Le cauchemar de Sarah Palin

par Allain Jules
lundi 27 octobre 2008

Au pays de l’oncle Sam, les rêves existent bel et bien. En revanche, on voit mal comment le combat d’une vie, celui de John McCain, se transformera en réalité. Quant à Sarah Palin, elle voit son avenir politique s’inscrire en pointillé, tancé désormais, par les cadres du GOP (Grand Old Party). Ils ne sont pas tendres avec la Hockey Mum.
De booster à boulet de John McCain
 
L’arrivée de Sarah Palin sur le devant de la scène politique américaine fut accueillie avec sarcasme et joie du côté républicain, alors que, du côté démocrate, c’était l’inquiétude. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et la gouverneure Palin, donc, est victime de son succès éphémère et de ses bévues répétées.
 
« L’effet Palin » n’a pas fait long feu, il s’est même dégonflé comme un ballon de Baudruche. Les efforts du vieux sénateur de l’Arizona qui tenta en vain de la protéger des attaques, justifiées ou non, ont accouché d’une souris. Les critiques fusent. Les tirs à boulets rouges se multiplient à son encontre et Sarah Palin est remontée contre l’entourage de John McCain. Une crise couve, à huit jours à peine de l’élection du 4 novembre prochain…
 
Un temps même, John McCain s’est vu éclipsé par la beauté de la dame, dont les journaux s’accaparaient l’histoire abracadabrantesque entre Wassila et Enchorage en Alaska, en passant sur sa foi chrétienne, sa fille mineure enceinte ou encore son abus de pouvoir qui firent les choux gras de la presse. Malgré un dernier syncrétisme rudimentairement hypocrite et démagogique de la Fox et autresTownhall, rien n’y fait…
 
Du paradis en enfer
 
Le premier à sonner la charge contre Sarah Palin par une déclaration tonitruante est Joe Lieberman, sénateur du Connecticut, ex-démocrate et désormais républicain qui a dit, en parlant de la gouverneure de l’Alaska : « Dieu merci, elle n’aura pas à être présidente dès le premier jour. McCain sera en vie et bien portant. » Il y a aussi plus étonnant de la part de certains républicains influents, qui tournent le dos à John McCain, en prônant même un vote en faveur de Barack Obama. 
 
Ces nouveaux « obamistes » sont nombreux. Le coup porté notamment par la National Organization for Women (NOW), malgré la nomination d’une femme comme colistière du ticket républicain, a été une onde de choc au sein du GOP. De Colin Powell en passant par Scott McClellan, ex-porte-parole de Bush, Arne Carlson, ancien gouverneur du Minnesota ou encore de William Weld, ex-gouverneur du Massachusetts, dont le jugement dithyrambique sur la personne d’Obama a fait le tour des médias, ce n’est pas la fête.
 
Sarah Palin se plaint aujourd’hui, semble-t-il, des conseillers de John McCain, qui ne lui permettent plus de parler aux médias, allant même jusqu’à les accuser de sexisme. Le décor est planté. C’est ainsi qu’un des « accusés » a déclaré récemment que Sarah Palin n’était qu’un âne, qui ne faisait qu’à sa tête.
 
Obama toujours plus haut, malgré le blues de Palin
 
Barack Obama, quant à lui, continue d’écumer le terrain et c’est devenu une habitude à chacun de ses déplacements. Hier, dimanche 26 octobre 2008, il a rassemblé près de 100 000 personnes dans l’Ohio, tandis que son adversaire, dans l’Iowa, n’en comptait que 2 000 dans son meeting à l’université de Cedar Falls.
 
Sarah Palin, qui se dit victime des proches de McCain, va poursuivre son marathon pour essayer de redevenir celle qui a charmé l’aile dure des républicains. Ainsi, elle a déclaré qu’elle avait rendu ses vêtements somptueux offerts par le GOP et que, désormais, elle apparaîtrait sur scène avec ses propres habits, achetés dans… une braderie à Anchorage en Alaska.
 
Loin de l’impudicité, Sarah Palin parle d’un signe de Dieu. La main du Très-Haut serait sur sa vie, son destin et elle est convaincue qu’il fera quelque chose, pas forcément pour elle, mais pour l’Amérique. Discours après discours, malgré les foules qu’elle continue de galvaniser, elle devient, il me semble, le vrai bouc émissaire qui risque de porter la responsabilité de l’échec, bien sûr, s’il y a échec le 4 novembre prochain.
 
>>>Allain Jules
 
 
(crédit photo/Bloomberg)

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