Le courage de Mahmoud Abbas

par Alain Hertoghe
mercredi 14 juin 2006

Mahmoud Abbas a du courage. Politique et physique. Car en décidant d’organiser, le 26 juillet prochain ; dans les territoires palestiniens, un référendum sur un texte reconnaissant le droit à l’existence de l’Etat d’Israël, il défie ouvertement le mouvement politico-terroriste islamiste Hamas. Mais le président de l’Autorité palestinienne sait que c’est la seule voie à prendre pour laisser entrouverte la porte de la négociation sur l’avenir de son peuple avec le gouvernement israélien.

La montée de la violence entre les troupes du Fatah et celles du Hamas, spectaculaire ce lundi, laisse craindre le pire. Le parti islamiste, vainqueur démocratique des dernières élections législatives palestiniennes, n’entend pas se laisser dépouiller de sa légitimité populaire récemment acquise. Mais, même s’il contrôle le gouvernement et le parlement, son pouvoir s’effrite : les fonctionnaires ne sont plus payés, à la suite de l’interruption de l’aide américaine et européenne, et les services de sécurité lui échappent.

Mahmoud Abbas a d’autant plus de courage que si le Hamas lui est hostile, et si le Fatah fait monter les enchères, Israël ne lui facilite pas la tâche. Ce n’est que du bout des lèvres et quand il voyage en Europe, que le premier ministre Ehoud Olmert dit souhaiter une négociation avec les Palestiniens. Son objectif prioritaire, approuvé majoritairement par les Israéliens, est de tracer unilatéralement les futures frontières de l’Etat hébreu. Il a d’ailleurs qualifié de futile le référendum d’Abbas...

Ehoud Olmert est certes dans son bon droit en frappant sans relâche les groupes terroristes palestiniens. Ces derniers, après tout, font des civils israéliens leurs cibles prioritaires, contrairement à Tsahal qui, visant des terroristes en milieu urbain, fait involontairement des victimes civiles. Mais le premier ministre israélien n’est évidemment pas à l’abri d’une poussée de réprobation internationale et d’émotion nationale quand son armée est accusée d’une bavure, comme celle de la plage de Gaza le week-end dernier. Ce qui fait le jeu des extrémistes palestiniens.

S’il s’avérait toutefois, comme l’a affirmé mardi le ministre israélien de la défense après enquête, que le drame de la plage de Gaza a été causé par une mine posée par le Hamas, l’organisation terroriste devra alors s’expliquer devant les Palestiniens sur cette bavure ou provocation dont elle a pris prétexte pour rompre sa trêve avec Israël. Cela signifierait que les islamistes palestiniens sont prêts à tout pour empêcher le référendum d’Abbas et des négociations avec le gouvernement Olmert. Y compris à une escalade militaire aux conséquences imprévisibles avec Tsahal et le Fatah.


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