L’Union Européenne fait son cadeau de Noël à Israël

par Benjamin Delombre
vendredi 26 décembre 2008

Lundi 8 décembre, les vingt-sept ministres des affaires étrangères de l’UE ont voté à l’unanimité (une fois n’est pas coutume) en faveur du renforcement des relations entre l’Union Européenne et l’Etat d’Israël.

La ministre israélienne des affaires étrangères Tzipi Livni a considéré que le geste des vingt-sept ministres européens allait entraîner une "coopération accrue" entre les deux partenaires. Madame Livni a également mis en relief le fait que le changement de statut de l’état Israélien consistait en "une réussite significative pour la diplomatie israélienne et un aboutissement à tous les efforts consentis depuis avril". Ainsi à partir d’avril 2009, Israël devrait gravir un nouvel échelon dans le cercle des partenaires de l’Europe passant du statut d’associé acquis en 1995 à celui de partenaire privilégié.

Les accords de ce partenariat incluent cinq points principaux. Tout d’abord, il s’agira de mettre en place une coopération accrue entre le premier ministre israélien et ses homologues européens. Toujours sur un plan de coopération ministérielle, trois rencontres par an devront avoir lieu entre les vingt-sept ministres des affaires étrangères européens et le chef de la diplomatie israélienne. A l’avenir, l’Union Européenne devra permettre une meilleure intégration d’Israël aux Nations Unies et faire participer l’Etat juif à certaines missions sous l’égide européen. Enfin, des discussions devront avoir lieu de façon régulière concernant l’antisémitisme et les droits de l’homme.

A propos des droits de l’homme justement,le 9 décembre, soit le lendemain du "cadeau européen", l’ONU a transmis une liste de 99 recommandations à Israël afin de constater une amélioration sur ce point. Ces recommandations vont de la levée du blocus de Gaza à la libération de certains prisonniers arabes. Alors, pied de nez à l’Europe ou simple coincidence ?

C’est en cela que le rapprochement israélo-européen est illégitime puisque l’une des premières exigences européennes pour ses partenaires est le respect de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Le premier ministre Palestinien Salam Fayyad montrait d’ailleurs courant novembre son incompréhension :" L’UE est un groupement fondé sur des valeurs et des idéaux incompatibles avec les violations du droit international et des droits de l’homme commis par Israël". Ce dernier n’a pas réagi officiellement à la coopération entre l’Union et l’état d’Israélien car il a trop besoin de l’aide européenne allouée à l’autorité palestinienne. Officiellement, le " réhaussement des relations avec la Palestine[devrait] suivre" déclare Bernard Kouchner avant d’ajouter, " ce qui sera plus difficile étant donné que les Palestiniens n’ont pas d’Etat". Le premier ministre Fayyad a d’ailleurs déploré :"Comment un tel Etat peut-il voir le jour avec la poursuite de la colonisation ?" En effet, un an jour pour jour après la conférence d’Annapolis, l’Autorité Palestinienne a publié un rapport accablant quant à la colonisation. En une année, les appels d’offres pour les constructions dans ces colonies se sont accrus de 1678%. Mais ceci n’est rien comparé au bilan humain que dresse l’association israélienne Peace Now, "durant les onze mois suivant la conférence d’Annapolis, 498 palestiniens ont été tués et 2148 ont été blessés".

Depuis Bruxelles, les diplomates européens tentent de mesurer leur discours en évoquant le fait que cette collaboration a pour but de favoriser le processus de paix entre l’Etat Hébreu et les territoires Palestiniens. Néanmoins, l’Union Européenne n’agit en rien, pour le moment, dans la résolution de ce conflit puisqu’elle continue d’accorder une aide importante aux Palestiniens sans sanctionner Israel. A l’heure de l’éloge de la présidence française, voilà donc une ombre au tableau de Nicolas Sarkozy.


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