétains fêteront l’anniversaire du Dalaï-lama le 6 juillet. A Paris, la Communauté tibétaine fêtera le 78ème anniversaire du Dalaï-lama à la Pagode du Bois de Vincennes, métro Porte-Dorée, les 6 et 7 juillet.

Nous souhaitons une très longue vie au Dalaï-lama, avec, encore et encore, sa sagesse et sa préoccupation de l’humanité.


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