Le cauchemar étasunien, partie 8 : un pays impérialiste
par Laurent Herblay
lundi 6 novembre 2017
Les Etats-Unis ne sont pas seulement durs avec leurs habitants, ce pays est aussi extrêmement violent avec le reste du monde, en se comportant d’une manière particulièrement arbitraire, que ce soit de manière diplomatique, militaire ou économique. Petit retour sur le lourd bilan des dernières années.
Défense brutale de leurs intérêts
D’abord, le temps n’est pas tendre avec les interventions extérieures étasuniennes, en Afghanistan ou en Irak. Quinze ans après, on voit bien que l’Oncle Sam n’a laissé qu’un champ de ruine, fertile pour tous les extrémismes, et un bilan finalement désastreux pour la population civile, qui, outre les dégâts de la guerre, subit des années après l’effondrement d’un Etat ne laissant qu’un désordre ravageur. On peut voir aussi aujourd’hui que l’intervention en Libye n’était pas une bonne idée, le pays étant encore un champ de ruines où s’affrontent des factions dont certaines semblent connectées avec les réseaux terroristes, au détriment même d’une population qui pourrait regretter l’ancien régime.
Qui plus est, les interventions étasuniennes fleurent bon l’arbitraire et les intérêts bien compris, quand on pense à cette guerre du Koweit du 1991, pour un pays producteur de ce pétrole si nécessaire à l’Oncle Sam. L’intervention afghane a tout de l’opération de communication post 11 septembre, et on sait aujourd’hui que les justifications de la seconde guerre d’Irak n’existaient pas. Bref, le comportement extérieur de Washington est tout aussi violent qu’arbitraire, peignant un drôle de portrait de ce pays qui prétend pourtant incarner la liberté, la démocratie et la coopération internationale, mais qui bafoue ces valeurs avec une grande légèreté. Et que dire du passif en Amérique latine ou du blocus inique de Cuba ?
Mais ce comportement ne s’arrête à la diplomatie et aux guerres. L’impérialisme étasunien s’exprime aussi largement dans le domaine économique. Washington utilise deux armes conjointes : le dollar, et un droit considéré comme s’appliquant à l’ensemble de la planète, cette extra-territorialité sur laquelle Hervé Juvin avait fait un bon dossier. Voilà comment les Etats-Unis peuvent racketter BNP Paribas, pour reprendre l’expression de The Economist, de 9 milliards, dans un jugement qui ressemble à de l’extorsion. Dans la même veine, l’Oncle Sam avait imposé à PSA, qui ne vendait pas une voiture aux USA, de ne plus vendre de voitures en Iran, tout en ouvrant la voie à ses constructeurs nationaux…
On peut s’interroger sur les moyens utilisés par les Etats-Unis dans cette guerre économique, comme la lourde condamnation d’un dirigeant d’Alstom peu avant le rachat partiel par General Electric. Plus globalement, l’ensemble des épisodes qui ont mené au rachat d’Alstom par GE est troublant, comme le montre ce reportage. Les récentes passes d’arme entre Boeing et Bombardier au sujet des aides qu’ont apportées le Canada et le Royaume-Uni au petit constructeur canadien indiquent le caractère agressif des Etats-Unis, et « hypocrite », selon The Economist. Enfin, la Tribune soulignait récemment qu’Airbus était sous la menace d’investigations venues des Etats-Unis dans un jeu diplomatico-légal effarant.
Comme dans beaucoup de sujets, les Etats-Unis semblent surtout promouvoir la loi du plus fort, bien plus arbitraire que respectant une véritable coopération internationale. En somme, sans doute enivré par l’ubris de sa puissance, Washington promeut un modèle où le plus fort, souvent le plus riche, peut imposer sa loi. Gare à la chute quand la Chine l’aura dépassé, ce qui ne devrait pas tarder.