La désertion fiscale : un sport de riches

par Laurent Herblay
samedi 22 juillet 2017

Dans la doxa ultralibérale, ce sont les pauvres qui trichent, qui fraudent les allocations. Sauf que dans la réalité, on constate que la fraude aux prestations sociales (estimées à quelques milliards) n’est qu’une fraction de la désertion fiscale des multinationales, estimée à 60 milliards en France, ou probablement des plus riches, comme le révèle un papier de The Economist.

 

La fraude, accélérateur d’inégalités
 
On ne pas soupçonner The Economist de démagogie anti-élites, mais son papier sur l’étude de trois économistes sur l’ampleur de la désertion fiscale dans les pays scandinaves est accablant. Les économistes ont utilisé les Swiss leaks et les Panama papers pour mesurer précisément le montant de la désertion fiscale par niveau de richesse. En moyenne, les ménages ont payé 3% de taxes de moins qu’ils devraient, et moins de 5% pour 99% de la population. Mais le 1% le plus riche, qui possède en moyenne près de 2 millions de dollars a payé environ 10% de moins qu’ils devraient. Et les 0,01% les plus riches, qui possèdent plus de 40 millions, ont payé plus de 30% qu’ils devraient à la collectivité.
 
Même le très peu progressiste The Economist soutient que « cela signifie que les estimations passées des inégalités de richesse, en général basées sur les données fiscales, ont sous-estimé le problème  », d’autant plus que les ménages des pays scandinaves placent deux fois moins leur richesse en dehors de leur pays. Il conclut également que « la globalisation a profité de manière disproportionnée aux riches en partie en récompensant bien mieux le capital que le travail. Mais la globalisation permet aussi aux plus riches de cacher plus facilement leur richesse  ». Triste constat qui n’appelle pourtant pas la moindre demande d’action spécifique de la part de la bible des élites globalisées.
 

 

Comment ne pas penser à la belle phrase de Tocqueville qui disait que : « préoccupés du seul soin de faire fortunes, les hommes n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous  ». Avec la globalisation, non seulement les élites ne perçoivent pas pleinement l’envolée des inégalités qu’une partie n’a même plus honte de tricher.
 

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