La France et l’Otan : ce qui va changer

par Globosphere
mardi 31 mars 2009

C’est la fin de 43 ans d’une position atypique de la diplomatie française. Après un vote favorable à l’Assemblée nationale, la France revient dans le commandement intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord (Otan), qu’elle avait quitté en 1966. A l’époque, la décision du président de Gaulle visait à défendre un monde multipolaire et l’indépendance de la dissuasion nucléaire française. Hormis justement le Groupe des plans nucléaires, la France sera dorénavant représentée dans toutes les principales instances de l’Alliance atlantique. (Lire l’article sur Globosphere)

Mardi 17 mars, le ministre de la défense Hervé Morin a déclaré que les commandements attribués à la France seraient connus lors du sommet de Strasbourg-Kehl, les 3 et 4 avril prochains. Selon les informations du journaliste de Libération Jean-Dominique Merchet, confirmées par Le Monde et Le Figaro, « le retour de la France pourrait se traduire par l’attribution de deux commandements à des généraux français : l’Allied Command for Transformation (ACT) à Norfolk (Virginie, Etats-Unis) et l’un des trois états-majors interarmées, celui de Lisbonne ». En 1996, la France de Jacques Chirac, qui négociait déjà son retour au commandement militaire, s’était vu refuser un poste à Naples, considéré comme hautement stratégique.

Les deux prédécesseurs de Nicolas Sarkozy ont ouvert la voie à ce retour au commandement intégré. La France a rejoint le comité militaire en 1996, la plus haute instance militaire de l’Alliance. Dans les années 2000, elle a pris part au commandement de forces militaires au Kosovo et en Afghanistan. En l’état, la position singulière de la France permettait seulement de faire entendre une autre voix, non-alignée sur celle des Etats-Unis. C’est symbolique, mais la nouvelle posture prise par la France pourrait avoir un impact sur les relations qu’entretient Paris avec certaines capitales, notamment arabes.

Pour le reste, la France est d’ores et déjà le quatrième contributeur financier et le quatrième contributeur en forces militaires de l’Otan, derrière les Etats-Unis, la Turquie et l’Allemagne. En 2007, 241 000 soldats français étaient engagés au sein de l’Alliance. Dans les trois prochaines années, Hervé Morin prévoit une « montée en puissance » de la présence d’officiers, sous-officiers et hommes du rang français dans les états-majors alliés. 200 à 300 militaires français y seraient dépêchés selon lui dès 2009, leur nombre devant atteindre 900 en 2012. Pour le député socialiste Jean-Louis Bianco, qui s’exprimait devant ses collègues députés peu avant le vote, c’est autant d’hommes en moins pour la défense européenne.
 
Une concurrente hégémonique, l’Otan ? Certes, la décision de la France rendra plus caduque encore aux yeux des pays de l’Europe de l’Est la mise en place d’une Europe de la défense. Attachés à l’Alliance atlantique, les Etats de l’ancien Pacte de Varsovie jugent qu’une telle entité ferait double emploi avec l’Otan. De là à penser que le dossier est enterré… Au sommet de l’Otan de Bucarest, en avril 2008, George W. Bush avait reconnu qu’une Europe de la défense, complémentaire de l’Otan, était nécessaire. Tout est possible.

Gaël Lombart

Sardou, nouvel inspirateur ?
Dans Le Nouvel Observateur du 24 avril 2008, Vincent Jauvert rapporte cette anecdote amusante (ou navrante, c’est selon) : en visite à Washington en novembre 2007, Nicolas Sarkozy aurait déclaré à des journalistes que sa passion pour les Etats-Unis venait d’une chanson de Michel Sardou, Les Ricains. Comme le note le journaliste, cette chanson a été écrite en 1966, en réaction à la décision de sortir la France du commandement intégré de l’Otan.


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