L’anti-américanisme aura raison d’Obama

par Michel Santi
lundi 4 août 2008

L’anti-américanisme est inévitable car les Etats-Unis sont une puissance indispensable. De fait, ceux qui se déchaînent contre l’administration Bush et qui fondent de grands - et parfois irréalistes - espérances dans la future gestion d’Obama ne se rendent pas compte qu’ils sombrent précisément dans le manichéisme qu’ils reprochent au Président actuel !

Bénéficiant de la compassion et du soutien indéfectible du monde entier au soir du 11-Septembre 2001, George W. Bush et les Etats-Unis d’Amérique, cédant aux sirènes des "néo-cons", se sont très rapidement métamorphosés aux yeux de l’opinion publique européenne en cow-boy arrogant et menteur, sorte de champion de la belligérance globale à vocation moralisatrice. Néanmoins, l’image des Etats-Unis serait à nouveau sur le point de s’inverser grâce au charme et à la candeur du candidat démocrate : Obama regagnera le terrain perdu par Bush, l’homme de Chicago reconstruira sur les ruines du pétrolier Texan et, du même coup, empathie et persuasion succéderont à la force et au narcissisme... Bref, le "soft power" aura raison de l’unilatéralisme.

M. Obama est pourtant un candidat on ne peut plus classique à la Maison-Blanche, à l’opposé du politicien candide et inexpérimenté qui présidera forcément autrement que certains idéalistes démocrates se plaisent à voir en lui. Le pragmatisme de M. Obama ne l’a-t-il pas conduit à recentrer sa campagne dès lors que l’investiture démocrate avait été acquise ? N’était-ce pas non plus la posture préalable d’un Obama, démocrate de gauche, qui lui avait permis de remporter cette même investiture... ?

Nos sentiments et notre fascination pour Obama resteront-ils intacts si celui-ci accomplit deux mandats ? George W. Bush représente certes le stéréotype le plus offensant vu de notre Europe consensuelle : invasion unilatérale de l’Irak au nom de la liberté, pratique de la torture, favorisation à outrance du lobby pétrolier l’ayant naturellement conduit à massacrer les accords de Kyoto, il ne risque pas de détrôner Franklin D. Roosevelt du titre de second président le plus aimé des Etats-Unis.

Cependant, et aussi vrai qu’aucun président américain depuis Eisenhower n’a pu terminer son ou ses mandats sans de forts relents d’impopularité, un Bush en fin de second mandat même au bilan nettement moins chargé aurait également été un président controversé ! A l’instar d’un Bill Clinton bombardant l’Irak et réaffirmant du même coup la toute-puissance de son pays, Obama sera un jour violemment remis en question dès lors qu’il aura renforcé la présence militaire de son pays en Afghanistan et qu’une partie de son armée se sera adonnée aux excès souvent incontrôlables et allant de pair avec toute occupation militaire.

A partir de ce moment, la morgue de beaucoup d’Européens se déchaînera à nouveau contre le cow-boy américain ressuscité de ses cendres et ceux-là mêmes qui exprimeront cet anti-américanisme affirmeront qu’ils ne sont - bien-sûr - mus par aucun sentiment anti-américain, mais que les Etats-Unis portent en eux les germes de leur propre déclin. Une croyance fondamentalement tenace de l’anti-américanisme voulant que le capitalisme dynamique, mais sauvage, importé de ce pays soit en train de détruire notre mode de vie, avec notre complicité silencieuse et passive...

Le Barack Obama candidat adulé à la présidence des Etats-Unis connaîtra certainement ce sort à son tour et voilà pourquoi ce qui fait de l’Amérique une puissance indispensable est précisément ce qui rend cet anti-américanisme inévitable.


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