L’armée chinoise à Paris en 2017 : Fiction ou réalité

par ALBIE Alain
samedi 18 septembre 2010

C’est à l’horizon 2017 que devrait avoir lieu l’affrontement militaire tant attendu par certains entre la Chine et les États-Unis. Une précision utile en direction des expatriés qui seraient enclins à faire leurs valises précipitamment : Cette information émane des mêmes services qui affirmaient la présence d’armes de destruction massive en Irak, donc méfiance et circonspection sont de mise .

Jean Yanne aurait donc eu raison plus de 30 ans auparavant en réalisant son film : «  Les Chinois à Paris ». Pour ceux qui n’auraient pas vu le film, en voici le résumé :

« Les Chinois ont envahi la France et installé leur QG aux galeries Lafayette ! L’alcool et le sexe sont interdits, les voitures sont réquisitionnées. Les Français subissent dans la douleur le trop sévère régime mis en place. De son côté, Régis Formeret fait fortune en montant une société de pousse-pousse parisiens et devient vite conseiller personnel de Pou-Yen, général en chef de cette République sino-française. L’une des grandes idées de Régis pour convertir au maoïsme est la gratuité des bistrots et des lieux de joie. »

Il ne s’agit que d’une fiction, mais ce domaine cinématographique ayant eu à plusieurs reprises une certaine avance sur la réalité, on peut se poser la question de l’éventualité d’un tel conflit. Il reste bien sûr à trouver une raison de provoquer cet affrontement, mais dans ce secteur les Américains (pas le peuple, mais les dirigeants et les lobbies industriels) nous ont habitués à un certain nombre d’exploits. Vous allez sans doute penser qu’il n’y a aucune raison que la cause ne soit pas du côté chinois, ce qui a de plus l’avantage de se donner bonne conscience.

La Chine n’a dans les faits rien à gagner à un tel conflit puisqu’elle perdrait tout d’abord ses principaux clients que sont les U.S en personne et l’U.E, qui ne manqueraient pas, comme à son habitude, de se ranger derrière la bannière étoilée après quelques gesticulations de principe. Ce serait ensuite pour la Chine l’occasion de voir s’envoler le dernier espoir de recouvrer sa colossale créance auprès des Américains. Il faut ajouter à cela que les chances d’une victoire chinoise sont extrêmes minces sur la base d’un conflit mettant en action les derniers armements de haute technologie, même si les U.S n’ont pas gagné une seule guerre depuis plus de 60 ans, et ce, malgré des moyens impressionnants.

Du côté Chinois, et malgré l’augmentation notable des budgets militaires depuis ces dernières années, l’A.P.L (Armée Populaire de Libération) est encore très loin du niveau de son homologue Américain et même Français en termes de puissance militaire, Il ne faut pas en effet confondre le nombre de militaires mobilisables et une puissance souvent liée de nos jours au degré de technologie. Hors, dans ce domaine la Chine ne peut que copier ou acheter des armes en provenance de Russie, un embargo en interdisant la vente en direction de la Chine depuis 1989. Une réunion au niveau européen s’est d’ailleurs tenue sur ce sujet il y a quelques jours, la France demandant depuis plusieurs années la levée de cette interdiction. Comme les années précédentes, et sous la pression U.S,, cette énième concertation n’a débouché sur rien, ce qui dans l’immédiat fait les affaires de la Russie.

Pour la Chine, un des points aussi faibles que le niveau technologique de son armée se révèle être son approvisionnement énergétique, celui-ci dépendant largement des importations, ce qui explique la volonté des Occidentaux à barrer la route des ambitions chinoises en Afrique ou au Proche-Orient. La position des dirigeants de ces pays producteurs de matière première serait en effet la clef d’un éventuel conflit, ce qui explique les efforts diplomatiques des deux camps pour tenter de gagner les faveurs de ces réels décideurs qui eux ne voient que leurs propres intérêts à choisir une partie plus qu’une autre.

Si dans cette hypothèse d’un conflit d’envergure, le nucléaire ne serait que l’arme ultime utilisée dans l’éventualité d’une nette défaite probable d’un des deux camps, reste à savoir qui s’allierait avec la Chine, le camp pro-américain n’étant pas très difficile à définir. En Asie, de nombreux pays resteraient sans doute dans une officielle neutralité, comme l’Inde qui en cas d’engagement militaire serait la première cible, ou Taiwan qui en cas de défaite des Américains perdrait toute chance d’accéder à une quelconque indépendance. Devenir en effet une immense base militaire fournirait à la Chine les raisons nécessaires pour récupérer cette terre, et la seule éventualité d’une prise de position en faveur de ses alliés traditionnels serait pour les Taïwanais un véritable désastre humain, quelle que soit l’issue finale. Si la Corée du Sud aurait à s’opposer à son voisin nordiste, réglant ainsi les vieilles querelles, resterait le Japon, qui bien que sous l’emprise totale des U.S aurait sans doute quelques difficultés à s’engager, une haine certaine animant encore de nos jours la population Chinoise qui n’a toujours pas digéré les exactions commises lors de leur dernière opposition.

Des pays comme le Vietnam ou la Thaïlande ayant un poids négligeable dans la vision d’un affrontement militaire de cette envergure, ils ne serviraient que de soutien logistique à l’un ou l’autre camp. Reste le plus gros morceau qui est la Russie, prise en étau entre ses deux meilleurs clients que sont la Chine et la communauté européenne.

Si sur un plan économique, la Russie partage ses exportations entre les deux entités territoriales, les Russes ont une revanche historique à prendre sur un Occident qui a manœuvré et pesé de tout son poids dans le processus d’implosion du bloc soviétique. Un tel conflit serait donc inespéré pour que l’ancien bloc renaisse de ses cendres, ouvrant de fait la porte vers une Europe traditionnellement divisée, et de plus toujours hélas inexistante d’un point de vue politique.

Il est donc probable que si les Chinois parvenaient à Paris, ce serait par le TGV Est, pour peu que cette invasion n’ait pas lieu en période de grève. Afin que mes compatriotes n’aient pas les mêmes surprises que lors de l’invasion Allemande en 1940, où il était dit sur tous les tons que nos voisins étaient notablement sous-équipés et presque arriérés, les Chinois ont depuis longtemps abandonné l’uniforme de l’ère Mao, et le « Petit Livre rouge » a depuis pas mal d’années laissé sa place au dernier ordinateur portable.

Si les efforts menés en vue de discréditer la Chine aux yeux des populations des pays riches ont certes été efficaces grâce à des médias au service des lobbies financiers, un conflit d’une telle envergure est impensable sans l’adhésion au moins partielle de la population chinoise elle-même. Il est en effet difficile de faire la guerre sous le seul prétexte plus ou moins avoué que son propre pays est dans une impasse financière totale, et il est donc impératif de convaincre que, comme en Irak ou ailleurs, on vient libérer la population de son carcan. Dans ce cas, et si l’on conserve cet horizon des années 2017, c’est trop tard ou trop tôt.

Trop tard, car si la Chine continue à évoluer sur bien des points à son rythme actuel, il sera très difficile de retourner une situation où de plus en plus de Chinois trouvent leur compte dans le système politique actuel. Les dirigeants chinois en sont d’ailleurs totalement conscients, et le terme « d’harmonie sociale » qui amuse tant certains Occidentaux a en fait pour objectif de créer une simple cohésion sociale.

Trop tôt ensuite, car les diverses occupations étrangères qui se sont succédé en Chine sont encore non seulement dans les livres d’histoire, mais également les mémoires de la grande majorité des Chinois, et là aussi, le gouvernement chinois œuvre afin que ces périodes ne tombent pas dans l’oubli. Dans l’immédiat, le simple fait de devenir client de Mac Donald et de ses hamburgers ne suffit pas pour laisser penser que la grande majorité des Chinois rêvent que leur pays devienne une copie conforme des États-Unis. Les jeunes générations de Chinois demanderont sans doute plus de liberté d’expression, une réelle lutte contre la corruption des responsables locaux ou du parti, ce qu’ils obtiendront du moins partiellement, et ce, afin de ne pas mettre en danger le système actuel, qui évoluera comme tous les systèmes au monde ont évolué, ou se sont effondrés sur eux-mêmes.

En fin de compte, les éventualités d’un conflit mondial opposant la Chine à d‘autres nations conduit par les U.S sont quasi nulles tant les ingrédients nécessaires sont pratiquement tous absents, si ce n’est le désir pour un petit nombre d’éliminer un concurrent devenu trop encombrant économiquement. Faire la guerre sans être sûr de la gagner passant progressivement de mode en raison des échecs répétés, des coûts humains et financiers engendrés, sans compter l’impopularité découlant d’une défaite qui met souvent fin aux carrières politiques.

Vous pouvez donc dormir sur vos deux oreilles, les expatriés en Chine peuvent ranger leurs valises, et moi continuer de vous décrire ce qu’est la réalité de ce pays.

Reflets de Chine


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