La leçon de Hamrouche
par Idir Hamitouche
mardi 1er avril 2014
Quand Hamrouche tient un discours qui se distingue de la dichotomie pouvoir-opposition.
- Mouloud Hamrouche (El Watan)
Difficile de ne pas être radical quand la situation est grave, néfaste, et qu’elle a assez duré. Alors on a tendance à devenir autiste, à se créer des œillères, et à ne voir que ce qui nous arrange, ou que ce qu’on croit être la meilleure et la seule solution.
En Algérie le risque pour se comportement est réel. Au-delà du " tous pourris ", où en Algérie il n’a plus de sens tellement cela a été acté et que la gravité a franchi toute limite, on aurait tendance à renvoyer les vrais tenants du pouvoir depuis l’indépendance dos-à-dos. En clair, l’armée et les clans au pouvoir doivent rendre des comptes et on ne souhaite plus les revoir.
En effet, cet avis largement partagé pour qui s’intéresse et aime l’Algérie, ne serait pas illégitime, et loin de là.
Mais enfin.
Un homme qui se déclare sans complexe " enfant et constructeur du système ", le colonel Hamrouche, apporte une autre conception des choses. Et ma foi, peut-on lui faire confiance, a le mérite en plus de sa franchise d’être plein de recul et de sagesse.
Contrairement à tous, il n’envisage pas une transition vers un Etat démocratique sans le concours primordial et fondamental de l’armée ; et pour ne mettre personne hors-jeu et indigne d’y participer, il convie aussi le président sortant actuel Bouteflika et tacitement ses " hommes ".
Et c’est là où il y a différence.
La leçon qu’il nous donne est dans l’idée que l’armée d’un pays jeune, à peine sorti de l’indépendance, doit compter sur son armée dit-il qui est " d’une manière directe ou indirecte, (…) la gardienne de notre identité nationale, l’incarnation du projet d’un Etat démocratique fort. L’armée algérienne, poursuit-il, est légitime par son histoire, et par sa composante humaine. Sa mission est de défendre le pays et le peuple. "
Et à bien réfléchir, la volonté de tenir à l’écart l’armée de toute " intrusion " dans les décisions politiques du pays paraît alors ne pas être naturel et la meilleure des façons.
Après tout, son appel hier dans le forum de Liberté pour que l’armée et Bouteflika (les détenteurs des leviers du pouvoir) mènent ensemble une transition pour le pays avec courage, devoir, honneur et raison paraît certainement utopique, mais dans l’idéal serait salutaire. Du moins, on est tenter d’espérer.
I.H.