Le Brésil écorne son image libérale et « écolo »

par Alain Rojo
vendredi 27 mai 2011

Sous la pression des lobbies religieux et ruralistes, le gouvernement Brésilien revient en arrière sur la protection de la forêt et les libertés individuelles.

L'image du Parti des Travailleurs (PT de Lula) et du gouvernement brésilien dans l'opinion publique a pris plusieurs grandes "claques" ces derniers jours à la suite de nombreux voltes faces du gouvernement brésilien sur des sujets sensibles comme la protection de la forêt amazonienne, la liberté d'expression et l'ouverture sur la question des libertés sexuelles.

Tout a commencé par la découverte d'une "bizarrerie" dans les comptes personnels de l'actuel "Ministro-chefe da Casa Civil" Antonio Palocci (équivalent du 1er ministre), qui a vu son patrimoine se multiplier par 20 en 4 ans, et qui vient d'acheter 2 appartements de luxe pour une valeur proche de 10 millions de Reais (4 millions d'euros).

L'opposition de droite s'est jeté sur cette nouvelle et a commencé une forte pression pour ouvrir une commission d'enquête sur ces faits troublants.

Or, Antonio Palocci, grâce à une amitié "historique" avec la présidente Dilma Roussef et l'ex président Lula, est férocement défendu par le gouvernement, qui veut étouffer au plus vite ce début de scandale potentiel.

Les minorités alliées au PT pour composer une majorité au parlement ont sauté sur cette occasion et pratiqué le chantage suivant : ou bien le gouvernement revient en arrière sur certains décrets ou projets de loi, ou bien ils appuient la demande de commission d'enquête de l'opposition.

Et ça fonctionne très bien ! Ces derniers jours, plusieurs décisions "surprenantes" ont ébranlé la confiance du peuple brésilien envers Dilma Roussef et le PT. En voici la liste :

- Vote du "Codigo Florestal" (Loi sur la Protection de la Forêt)

- Suspension de la distribution du "Kit Gay"

- Interdiction d'une manifestation pour la légalisation des drogues douces

Toutes ces décisions, et les discussions qui en résultent, ont un autre effet pervers : les députés passent tout leur temps à se battre sur ces sujets, et ne font plus leur travail. L'assemblée et le gouvernement brésilien ressemblent de plus en plus à la cour de Versailles sous Louis XVI, se contentant de régler leurs problèmes politiques internes dans un monde clos en oubliant totalement le peuple brésilien, pourtant dans l'expectative de grandes réformes politiques, économiques et sociales promises par Dilma Roussef lors de sa récente élection.

Si on ajoute l'immense retard dans la préparation des équipements devant recevoir la Coupe du Monde de "Futebol" de 2014 et les jeux olympiques de 2016, une grève générale des professeurs dont le salaire avoisine les 400 euros par mois, alors que l’éducation paraissait prioritaire pour Dilm Roussef, l’image d’un pays moderne et dynamique que le Brésil veut montrer au monde entier risque de s’effondrer dans les mois qui viennent.

Seule lueur d’espoir : la loi reconnaissant l’union civile homosexuelle est passée, juste avant le scandale Palocci. On peut imaginer ce qu’il aurait pu advenir de cette loi si elle avait dû être votée quelques jours plus tard …


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