L’ère de l’Internet illimité au Maroc, c’est fini

par La Vie éco
vendredi 20 avril 2012

La saturation des réseaux du fait que l'excès de téléchargement a entraîné une baisse des débits et des coupures de connexion. Les opérateurs interviennent souvent pour brider le débit aux abonnés qui font un usage excessif de leur internet.

Les trois millions d’abonnés internet que comptait le Maroc à fin 2011 devront se faire une raison : l’internet avec téléchargement illimité c’est fini ! Fini ou du moins la possibilité de télécharger sera graduellement facturée en fonction des besoins. Aujourd’hui, on s’achemine vers une segmentation de ce marché, comme cela est le cas pour la téléphonie mobile où on peut dénombrer jusqu’à 80 plans tarifaires selon la durée, les heures de la journée, etc. Selon Azeddine Mounstassir Billah, patron de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), on peut même envisager que les opérateurs mettent en place des moyens d’informer les clients de leur solde de débit comme cela se passe pour le mobile. En un mot, ils pourront savoir à tout moment le volume téléchargé et ce qu’il en reste. 

En fait, les opérateurs avaient lancé des offres internet 3G en 2008 sans se soucier ni de limitation de débit ni de conception de gamme d’offres, avec l’idée que cette niche, prometteuse certes, n’allait pas connaître la fulgurante explosion d’aujourd’hui. De quelque 40 000 clients en 2007 qui ne disposaient que de l’ADSL, le nombre d’abonnés est à plus de 3,2 millions de clients à fin 2011, soit un taux de pénétration de 10% et surtout une croissance fulgurante de 70,44% en un an seulement.


On connaît les surenchères qu’il y a eu au niveau publicitaire avec des offres illimitées et des débits « pharaoniques » de 7,2 mégas qui restent théoriques, le débit étant une ressource partagée. Chacun des opérateurs voulant conquérir le plus de clients, avec le succès que l’on a eu. Aujourd’hui, l’Anrt les a rappelés à l’ordre sur les effets d’annonce qu’ils ne pouvaient pas tenir et sur les obligations de leurs cahiers des charges ainsi que sur la nécessité d’informer la clientèle sur le contenu de chaque offre et sur leur transparence. En effet, le problème d’internet est que la ressource (la bande passante) est non seulement limitée mais aussi partagée entre les utilisateurs, selon l’espace et le lieu. Or l’infrastructure ne peut pas suivre la demande lorsqu’elle est trop importante. Surtout lorsque les prix sont écrasés à travers une concurrence aussi féroce qu’acharnée.

72% des internautes déclarent télécharger des films et des images 

Quelques chiffres illustrent de manière frappante la situation : le prix de l’Adsl, par mois, est passé de 500 DH lors de son lancement à 117 DH (à débit égal) alors que l’internet 3G, lancé à 900 DH, modem compris en 2008, est vendu aujourd’hui à 300 DH (modem et un à trois mois d’abonnement offerts). Par conséquent, le chiffre d’affaires de l’internet ne représente que quelque 2 milliards de DH, soit environ 5% du chiffre d’affaires total du secteur estimé à 37 milliards. Cela veut dire que les opérateurs ont une marge de manœuvre très restreinte pour y investir. Cela alors que dans le même temps, la nature de l’utilisation a totalement changé, puisque 72% des internautes déclarent télécharger des films et des images contre 36% en 2007. D’où une sollicitation des réseaux au delà de leurs capacités. Et c’est ce qui provoque les désagréments fréquents et répétés.
On ne peut pas demander aux opérateurs d’en donner à la clientèle pour plus que son argent. Cela veut dire que les offres mises sur le marché doivent correspondre à une réalité. Le contenu de chaque produit vendu doit être clairement décrit et c’est à cela qu’on assiste. En effet, on en voit déjà une déclinaison dans les abonnements vendus avec les mobiles où l’on parle aussi bien du nombre de minutes que du plafond du débit accordé qui va, en principe, de 200 mégas à 2 gigas et plus, selon le forfait ou l’abonnement choisi.

Le régulateur exigera, désormais, des opérateurs de décrire les offres de manière plus précise en explicitant le débit vendu, la durée… En fait, certains opérateurs donnent déjà la possibilité aux clients de connaître le solde du débit « acheté ». Il s’agit seulement de généraliser ces pratiques. Le but est que chacun sache ce qu’il a acheté, ce qui lui reste à consommer à n’importe quel moment et dimensionnera son crédit en fonction de ses besoins. Cela aura pour conséquence une utilisation plus rationnelle de la ressource. Ce qui a freiné relativement l’installation de telles pratiques c’est curieusement le printemps arabe. En effet, les opérateurs avaient reçu pour consigne de ne pas suspendre les téléchargements, même lorsque les volumes achetés étaient atteints, de peur que les internautes n’aient le sentiment d’une volonté d’empêcher les réseaux sociaux de relayer les informations échangées. Dès lors, les opérateurs laissaient faire en recourant, au besoin, à la seule dégradation du signal.

Source : http://www.lavieeco.com/news/economie/l-ere-de-l-internet-illimite-au-maroc-c-est-fini-21804.html


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