La Syrie, lieu d’une guerre par procuration

par Nick
vendredi 10 février 2012

Le conflit interne en Syrie s’apparente progressivement à un théâtre d’affrontement entre des puissances extérieurs.

D’après une information révélée par le site israëlien Debka.com, spécialisé dans le renseignement militaire, la Grande-Bretagne et le Qatar auraient envoyés des unités de forces spéciales sur le territoire syrien, notamment dans la ville de Homs, quartier général des rebelles, afin de les assister dans leurs luttes armées contre le régime de Bachar el-Assad. Ces troupes étrangères ne seraient pas impliquées directement dans les affrontements, mais elles assureraient un rôle de conseiller tactique, de gestion des communications et de relais des demandes d’armes, de munitions et d’aide logistique à des fournisseurs eux aussi étrangers, notamment la Turquie. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré devant son parlement le 7 février dernier, que la Turquie était prête à proposer un plan alternatif suite au veto russe et chinois à l’encontre de la proposition de résolution à l’ONU condamnant la répression exercée par le régime syrien. Il a aussi affirmé que la Turquie préparait avec ses alliés occidentaux, une nouvelle initiative de soutien au opposants syriens, bien que le ministre des affaires étrangères turc, actuellement en visite aux Etats-Unis, nie toute implications de son pays dans l’armement de ces derniers. Selon les sources militaire et de renseignement de Debka, quatre centres d’opération auraient été établis dans autant de quartier de la ville, ceux de Khaldiya, Bab Derib et Rastan au nord, et Bab Amro à l’est. La situation qui se développe est donc largement similaire à celle de la Lybie, où déjà les forces spéciales française et britannique avaient largement aidées les opposants du feu Mouammar Kadhafi.

Bien que les médias occidentaux ne représentent les évènements que d’un point de vue partiel et partial, relayant inlassablement l’idée qu’un tyran noie dans un bain de sang des contestataires pacifiques, des observateurs indépendants, et notamment ceux envoyés par la Ligue Arabe, ont reportés que les deux camps sont réciproquement coupables de violence. Dans leurs rapport (consultable ici en anglais), les observateurs de la Ligue Arabe, originaire à la fois de pays alliés et ennemis du régime syrien, ont fait état des exagérations de la part des médias occidentaux des violences prenant place à l’encontre des opposants syriens, tout en soulignant les violences perpétrées par ceux-ci. La mort du journaliste français Gilles Jacquier symbolise bien le caractère non pacifique de l’opposition syrienne, un haut représentant de cette opposition ayant lui-même confié au Figaro qu’il s’agissait « d’une grosse bourde de la part des opposants », affirmation confirmée rapidement par un observateur de la Ligue Arabe ayant ensuite déclaré « Nous savons désormais qu'il y a eu une bavure commise par l'Armée syrienne libre.

Ce rapport ne confirmant pas les attentes des pays occidentaux, et par conséquent ne justifiant pas une intervention étrangère, en niant l’usage unilatérale de la violence par le gouvernement syrien, il fût largement ignoré par les médias occidentaux, et certains médias arabes. A noter qu’il fût adopté par le Conseil ministériel de la Ligue Arabe, malgré un unique vote négatif, celui du Qatar. L’émir du Qatar s’étant également déclaré personnellement en faveur de l’envoi de troupes sur le territoire syrien, la position de ce pays, allié des Etats-Unis dont il abrite des bases militaires, à l’égard de la situation en Syrie est sans équivoque. Il est publiquement favorable au renversement du régime syrien actuel, ce qui accrédite davantage la possibilité affirmée par Debka qu’il s’y emploi secrètement.

Si l’on en croit aussi l’information révélée par le journal israëlien Haaretz, selon laquelle le régime iranien aurait envoyé 15 000 soldats de sa Garde Révolutionnaire pour aider le président syrien, les troubles politiques actuels en Syrie peuvent s’apparenter à une guerre par procuration entre l’Iran et la coalition de pays opposée au développement du nucléaire iranien. Une guerre par procuration consiste à ce que deux puissances face usage d’un pays tiers afin de s’affronter, mais pas directement. La Guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS en étant le meilleur exemple, multipliant les fronts de guerre par procuration, de la guerre civile grecque à la guerre d’Afghanistan, en passant par celle du Viêt Nam. Ainsi cette guerre par procuration en Syrie, ou guerre civile sous le masque d’une révolution, peut être appréhendée comme un moyen de fragiliser et d’isoler davantage l’Iran avant de l’agresser. Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien, autorité politique dont le but est de coordonner tous les opposants à mener des opérations contre le régime de Bachar el-Assad, l’a affirmer le 2 décembre 2011 dans une interview accordée au Wall Street Journal : "Il n'y aura pas de relations privilégiées avec l'Iran" et "Rompre la relation privilégiée signifie la rupture de l'alliance stratégique militaire".


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