L’ONU pointe du doigt les dérives politiques françaises

par Anthony Romagné
mardi 17 août 2010

Mercredi et jeudi de la semaine dernière, avait lieu à Genève, la réunion du comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd). La dérive de la politique sécuritaire française a donc été débattue d’un point de vue international. C’est la deuxième fois cet été que la France est pointée du doigt. Déjà, le 15 juin dernier, avant le grand coup pré-électoral de Grenoble, le Conseil de l’Europe dénonçait un « climat de xénophobie ». Il fallait tôt ou tard que la France voit de ses yeux que la stigmatisation des étrangers et des Roms est une exception nationale, un nouveau plan démagogique à des fins politique justifiant des crises françaises (crise morale, crise de l’emploi, fracture générationnelle, et surtout une recrudescence de l’intolérance menant à une diminution de la liberté). Notre belle France, aujourd’hui, considérée comme discriminante s’est inventée des maux, c’est une évidence, la lutte contre la délinquance, bien qu’essentielle, a été amalgamé avec l’échec criant du débat sur l’identité nationale. Comment en est-on arrivé là ? Les réponses se trouvent t’elles derrière l’écran de fumée vomit par un gouvernement qui veut faire oublier son « voyourisme » révélé par le Sarkogate ?

Recrudescence du racisme


Les experts de l’ONU, à partir du constat de « la recrudescence notable du racisme et de la xénophobie » (déclaration de l’expert togolais Ewomsan Kokou) se sont interrogés quant aux projets du gouvernement. La question de la déchéance de nationalité lancée par N.Sarkozy, alors en déplacement à Grenoble est à l’origine d’une première indignation. Les experts se sont demandé « ce que c’est qu’un Français d’origine étrangère » et « si cela est compatible avec la Constitution ». L’article numéro 1 d‘une autre constitution, celle des Droits de l’Homme, déclare que « tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux », ces droits inaliénables pour lesquels des milliers de personnes d’une autre époque sont mortes pour que nous autres, leurs héritiers puissent en bénéficier…Pour faire un point sur l’égalité, il difficile d’admettre qu’on naît délinquant, par contre, il demeure plus commun de naître énarque…La lutte contre la criminalité est une logique importante pour tous Etats de droits (ou de non-droits), mais une partie des gens du peuple se posent encore la question du rapport qu’il peut avoir entre délinquance et gens de couleurs, parce qu’aujourd’hui, même les défenseurs du sarkozisme peuvent l’avouer : ce qui dérange, c’est la différence, la diversité et les couleurs !

La seconde indignation des experts de CERD concerne bien évidemment la question des Roms et des gens du voyage, qui en « se demandant pourquoi, alors que la liberté de circulation est garantie en France, des Français appartenant à des minorités sont obligés de se munir de carnets de circulation ». L’expert du Niger a dénoncé "le carnet de circulation" des Roms et gens du voyage la France qui, a-t-il dit, « nous rappelle l’époque de Pétain », c’est étrange d’entendre ce terme quand il n’est ni prononcé par la presse non-conformiste, ni par les socialistes...


La faute à la population ? L’identité française en péril !


Un membre non identifié a déclaré que de déchoir de la nationalité française « toute personne d’origine étrangère » portant atteinte à la vie d’un fonctionnaire de police est « non seulement discriminant contre les Français d’origine étrangère » mais cela « constitue également une incitation à la haine ». Plus grave encore, ce même membre, à cause du sondage IFOP commandité par le gouvernement, a aussi qualifié de fait "grave" l’adhésion de la majorité de la population française à ce discours. N.Sarkozy a été élu président par 53% des votants, cela ne fait pas la France, un tiers à peine, et encore un « tiers- (en) –état de peur.

Le spectre du complot est une carte joker aujourd’hui pour les notables de France quand ils ne savent plus quoi dire : Pour Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, « C’est un montage pur et simple ». Alors, quand l’image est menacée, on joue du violon : le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche a réagi dans un communiqué en indiquant que « la France est un Etat de droit rigoureusement respectueux des Droits de l’Homme dont elle a été la première inspiratrice depuis deux siècles ». Par ces mots, ce dernier, qui visiblement use promptement de la méthode sarkoziste en matière de discours, oublie surement qu’il aurait été du coté des guillotinés et non de ceux des inspirateurs de la liberté. « Les polémiques entretenues ici ou là au sujet de décisions prises par le gouvernement français n’ont par conséquent pas lieu d’être ». « Qu’il s’agisse de notre politique de sécurité, de la lutte contre l’immigration clandestine et les trafics d’êtres humains, ou de l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public, toutes ces politiques actuellement menées par le gouvernement français ne visent précisément qu’à garantir les libertés publiques, et notamment l’égalité des droits des femmes, à protéger les plus vulnérables contre les trafics d’êtres humains et à préserver le premier des droits de l’homme, qui est le droit à la sécurité », souligne-P.Lellouche.

La presse étrangère n’accuse pas les français, mais la question des calculs politiques français sont l’axe central qui est généralement retenu. Le New York Times a évoqué que N.Sarkozy était le champion pour attiser « dangereusement les sentiments anti-immigrés » pour des « calculs politiques à court terme », les journaux algériens dénoncent « l’amalgame odieux » et « la xénophobie officielle » du président. Le quotidien Suisse Le Temps a fait un point sur une coutûme du gouvernement Sarkozy, chaque été permet de faire passer des mesures impopulaires sans protestations : « en juillet 2008, le gouvernement annonçait la suppression de 30 000 postes de fonctionnaires, et la réforme des institutions qui donnait davantage de pouvoir au président était votée. L’été dernier, la controversée loi Hadopi sur le téléchargement illégal aurait dû être votée, si pléthore d’amendements n’avaient reporté l’échéance », cette année c’est le tour des colorés, les paris sont ouvert pour l’an prochain !


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