« La première victime d’une guerre, c’est la vérité » *

par Michel DROUET
mardi 1er mars 2022

Depuis 2020, la croix gammée est redevenue tendance dans nos défilés et c’est un produit qui s’exporte très bien. Chacun s’approprie le symbole sans trop réfléchir à sa charge historique pour en affubler d’autres, qui pensent différemment.

Et comme les nazis sont des génocidaires, la boucle est vite bouclée par des tenants de la synthèse hasardeuse. Chez nous, les « nazis » vaccinent aidés par les « collabos » soignants et préparent une élimination de masse d’une population soumise à l’aide d’un vaccin et de la puce 5G qu’il contient. Comme de bien entendu, il s’agit d’une atteinte aux droits fondamentaux de ceux qui s’y opposent et dénoncent un complot mondial.

Plus à l’est, il faut « dénazifier », et il n’est donc pas surprenant que ceux qui accusent nos dirigeants de mettre en œuvre la solution finale, soient intéressés par ce qui s’y passe, étant entendu qu’il s’agit également de mettre fin à un « génocide » mis en œuvre par une « junte » composée de « drogués » (voire de déviants), par une « opération militaire spéciale », sans doute animée des meilleures intentions, pour le bonheur du peuple.

Certes, il est facile de se focaliser sur ces régimes autoritaires qui déclarent la guerre comme on déclare son amour au sein d’un couple ou la communauté de vie est remplacée progressivement par une haine fabriquée et une histoire revisitée. Mais à l’heure des applications de rencontres furtives sans lendemain, les envies d’ailleurs, ce serait ignorer une autre partie de la planète qui mondialise à tout va et nous propose une autre forme d’autoritarisme basé sur l’injonction à consommer et à produire, quitte à commercer avec le diable.

Bienvenue donc, dans ce monde pacifié où le bruit des guerres est assourdi par un environnement cotonneux de publicités, de stars, d’influenceurs et de dirigeants tous plus beaux les uns que les autres, dont la vie merveilleuse s’affiche dans la presse people et fait saliver le bon peuple. Tout est lisse, chacun a droit à développer sa personnalité, et de dire qu’il est discriminé, chacun donne son point de vue, qui est souvent le copier-coller, sans recul, d’un avis déjà majoritaire et qui n’apporte rien de nouveau au débat. Les bruits de bottes sont soigneusement atténués, comme partout, par des « éléments de langage », de la « communication institutionnelle » qui remplace la propagande, ou la sous-traitance des basses œuvres : Blackwater d’un côté, Wagner de l’autre…

La notion de bonheur des peuples repose sur d’énormes mensonges fabriqués par ceux qui en profitent, d’un côté les milliardaires occidentaux qui façonnent notre monde à leur intérêt, affaiblissant les pouvoirs représentatifs et de l’autre les oligarques, milliardaires également, à la botte, cette fois, de dirigeants qui leur sous-traitent l’économie moyennant quelques retours sur investissements.

Deux blocs, deux systèmes porteurs d’une idéologie contrastée mais qui ont en commun le mensonge qui consiste à promettre le bonheur des peuples de leur zone d’influence qu’ils veulent conserver et étendre, quitte, dans une dernière pulsion folle, à les faire disparaitre sous un amas de bombes nucléaires pour leur prouver une dernière fois leur amour indéfectible.

Deux faces d’une même pièce, avec d’un côté Nixon, Trump ou Biden et de l’autre Staline, Kroutchev, ou Poutine avec sur la tranche, en équilibre instable, nos dirigeants européens et les pays théâtres de manœuvres économiques ou guerrières.

D’un côté comme de l’autre, des médias ne sont pas neutres : des plumes trempées dans le vitriol, des formules ciselées qui terrasseront plus sûrement l’opposant que n’importe quelle arme létale, des photos, des « reportages » avec des liens qui « prouvent » et empêchent de penser par soi-même.

Après avoir constaté l’émergence d’une génération spontanée de scientifiques et d’épidémiologistes autoproclamés lors de la pandémie du Covid, nous voici devant des bataillons de stratèges et de journalistes en treillis dans leur canapé, qui ont souvent en commun l’utilisation abusive de qualificatifs outranciers et dont l’équilibre dans le propos n’est pas la première vertu.

Pendant ce temps, la non-élection présidentielle en France va se terminer par un plébiscite à la Loukachenko sur fond de spectre nucléaire. La peur, il n’y a que ça de vrai pour faire taire ceux qui auraient des velléités démocratiques.

Les candidats déclarés en seront réduits à faire de la figuration pendant que le pays reconduira son sauveur en oubliant de dire que les saillies gouvernementales sur la psychologie de Poutine et le rappel de « l’alliance nucléaire » par un Ministre des affaires étrangères qui manie la provocation auront contribué à la radicalisation d’un dictateur qui n’en attendait pas moins. 

 

*Rudyard Kipling

 


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