La conférence d’Annapolis : au-delà de la reprise des négociations !

par Khalifa Chater
vendredi 30 novembre 2007

L’analyste géopolitique tunisien, le Pr Khalifa Chater, présente son évaluation de la conférence de la paix d’Annapolis. Optimiste par nature, il estime qu’elle est susceptible d’ouvrir des horizons, d’instaurer la paix, au profit de tous les partenaires et définit le rôle du « parrain » américain de la reprise des négociations.

Enfin... « la conférence de la paix » vient de se réunir, mardi 27 novembre et de conclure ses travaux ... En tant qu’initiative américaine, acte d’autorité de l’hyperpuissance, elle suscita une grande mobilisation des acteurs et des médias. Optimistes ou pessimistes, les observateurs avisés ne pouvaient que saluer cette prise en considération de la tragédie palestinienne, comme question essentielle, définissant les positions des populations de la région, déterminant, in fine, les alliances fondamentales des Etats, dessinant la carte géopolitique du Machrek/Maghreb, concept que nous préférons à ceux du Moyen-Orient et du Great middle East, liés aux stratégies coloniales et postcoloniales. Il faut prendre la mesure de cette révision de la politique du président Bush, à l’épreuve du terrain, qui traduit une appréciation géopolitique globale, incluant nécessairement les attentes des populations. Bush continuant Clinton, cette mise à l’ordre du jour de la continuité présidentielle américaine, après sa mise en parenthèse, je dirais son interruption tragique, lors de la guerre contre l’Irak, ouvre de nouvelles perspectives dans les relations internationales, au profit de tous les habitants de l’aire. On ne peut que se réjouir de la stratégie de réconciliation générale, qu’elle annonce, qui de surcroît conforte le statut international des Etats-Unis, lui permettant de dépasser ses options stratégiques préférentielles.

« C’est le début d’un processus, non son aboutissement », déclara le président Bush, lors de l’ouverture de la conférence internationale d’Annapolis. Est-ce à dire qu’on se proposait de recommencer le feuilleton des négociations antérieures et qu’on remettait en cause les acquis des assises précédentes, accords d’Oslo, en 1995, sommet de Taba (2001), options de la Feuille de route (2003) ? Les observateurs s’attendaient plutôt à une conclusion du processus, en poursuivant les discussions précédentes et en les finalisant, en application des références de l’Onu, sur la question. D’autre part, l’accord de Genève, proposé, en l’an 2003, par Yasser Abdrabbo et Yossi Bellin, permettait de déblayer le terrain. Pour quoi occulter ces acquis ? Il ne peut être question de revenir sur des positions de principe, telles l’évacuation des territoires occupées, la décolonisation totale, le traitement de la question des réfugiés et les multiples conséquences de cette politique de confiscation générale des biens, des terres, de l’eau, des routes, etc. Ce marchandage permettrait au mieux, aux Israéliens de gagner du temps. Faut-il mettre sur le compte des pertes et profits l’impact de ses effets de ressentiments sur les populations victimes ?

Notons cependant l’importance de la décision de reprendre les négociations bilatérales, pour conclure un accord avant la fin de 2008. L’engagement pris par le pouvoir américain, pour finaliser l’accord, devant créer un Etat palestinien, est en mesure de hâter la conclusion de l’accord, d’exercer une pression énergique, pour traiter la question, ouvrir les horizons, dans le respect du référentiel de l’Onu, de l’éthique de décolonisation et du respect des droits. Il s’agit d’une condition sine qua none.

Faut-il surestimer les définitions du président Bush des nouveaux Etats : « la Palestine comme patrie palestinienne, tout comme Israël est la patrie du peuple juif » (discours inaugural de la conférence) ? ِِ Ces pseudo-préalables ethniques ne peuvent être pris en considération, dans la mesure où ils impliquent le renvoi d’un million et demi de citoyens arabes d’Israël et l’annulation de la loi du retour des réfugiés. Mais ne perdons pas de vue que la dynamique des négociations peut changer les points de vue des partenaires les plus retors. Or, outre la volonté américaine, le souci d’Israël de connaître une ère de paix et de s’intégrer dans son aire - par une normalisation arabe nécessairement conditionnée par la conclusion de l’accord - constituent des arguments de poids pour transgresser les partis pris.


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