Le Forum de toutes les alternatives a-t-il atteint l’âge de la raison ?

par Michel Monette
mercredi 24 janvier 2007

Sept ans de rencontres internationales autour de l’idée de construire un monde différent, alternatif d’une mondialisation affairiste : le Forum social mondial est devenu un phare pour une mouvance plus ou moins hétéroclite. En cette septième (et dernière ?) année, c’est depuis Nairobi, au Kenya, qu’il souhaite indiquer la direction à tous ceux qui en appellent à une autre mondialisation. Quelle direction au juste ?

Mobiliser les esprits, les coeurs et surtout les actions quand un mouvement prend plutôt les allures d’une marche vers un but plus ou moins défini n’est pas chose facile. Il suffit de lire la présentation qu’en fait Samizdat pour le réaliser. Plus de dix mille participants viennent de partout dans le monde débattre de « sujets aussi divers que le changement des institutions internationales, l’annulation de la dette, les migrations et le développement, la souveraineté alimentaire, les femmes, la privatisation des services publics, les droits humains, la lutte contre les guerres... » Une belle macédoine.

Bien sûr, il va demeurer des cinq jours du Forum de belles solidarités entre l’Afrique et le reste du monde. Mais osera-t-on aborder la délicate question de l’inefficacité des ONG, particulièrement les grandes ONG, liées qu’elles sont par leur financement et leur désir d’être écoutées à l’Onu ?

Il est beaucoup plus facile de blâmer les Africains que de reconnaître les échecs répétés d’un néomissionnariat international à la sauce onusienne reposant sur une alliance d’autant plus destructrice qu’elle ouvre la porte au FMI, à la Banque mondiale et à tous les petits arrangements multi et bilatéraux qui n’ont fait qu’une chose depuis les vingt dernières années : affaiblir les États et les programmes et services publics.

L’altermondialisme tire sur tout ce qui bouge. Justement, le Kenya est le pays par excellence des safaris. Puisque les gros gibiers (les multinationales) sont inaccessibles, que va-t-on chasser ? Et quelle est cette idée d’une grande marche dans un bidonville, bien entourés de forces de sécurité privées ? Qu’est-ce que ça va donner à ceux qui y vivent ?

On connaît le proverbe : « Qui trop embrasse mal étreint. » C’est le dilemme que vit l’altermondialisme depuis le tout début. Ces grand-messes que sont les forums sociaux mondiaux coûtent de plus en plus cher, ce qui est le comble de leur existence : les plus pauvres d’entre les pauvres, pour qui on prétend se battre, n’auraient tout simplement pas les moyens d’y assister.

En fait, quand on examine de plus près l’articulation du Forum, on réalise à quel point le capitalisme a de beaux jours devant lui : tout y est d’une telle évanescence, un peu comme ces idoles installées dans une niche de la maison pour se protéger des mauvais esprits.

Tout est centré aussi sur les causes du mal, mais elles sont déjà connues. Il faudra pourtant bien un jour méditer sur cette maxime de Socrate : Connais-toi toi-même. Mais c’est là une méditation qui pourrait bien faire éclater l’altermondialisme.

Inutile de vous renvoyer sur le site du 7e Forum social mondial, il est désespérément vide de contenu.


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