Le cadeau de Paul Wolfowitz

par Michel Monette
vendredi 22 décembre 2006

La Banque mondiale avait un cadeau de Noël pour les travailleurs cette année. Paul Wolfowitz annonce que l’institution financière qu’il dirige ajoute aux préconditions de financement pour tous projets d’infrastructure celle de respecter les normes fondamentales du travail de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Wolfowitz étend ainsi aux travaux publics une obligation adoptée en début d’année pour le financement des entreprises privées.

En février 2006, la Société financière internationale - l’institution du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé - ajoutait aux normes de performance que doivent rencontrer ses clients pour obtenir des prêts à des fins de développement « le respect des principales normes du travail de l’OIT ainsi que des normes relatives à la sécurité et à la santé et aux compressions de personnel. » (Citation provenant du compte rendu de la 297e session de la sous-commission sur les entreprises multinationales du Bureau international du travail, page 4).

Ces conventions portent notamment sur le travail forcé, le travail des enfants, les pratiques discriminatoires, ainsi que sur le droit de s’associer et de négocier collectivement les conditions de travail.

À ce jour, la Conférence internationale du travail (l’assemblée des États membres de l’OIT) a adopté 186 conventions. La première, sur la durée du travail dans le secteur industriel, a été adoptée en 1919. La toute dernière, adoptée en 2006, porte sur le travail maritime (Titres officiels des conventions adoptées par la Conférence internationale du travail).

Ce que Wolfowitz vient d’annoncer est à la fois peu et beaucoup. Peu parce que la Banque mondiale et ses composantes devraient exiger le respect de toutes les conventions et normes internationales du travail. Beaucoup parce qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction.

Les entreprises, et bientôt les donneurs d’ouvrages publics financés par la Banque mondiale, doivent rencontrer des critères de performance et des engagements de respect du droit du travail au niveau local, sur la base de normes internationales. Nous verrons bien l’impact, bien maigre il est vrai, que cela aura sur les conditions de travail.

Le 10 décembre dernier, lors de la journée internationale des droits de l’homme, James Clancy du National Union of Public and General Employees (NUPGE), tout en rappelant que John Peters Humphrey, l’auteur de la première version de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, était né au Canada, soulignait à juste titre que les droits des travailleurs sont aussi des droits de l’homme , reconnus par l’article 23 de la Déclaration :

  1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
  2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
  3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
  4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Presque soixante ans plus tard, il était plus que temps que la Banque mondiale entame à son tour une croisade, timide il est vrai, en faveur du respect des normes et conventions internationales du travail.

Paul Wolfowitz en Père Noël !


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