L’Union européenne doit veiller au respect des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés

par Oxfam France - Agir ici
samedi 28 juin 2008

Pour la première fois depuis 12 ans, un président français effectue une visite d’Etat dans les Territoires palestiniens occupés et en Israël. Ce déplacement coïncide avec le premier anniversaire du blocus de la bande de Gaza. Face au quasi silence de la communauté internationale, la France est une des rares voix à dénoncer publiquement la peine collective infligée aux Gazaouis. La lourde responsabilité de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des Territoires palestiniens occupés, alors que la France s’apprête à assumer la présidence de l’Union européenne, sera de traduire ces mots en actions concrètes pour les 1,5 million d’habitants de Gaza.

Aujourd’hui, la bande de Gaza est bien différente d’il y a à peine un an. Le blocus, venu s’ajouter à des années de restrictions de mouvements de plus en plus contraignantes, a fait reculer de plusieurs décennies le développement de cette petite bande de terre densément peuplée. Des interruptions de l’approvisionnement en fioul de l’unique centrale électrique de Gaza ont provoqué de graves coupures d’électricité. 77 tonnes d’eaux usagées non ou partiellement traitées sont quotidiennement déversées dans la Méditerranée en raison de la pénurie de carburant et de matériel pour le traitement des eaux usées. L’impact sur la pollution et, par conséquent, sur la santé publique des proches résidents, tant pour les Palestiniens de Gaza que pour les Israéliens, est désastreux.

Le blocus a également aggravé la forte dépendance à l’aide alimentaire : 80% de la population de Gaza dépendent désormais des distributions de nourriture. Toutes les ONG travaillant à Gaza ont été contraintes de réorienter l’essentiel de leurs programmes de développement vers de l’aide d’urgence.

Cette situation est le fruit d’une politique délibérée imposée par Israël, présentée comme une réponse à la prise de la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007 et aux tirs de roquettes des groupes armés palestiniens vers le Sud d’Israël. Des attaques indiscriminées sur la population civile telles que les tirs de roquettes sont inacceptables et doivent cesser. Cela ne justifie cependant pas les politiques de peine collective imposées à tous les Gazaouis en représailles d’actes illégaux dont ils ne sont pas responsables.

Des promesses de dons records ont été annoncées à la Conférence des bailleurs de fonds pour la Palestine de Paris en décembre dernier. Depuis, Israël n’est pas parvenu à lever le siège de Gaza et n’a démontré que peu de volonté politique à agir pour créer les conditions d’une paix et d’un développement économique durables en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Le mois de mars dernier a ainsi enregistré un nombre record de 611 barrages routiers[1] : le système de fermeture et de permis se renforce donc en Cisjordanie. La construction du Mur, la confiscation des ressources foncières et en eau ainsi que les démolitions de maisons palestiniennes par Israël se sont poursuivies, tandis que les autorités israéliennes accéléraient l’approbation de nouvelles constructions, illégales au regard du droit international, dans les colonies.

Cette visite historique représente l’opportunité pour le président Sarkozy d’afficher clairement les priorités de la France, en tant que présidente de l’Union européenne (UE), concernant les Territoires palestiniens occupés et Israël. La France doit saisir cette chance pour faire en sorte que l’UE mette en œuvre les clauses relatives aux droits humains dans tous les accords passés avec Israël, y compris l’Accord d’Association, afin d’obtenir des améliorations tangibles sur le terrain et de garantir les droits des populations civiles. A cet effet, nous demandons au Président Sarkozy :

En étant à la pointe du combat pour mettre un terme à la crise humanitaire de Gaza, la France serait à la hauteur de son surnom de « patrie des droits de l’Homme ».

Luc LAMPRIERE, Directeur Général d’Oxfam France – Agir ici
Stephan OBERREIT, Directeur Général d’Amnesty International France
Philippe LEVEQUE, Directeur Général de CARE France
Antoine MALAFOSSE, Délégué Général du Comité catholique contre la Faim et pour le Développement
Bernard RAVENEL, Président de la Plate-Forme des ONG françaises pour la Palestine

 



[1] source : OCHA Closure Update de may 2008, tableau p.1


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