La malédiction se poursuit en Lousiane
par Lilian Elbé
samedi 22 mai 2010
Z’ont vraiment pas l’pot dans le Sud : pauvreté, catastrophes naturelles, pollution gigantesque...
La phrase prémachée que vous venez de lire vous semble banale, et vous vous apprêtez à lire un de ces sujets sur les miséreux du monde ? Rassurez-vous ! Je parle du Sud des Etats-Unis, ça devrait tout de suite passionner davantage.
N’empêche, c’est vrai qu’ils n’ont pas de bol, il est vraiment maudit le Sud des US. La Louisiane, le Mississipi et l’Alabama font partie des états les plus pauvres au sein du pays le plus riche, et le sort de l’histoire semble s’acharner sur eux, avec aujourd’hui la livraison à domicile d’une marée noire sans précédent. « Mais pourquoi tant de haine ? », pleure une jeune ado’ de la Nouvelle Orléans. L’ouragan Katrina avait fait deux mille morts il y a cinq ans, et voilà qu’une nappe de pétrole qui mesurait déjà 10000 km² fin avril caresse les jolies côtes du Golfe du Mexique.
Pourtant en Alabama et en Louisiane, les ennemis noirs de ce genre, l’historique KuKluxKlan devrait être capable d’y remédier, non ? C’est sur ces sages conseils que quelques jours après l’explosion de la plate-forme de forage certains prévoyaient de faire flamber les vagues de mazout.
Toujours plus loin, toujours plus fore, toujours plus sale !
Ils ont pas l’air cons BP (British Petroleum) avec leur fleur verte et jaune pour logo, maintenant que la faune et la flore sont en train d’enfiler leur visqueux manteau noir de deuil écologique ! Depuis mercredi, c’est officiel, les costumes de pétrole lourd ont été livrés dans les marais de Louisiane, conséquence direct d’un excès tout humain : avoir foré en septembre 2009 le plus profond puits de pétrole et de gaz au monde, de plus de 5 kilomètres ! Ça fait cher le record du monde, à 800 000 litres sortant par jour de la fuite.
Enfin, c’est pas ça le plus inquiétant, car un courant marin pousserait dangereusement la marée noire vers la Floride, et n’en serait qu’à 140 kilomètres. Le vice est attiré par Miami quoi...(Pardon). Et la tout de suite ça intéresse plus les médias, qui, à l’instar d’Haïti – dont la situation, si on en croit le silence radio, est revenue à l’aisance – ne traitent du sujet que lorsqu’ils ont des images chocs : la plate forme qui flambe, les clichés satellites éloquents et bientôt les plages souillées.
Crédit photo : Hans Deryk / Reuters
Mais qu’aurait fait McGyver ?
Je me souviens d’un épisode de cette série ou le héros patriote et débrouillard avait stoppé le flux de pétrole d’un forage grâce à de la vieille nitroglycérine trouvée dans une mine abandonnée. Cette fois c’est un appel aux dons que les ingénieurs pourraient lancer aux riches américains. En effet, ils projettent d’enrayer la fuite en injectant des « cochonneries » dans le conduit, pour stopper l’écoulement de pétrole, qui ne seraient rien d’autre que des morceaux de pneus usagés et de vieilles balles de golf ! Astucieux non ? Il serait temps, car si aujourd’hui BP affirme récupérer 40 % du liquide à la source, les projets de dôme recouvrant le conduit restent infaisables.
Finalement, tous les experts sont dans l’impasse, la situation est incontrôlable, l’idée de déverser du dispersant dans la mer serait encore plus néfaste. Alors il n’y a qu’à regarder, se désoler, et prier pour que la saison estivale en Floride soit quand même bonne.