La dérussification de l’Ukraine : une épuration ethnique à demi-mot

par Laurent Courtois
mercredi 31 janvier 2018

La dérussification de l'Ukraine n'est pas que linguistique et culturelle, elle est aussi ethnique. L'indépendance du Donbass serait la finalisation de ce processus, rejetant la majorité des ukrainiens d'origine russe, faisant ainsi de l'Ukraine, ce qu'elle n'a jamais été : un pays européen.



A la veille, de leur troisième anniversaire, les accords de Minsk-2, restent pour Moscou, contrairement à ce que laisse entendre la propagande occidentale et sa cinquième colonne, la seule et unique voie de règlement de la guerre civile ukrainienne.

Son abrogation serait un point de non retour car selon Dmitry Peskov, dans les conditions actuelles rien ne garantit qu'un autre accord puisse être mis en place entre les parties concernées.
Le porte parole du Kremlin a aussi déclarait « que jusqu'à présent ni les pays garants des accords, ni les participants au conflit dans le Donbass, n'ont déclaré la non-viabilité de Minsk-2. Selon lui, de telles hypothèses dans la situation actuelle signifieraient un « effondrement complet ».

Moscou apparaît donc, et ce depuis 2015, comme le seul et unique réel garant des accords de Minsk. En effet si Kiev venait à entreprendre une réintégration militaire des régions séparatistes, la France et l'Allemagne ne pourraient émettre que d’impuissantes protestations. Seul Moscou, a les « moyens coercitifs » pour obliger Kiev à respecter l'intégralité territoriale des régions dissidentes ukrainiennes. Malgré les trompettes propagandistes de réseaux interlopes annonçant des offensives générales jamais réalisées (Janvier 2017, décembre 2017, janvier 2018), une escalade généralisée du conflit reste très peu probable. Il ne faut jamais perdre de vue que la sécession du Donbass ne sert que les intérêts de Kiev et de ses alliés occidentaux ( 1 et 2).
Néanmoins le printemps 2018, pourrait être le cadre de provocations ukrainiennes ayant comme but la perturbation des élections présidentielles russes et la déstabilisation du candidat Poutine. Ce dernier ayant en effet peu ou prou de marge de manœuvre. Ne pas intervenir le ferait passer pour faible, intervenir pour belliciste.

Largement présenté par la presse occidentale comme des accords inutiles ayant gelé le conflit ukrainien, les accords de Minsk-2 ont suspendu la dérussification ethnique de l'Ukraine.

Il existe dans l'histoire un précédent significatif de purification ethnique, celui des juifs allemands sous le Troisième Reich. Pour les nazis, l'Allemagne devait être « Judenfrei », c'est à dire libérée des juifs. Cette « libération » commence en 1935 par les lois de Nuremberg et se termine le 20 janvier 1942 à la Conférence de Wannsee. Après cette date, le Reich doit être « Judenrein », c'est à dire « nettoyé » via « la solution finale à la question juive ».
Avant 1942, les nazis n'ont comme but que de provoquer (par des lois coercitives, des menaces, des pogroms), ou d'inciter (par la promotion du sionisme) l’immigration des juifs. Cette solution politique au problème juif est un « succès », sur les 523.000 juifs vivant en Allemagne en 1933, 360.000 avaient immigré en 1941. Cet exemple de la première phase de « la solution au problème juif » montre qu'une épuration ethnique n'est pas forcément le résultat d'un génocide, mais aussi le fruit d'une politique.



Qu'observe-t-on depuis 2014 en Ukraine ? Malheureusement un schéma très proche de celui évoqué ci-dessus.

Avant d'aller plus loin dans la rédaction de cet article, je me dois de préciser que je ne ferai pas le raccourci simpliste d'une pseudo-presse de ré-information qui qualifierait la politique actuelle de Kiev de Néo-nazie. Ceci pour la bonne raison que les nationalistes ukraïno-galiciens sont précurseurs des théories raciales du nazisme. Dès 1900 paraît à Lviv (alors austro-hongroise),« l' Ukraine Indépendante » (Samostïna Ukraïna) de Mykola Mikhnovsky. Ce dernier développe une théorie basée sur le Darwinisme social (lutte des races, avec comme ennemi les moskals, les liakhs et jydy (russes, polonais et juifs) et la lutte des classes Marxistes.

Il rédigea en 1903 les Dix Commandements du nationalisme ukraïno-galicien pour son Parti du Peuple Ukrainien (NPU) :


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