L’Ukraine envahie, mythe ou réalité ?
par olivier cabanel
jeudi 4 septembre 2014
La campagne de désinformation bat son plein, et il semblait difficile de savoir où se trouvait la vérité, entre l’œil de Moscou, ou la main des USA, chaque camp accusant l’autre.
Pourtant, grâce à une enquête fouillée, des experts ont levé le voile : la Russie est bien coupable d’invasion.
Tout le monde à bien vu les « petits hommes verts », sorte de militaires sans pays, sans signe de reconnaissance distinctifs, mais bien armés jusqu’aux dents pour prêter main forte aux indépendantistes ukrainiens, et de nombreux observateurs ont longtemps estimés que ces mercenaires étaient bien en réalité des soldats de l’armée russe.
C’est d’ailleurs ce qu’a finalement reconnu Vladimir Poutine déclarant le 17 avril 2014, un mois après le rattachement de la péninsule de Crimée à la Fédération de Russie : « derrière les forces d’autodéfense de Crimée, bien sûr, se trouvaient nos militaires » justifiant maintenant cette présence pour assurer les conditions d’un vote libre et qu’il s’agissait seulement de « protéger les gens ». lien
Plus tard, le 28 aout, Alexandre Zakharchenko, chef des séparatistes de Donetsk, a reconnu lui aussi que « 3000 à 4000 soldats russes » étant présents dans les rangs des insurgés. lien
Pourtant on se souvient que André Keline, représentant permanent de la Russie à l’OSCE, avait affirmé droit dans ses bottes : « nous avons fermement déclaré qu’il n’y avait aucune participation des soldats russes au conflit, ni aucune livraison de moyens militaires ». lien
On sait maintenant ce qu’il en est, et on suppose que le mensonge reconnu aujourd’hui admet implicitement qu’il y a non seulement présence de soldats russes, mais aussi livraison de moyens militaires.
Quant au chiffre avancé de 3000 à 4000 militaires russes, il est vraisemblablement sous estimé et les experts en la question estiment que le chiffre réel serait passé à la mi-juillet 2014 de 12 000 à 20 000 militaires. lien
Ce que Moscou dément bien évidemment. lien
Puis est arrivé le drame du Boeing descendu par un missile, et on a assisté à une guerre de communication, chaque camp accusant l’autre de ce forfait dramatique qui a couté la vie à 298 passagers. lien
Le camp ukrainien accusant Moscou d’avoir permis aux séparatistes de Donetsk de se procurer des missiles sol/air, dont l’un d’eux aurait par erreur touché l’avion…ce que démentais le camp russe, affirmant qu’il s’agissait d’un missile air/air, qui aurait été tiré par un avion ukrainien, lequel se serait trouvé à proximité du Boeing.
Sauf qu’en cherchant un peu, on s’apercevait que Moscou avait menti.
L’avion accusé par le camp russe, un Soukhoï 25, ne pouvait pas voler à plus de 7000 mètres d’altitude, alors que le Boeing volait lui à plus de 10 000 mètres, rendant peu crédible le scénario avancé par la Russie.
D’ailleurs, les conseillers de Poutine ont commis une grossière erreur en tentant de modifier sur Wikipédia la fiche signalétique de l’avion ukrainien, en y écrivant qu’il pouvait voler à 10 000 mètres… mais les « petits robots » de wikipédia avaient rapidement vu la manipulation, et remis le texte initial. lien
Il est donc plus que probable que la mort des 298 passagers du Boeing soit imputable à la Russie, ou du moins aux séparatistes ukrainiens armés par la fédération de Russie, mais il faudra attendre l’été 2015 pour que le rapport final établissant les responsabilités sur le cas du Boeing malaisien soit publié. lien
D’ici là, la situation a largement le temps de se dégrader, et qu’elles que soient les conclusions du rapport, elles arriveront bien trop tard de toutes les façons…on est quand même en droit de se demander pour quelles raisons les experts, en possession de toutes les preuves réclament une année pour en tirer les conclusions ?
Oublions cet épisode tragique, et penchons nous sur la nature des armes que possèdent les séparatistes, (blindés, batteries de missiles, pièces d’artillerie lourde…) ces derniers affirmant qu’ils ont été pris à l’ennemi, l’armée ukrainienne en l’occurrence, sauf que l’expert militaire russe Rouslan Poukhos, directeur du CAST admet que « Moscou aide les rebelles, mais il est délicat d’en déterminer l’échelle »…et l’expert militaire Dmitry Gorenburg va plus loin affirmant : « la quantité et le type d’armes aux mains des séparatistes ne laissent aucun doute sur le fait qu’elles sont fournies par le gouvernement russe (…) cela inclut des types d’armes que Kiev ne possède pas. L’explication des rebelles selon laquelle leurs armes ont été prises dans des bases ukrainiennes ne tient pas debout ». lien
D’ailleurs, le lundi 25 aout, une colonne de 10 chars et des troupes blindées, chargées de soldats russes déguisés en rebelle, avait franchi la frontière russo-ukrainienne, du coté de Novoazovsk, ce que Moscou a naturellement démenti. lien
D’ailleurs dès le mois de juin, des observateurs avaient affirmé voir des tanks russes pénétrer sur le territoire ukrainien, ce que la Russie avait naturellement démenti, mais ce qui avait été confirmé par Arsen Avakov, ministre de l’intérieur ukrainien. lien
Pourtant il y a une méthode imparable pour mettre en évidence le mensonge, grâce à une observation attentive.
Les chars de l’armée ukrainienne sont des T-64 et les chars russes sont des T-72 BM, lesquels ne sont utilisés qu’en Russie, et même si les T-64 et les T-72 BM ont tous les deux étés fabriqués en Russie, en comparant les photos, il n’est pas très difficile de s’apercevoir des différences, et de confirmer que les chars présents sur le sol ukrainien appartiennent bel et bien à l’armée de la fédération de Russie.
Finissons ce tour d’horizon par l’arrestation d’une dizaine de parachutistes russes en territoire ukrainiens appartenant à la 98ème brigade aéroportée russe, pour lesquels Poutine a affirmés qu’ils s’étaient « égarés » (lien) sauf que ces parachutistes une fois rapatriés dans leur Russie natale ont bel et bien confirmés dans Novaya Gazeta un journal indépendant russe qu’ils avaient été envoyés en Ukraine.
C’est ce qu’à raconté en détail Eric Biegala dans sa rubrique sur l’antenne de France Culture sous le titre « l’art du mensonge plausible ». lien
Soulignons au passage le courage de ces journalistes russes, lesquels déclarent être en danger, d’autant que l’ex rédacteur en chef de ce journal a été contraint de s’exiler, alors que son adjoint, Sergueï Sokolov, a été récemment menacé de mort au cours d’une mise en scène inquiétante.
5 collaborateurs de ce tri-hebdomadaire ont déjà été tués dans l’exercice de leur fonction, et l’indépendance de ce journal est menacée. lien
Ce qui pourrait faire débat, c’est l’attitude du gouvernement français, bien timide pour le coup, qui, alors que les preuves irréfutables de la présence russe en Ukraine s’accumulent, continue de parler au conditionnel.
Les mauvaises langues imaginent que le juteux marché conclu entre Russie et France au sujet des navires de guerre Mistral, pourrait bien expliquer cette position…
Décidément, on le voit, le monde de la finance n’est pas vraiment l’ennemi du nouveau président, puisqu’il serait prêt à fermer les yeux sur la situation ukrainienne, plutôt que de mettre un point final au contrat.
Il y a peu de temps, par la voix de son ministre des affaires étrangères, la France évoquait une possible remise en question du contrat Mistral, (lien) et surprise, sous la pression internationale, François Hollande, à la veille de la réunion de l’Otan, vient d’annoncer que les conditions de livraison des 2 navires n’étaient pas réunies, et que la livraison était suspendue jusqu’en novembre… mais quelle crédibilité peut-on lui donner encore, lui qui a tant déçu ? lien
Son ex-compagne, Valérie Trierweiler dresse sans son livre tout juste paru un portrait accablant : lui qui disait ne pas « aimer les riches », n’aime manifestement pas non plus les pauvres qu’il qualifie dans l’intimité de « les sans-dents ».
Comme l’écrit Jérôme Béglé dans les colonnes du Point, dans une tentative de compil de ce livre, évoquant cette « vie privée exemplaire » dont il se targuait au Bourget : « on découvre un homme froid, sans cœur, totalement dépassé par les évènements, calculateur, parfois méchant, enfermé dans sa bulle, et confronté à la vengeance d’une blonde ». lien
Mais revenons en Ukraine.
Aujourd’hui, le nombre de réfugiés ukrainiens ne cesse d’augmenter chaque jour : ils sont plus de 500 000 déplacés ou réfugiés fuyant le pays à la suite du conflit. lien
Aujourd’hui, les réseaux sociaux s’interrogent du peu de mobilisation médiatique sur ce qui se passe en Ukraine, envisageant que le fait que ce pays n’ait ni pétrole, ni musulmans terroristes, justifierait ainsi le silence relatif de la communauté internationale. lien
Le 3 septembre Poutine déclarait miser sur un accord final entre Kiev et les rebelles, évoquant même un cesser le feu, mais affirmait en même temps « ne pas être partie prenante au conflit », ce qui peut faire sourire à la lumière des informations prouvées que nous avons maintenant ? lien
En tout cas Kiev est convaincu qu’il s’agit d’un simple coup de bluff.
Comme dit mon vieil ami africain : « le sage cherche toujours la vérité. L’idiot lui, l’a déjà trouvé ».
L’image illustrant l’article vient de : « www.jolpress.com  ;» ;
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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