La Turquie, un modèle pour le monde musulman ?

par Peyiba
jeudi 10 février 2011

Ces dernières années, l’image de la Turquie auprès de la rue arabe n’a cessé de s’améliorer. Alors que les gouvernements précédents n’avaient d’yeux que pour l’Union Européenne, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a décidé d’orienter davantage sa diplomatie en direction de ses voisins orientaux. La Turquie a en effet une carte très importante à jouer auprès de ses voisins musulmans.

Depuis quelques années, la Turquie a amorcé un tournant dans sa politique étrangère. En effet, sous l'impulsion du Premier Ministre Erdogan, le pays a entamé un processus de normalisation de ses relations avec ses voisins et a lancé une politique de "zéro conflits". Ainsi, Ankara s'est rapproché du monde arabe, s'est éloigné d'Israel et des Etats-Unis et discute à présent avec l'Arménie.

Alors que l'ensemble du monde arabe est à présent pris d'un vent de liberté, il convient de se demander si la Turquie, démocratie laïque et pays musulman, peut être un bon exemple pour ces Etats.

Un sondage récent, conduit par la Fondation turque pour les études économiques et sociales (TESEV) et consacré à la perception de la Turquie par la population de sept pays du Moyen-Orient (Egypte, Jordanie, Liban, Palestine, Arabie Saoudite, Syrie, Irak et Iran) montre que ce pays est souvent cité comme étant un modèle dans ces pays.

Selon deux tiers des personnes interrogées, la Turquie représente l'union réussie entre Islam et démocratie. En Jordanie, au Liban, en Palestine et en Syrie, ils sont plus de 70 % à le penser. Les Egyptiens et les Iraniens sont sensibles à l'indentité musulmane de la Turquie, tandis que les Jordaniens, les Palestiniens, les Saoudiens et les Syriens applaudissent surtout la politique arabe d'Ankara et sa défense des droits des palestiniens. L'affaire de la flotille de Gaza a été extrêmement positive pour l'image de la Turquie dans le monde musulman.

Les Libanais, eux, admirent davantage le caractère démocratique du gouvernement Turc et les Irakiens sa « structure politique laïque ». Dans l'ensemble de ces pays, la Turquie est assimilée à son identité musulmane pour 15 % des personnes interrogées, son économie pour 12 %, son gouvernement démocratique pour 11 %, et enfin son attitude de défense des droits des palestiniens et des musulmans pour 10 %.

Parmi ceux qui refusent de faire de la Turquie un modèle, c’est la « carence » religieuse qui est la principale raison avancée : pour 12 % des personnes interrogées, cela est dû à la structure laïque de l’Etat, pour 11 % au fait que le pays n’est pas suffisamment musulman, et pour 10 % à cause de ses rapports avec l’Occident.

On le voit, l'admiration sinon la sympathie pointe dans la perception de la Turquie par ses voisins arabes. Erdogan a défendu à plusieurs reprises la population de Gaza contre Israël, il a toujours évité de dénoncer les violations des droits de l’Homme dans les pays musulmans, par exemple pendant la répression de la « Révolution verte » en Iran, et avait même défendu Omar el-Béchir en disant qu’« un Musulman ne peut commettre de génocide ».

La clé pour Ankara réside maintenant dans sa capacité à capter efficacement les nouvelles aspirations des populations arabes révoltées pour que sa bonne image ne se traduise pas seulement par une normalisation de ses relations avec ses voisins, mais également par la transformation de la démocratie Turque en un modèle à accomplir pour ses voisins.


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