L’esbroufe protectionniste de Donald Trump
par Laurent Herblay
mercredi 14 mars 2018
L’annonce par le président des Etats-Unis de taxes sur les importations d’acier et d’aluminium a déclenché une vague d’indignation des moines-soldats bien-pensants de la planète. Naturellement, ces analystes à courte vue oublient le caractère profondément superficiel du protectionnisme de Trump, qui tient plus d’une posture dans laquelle ils tombent et s’y vautrent.
Exercice de communication plus que politique
Pendant la campagne présidentielle étasunienne, Paul Krugman s’était demandé si son pays ne traversait pas un « moment protectionniste », du fait du succès de Trump et Sanders. L’incroyable locataire de la Maison Blanche a beaucoup parlé, mais finalement, ce qui est frappant, seize long mois après son élection, c’est la légèreté de son plan protectionniste. Certes, à son arrivée, il avait utilisé les réseaux sociaux pour faire pression sur quelques industriels pour qu’ils maintiennent des implantations industrielles aux Etats-Unis, mais cela ne fait pas une politique, d’autant plus que les industriels visés n’hésitaient pas eux-aussi à faire de la communication pour s’en sortir publiquement.
Mais ce président de télé-réalité n’a que faire du fond des dossiers. Comme les autres avant lui, et même s’il le fait de manière anti-conformiste, Il se contente de communiquer. Car les Etats-Unis ont très souvent mis en place des barrières protectionnistes pour protéger leur sidérurgie, au contraire de cette Europe ouverte à tous les vents. Georges Bush s’était fait sanctionné à l’OMC pour cela et Obama avait emboîté le pas des administrations précédentes sur le sujet. Bref, pas grand-chose de nouveau sous le soleil. Mieux, Trump a rapidement exclu le Canada et le Mexique de la mesure, ce qui en limite la portée. Il s’agit plus d’une posture électoraliste que d’une vraie réorientation politique.
Le plus effarant est que pas grand monde souligne le caractère extrêmement limité de cette annonce, qui montre au contraire que Trump n’a pas vraiment tenu ses promesses de campagne et que ce n’est qu’une gesticulation aussi limitée que dérisoire, en aucun cas ce qu’il annonçait il y a un an et demi. En outre, les réactions de vierges effarouchées des bien pensants servent Trump tant son électorat ne les apprécient pas. Bref, nous sommes dans une grande comédie ridicule où un président fait mine d’être protectionniste alors qu’il ne change pas grand chose à la politique de son pays, et sort renforcé par les cris d’indignation des libre-échangistes à courte vue qui accréditent son jeu dérisoire.
Donald Trump n’a pas véritablement cassé de tabou tant sa mesure est dérisoire. Il peut se contenter de simples postures, tant ses opposants montent sur leurs grands chevaux, le renforçant dans son exercice de communication. Mais si le privilège du dollar permet de s’accomoder des déficits, il ne protège pas des travailleurs qui paient un lourd tribut au libre-échange depuis quatre décennies.