La tension s’accroit au Tibet, dans et autour du monastère de Kirti, laissant craindre une répression massive

par Tibet Libre
mercredi 20 avril 2011

Après l’immolation d’un moine le 16 mars 2011, le monastère de Kirti, où se trouve 2500 moines est encerclé par l’armée et la police chinoise, inquiétant les habitants de la région, qui manifestent. Des centaines de personnes ont été arrêtés, et 35 emprisonnés. La monté de la tension fait craindre une répression comme en a connu le Tibet en 2008. En exil, le Dalaï-lama et d’autres responsables appellent les Tibétains et les autorités chinoises à la retenue. Ils appellent aussi la Communauté internationale à agir de façon à éviter la situation de terreur où fut plongé le Tibet en 2008.

La tension s’est accrue à Ngaba, dans la région de Kardzé, dans la province tibétaine du Kham incorporée au Sichuan. Après l’immolation le 16 mars 2011 devant le siège du gouvernement local de Phuntsok, 21 ans, un moine du monastère de Kirti (ville de Ngaba), les moines et les civils de la région ont souhaité organiser des manifestations. Roué de coup par la police, Phuntsok est décédé à l’hôpital. La police a bouclé le monastère, dispersé et arrêté les manifestants. Les moines responsables du monastère sont sortis pour tenter de calmer la foule qui affluait au monastère. Des centaines de personnes ont été arrêtées, 35 sont emprisonnées, et deux femmes ont été sérieusement blessées par la police. Pour protester, une école de la région organise une grève de la faim. Après ces manifestations, les autorités chinoises ont envoyé l’armée. Des barrages militaires et policiers bloquaient les étrangers sur plusieurs centaines de kilomètres. Les mesures semblent aussi vouloir dissuader la sortie de toute photo compromettante. Depuis le 9 avril, le monastère de Kirti est assiégé par des milliers soldats chinois. Les 2500 lamas y sont assignés à résidence sans que personne ne puisse leur rendre visite, et les habitants ne sont plus autorisés à procurer des aliments aux moines comme c’est l’habitude. Les denrées alimentaires commencent à leur manquer, mettant en danger la santé de ces milliers de personnes. Dans la région, les moines des autres monastères sont contraints à des séances de « rééducation politique ». 

Pour faciliter leur contrôle du monastère de Kirti, les autorités chinoises ont mis en place un mur l’encerclant, ne laissant que 3 portes sous la garde de soldats armés. Les soldats et la police pénètre dans les habitations de moines au hasard, et les fouillent. Au moins cent moines ont disparu dans le Comté de Ngaba depuis le 16 mars 2011, selon le Centre tibétain pour les droits de l’homme et la démocratie.

A l’extérieur du monastère, des policiers ont lâché des chiens et ont frappé des habitants de la région. A Kardzé, 3 jeunes sont recherchés par les forces de l’ordre, accusés d’avoir collé des d’affiches appelant à l’indépendance du Tibet. Leurs parents furent incarcérés et condamnés à de très lourdes amendes, la liberté leur étant promise contre la réédition de leurs enfants.

En exil, le Dalaï-lama, et les responsables du monastère, Kirti Rinpoché, appellent les Tibétains et les autorités chinoises au calme et à la retenue dans leur gestion de la situation. Cinq ONG importantes basées à Dharamsala : le Congrès de la jeunesse tibétaine, l’association des femmes tibétaines, le Parti national démocratique du Tibet, l’association GuChuSum des anciens prisonniers et Etudiants pour un Tibet libre (Inde), craignent que les autorités chinoises ne prennent prétexte des manifestations pour réprimer durement les Tibétains. Dans cette même région, en mars 2008, les policiers avaient tiré sur les manifestants sans défense, tuant au moins 7 personnes et en blessant d’autres.

Le 15 avril 2011, dans son appel à la retenue, le Dalaï-lama déclare : « Je suis très préoccupé par cette situation qui, si on la laisse continuer, peut devenir explosive, avec des conséquences catastrophiques pour les Tibétains de Ngaba. Prenant en compte ces considérations, j’exhorte les moines et les laïcs tibétains de la région à ne rien faire qui puisse être utilisé comme un prétexte par les autorités locales pour exercer une répression massive sur eux. Par ailleurs, je presse instamment la communauté internationale, les gouvernements du monde entier, les organisations internationales non gouvernementales, de persuader les autorités chinoises à faire preuve de retenue face à cette situation. »

Le 18 avril, le Congrès de la jeunesse tibétaine, la plus grande organisation non gouvernementale tibétaine, une association qui, au contraire du Dalaï-lama, cherche l'indépendance complète du Tibet, fit appel aux Nations unies et aux gouvernements pour qu’ils interviennent et fassent pression sur le gouvernement chinois afin qu’il retire ses troupes du monastère de Kirti  Cette ONG a aussi lancé un relai de grève de la faim pour protester contre cette situation tendue  à Ngaba. Dès le premier jour, 15 moines de l’Institut de dialectique bouddhiste y ont participé.

Le député britannique Edward McMillan-Scott, Vice-président du Parlement européen responsable de la démocratie et des droits de l’homme, et membre de l’ Intergroupe parlementaire Tibet a condamné la « brutalité » des autorités chinoise au monastère de Kirti, les appelants à respecter la convention de droits de l’homme de l'ONU, et à libérer les 35 moines détenus.

Trois ans après la répression implacable des manifestations des Tibétains en 2008 qui entraina plusieurs centaines de morts, des milliers de disparus et de prisonniers, la Communauté internationale ne peut ignorer une fois encore la situation au Tibet, abandonnant les Tibétains sans même qu’une enquête de l’ONU ne soit dépêcher sur place.  


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