La république de Jasmin, Acte II an 1

par Alcofribas Nasier
mercredi 9 février 2011

Une vingtaine de jours après la fuite du président Ben Ali, les écoles rouvrent peu à peu, les étudiants hésitent encore entre la rue et les salles de cours, l’excitation retombe, il reste un pays à reconstruire.

Dans cette reconstruction, quel rôle peuvent jouer les représentants de l’anciens régimes, ces organes du pouvoir totalement inféodés au président, à sa famille et à l’unique parti national ? par cette question est principalement visée la presse tunisienne. Hier encensant le pouvoir en place, aujourd’hui glorifiant un autre pouvoir en place. Quelle place pour cette presse qui aujourd’hui se confond en excuses confuses, prétend regretter son unilatéralisme et reproduit exactement le même schéma une fois passé de l’autre côté du miroir ?


Que ce soient « l’hebdo Tunisien », « La Presse de Tunisie », « le Quotidien » ou d’autres, tous reproduisent le même fonctionnement : une rédaction timorée et partisane aux prétentions journalistiques outrecuidantes. Quand les rédacteurs de la Presse de Tunisie écrivent leur incompréhension face au rejet de leur feuille de chou par la population, ils se pourfendent en excuses, nous expliquant, à nous lecteurs, la difficulté de leur ancien métier, les multiples pressions politiques qu’ils subissaient « d’en haut ». À la lecture de la presse tunisienne ces dix derniers jours, il semblerait qu’elle subisse aujourd’hui le même type de pression auxquelles elle était sujette naguère : la loi du plus fort.

Les discours dithyrambiques que l’on peut y lire concernant ladite révolution de Jasmin témoignent d’un fonctionnement rôdé. "La Presse" est dans sa 75ème année d’existence, le journal a été la vitrine des gouvernements Bourguibiens et Benaliens. Aujourd’hui on découvre, non sans une grande surprise, des journalistes abusés, éreintés, usés, fatigués mais aussi, selon leurs dires, soulagés et heureux. Tout comme la population tunisienne, ces journaux qui encore le 13 janvier relayaient les messages officiels du gouvernement et condamnaient les manifestations, descendent dans les rues en liesse, heureux du départ d’un président qu’ils qualifient aujourd’hui allègrement de despote, d’imposteur et de voleur du peuple.

Que croire donc ? que doit on penser de cette situation ? La presse tunisienne doit sortir de cet encensement généralisé et (re)trouver une dimension critique, être force d’analyse pour proposer et s’emparer de ce qui lui revient de droit, l’exercice du quatrième pouvoir. 
Cette toute jeune presse libérée doit sortir des sillons de pensées creusés depuis sa création et participer à l’imagination d’un avenir commun à toute une nation car une chose semble certaine, les tunisiens ne souhaitent plus lire cette presse inféodée aux plus forts et se lasseront de celle-ci aussi rapidement qu’ils l’ont adoptée.

Le coup d'état de Ben Ali avait déjà pour nom la révolution de Jasmin et laisse aux anciens un goût amer. L'acte II de la république de jasmin se déroule sous nos yeux et la presse se doit y jouer un rôle majeur : celui de contre pouvoir, rôle qu'elle peine encore aujourd'hui à exercer ...


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