Le fromage du Kremlin

par olivier cabanel
mardi 28 février 2023

La situation ukrainienne a fait naître des polémiques, et chacun y va de sa petite analyse, mais, interviewé à France Inter, Glucksmann a proposé une réflexion intéressante sur la situation ukrainienne.

C’était le 18 février dernier, sur l’antenne de France Inter, dans l’émission d’ Ali Baddou « le grand face à face  », et interviewé par Natacha Polony et Gilles Finchelstein, l’euro député a proposé une vision différente de la situation.

Le premier jour de cette guerre, il écrivait : « nous avons sous les yeux le spectacle de la mort du mythe de la fin de l’histoire (…) 20 ans d’aveuglement sur la véritable nature du pouvoir russe nous a mené au bord du gouffre ... ».

Diriez-vous que nous avons enfin ouvert les yeux ? demande alors Natacha Polony, l’une des journalistes de l’émission.

Dénonçant les longs mois qu’il a fallu pour se décider à proposer aux ukrainiens les moyens de se défendre, le politologue affirme « qu’il faut que la Russie perde, car si Poutine l’emportait c’est l’ensemble du continent européen qui serait déstabilisé...  »...ajoutant que nous ne faisons pas tout ce qu’il faut pour y parvenir, et que « ce que nous faisons pour l’Ukraine, nous le faisons surtout pour nous même ».

Il précise sa pensée : «  le culte de la violence, l’impérialisme sans borne, une idéologie ultra réactionnaire au pouvoir, la xénophobie d’état, toutes les caractéristiques du fascisme se retrouvent dans Poutine ... », mais Glucksmann pense que nous n’avons pas encore pris les mesures du danger que représente le chef du Kremlin pour l’Europe.

Il remarque que nous avons jusqu’à présent eu « une attitude conciliante » vis à vis des mauvaises actions menées par Poutine : prise du pouvoir par la guerre en Tchétchénie, (100000 morts), démembrement de la Géorgie, annexion de la Crimée, suivie par l’invasion du Dombas, puis Alep, la Syrie...espérant que notre silence, voire notre inaction, européens allait ramener Poutine dans « le droit chemin »...mais il n’en n’a rien été.

Sauf que « Poutine n’a pas envie de s’asseoir autour d’une table de réconciliation, mais il a surtout envie de la renverser, cette table ».

Le député européen pense que « nos dirigeants se sont trompés dans leur analyse sur la Russie », et qu’ils pensaient que cette guerre serait courte, vu les premiers succès remportés, et que les ukrainiens reprendraient rapidement leurs territoires perdus... nouvelle erreur.

Or d’après le politologue, la défaite de Poutine passera par un échec militaire, sinon, il ne viendra jamais s’asseoir à une table de négociation.

Mais, il constate que « les armes arrivent au compte goutte  » et que le rapport de force est loin d’être engagé.

Les intervieweurs l’interrogent alors sur la nature de Poutine, et sur le moteur qui le mène à toutes ces actions, ce qui amène la réponse du questionné : pour l’autocrate russe, tout à commencé dans les années 80/90 lorsque le maître du Kremlin a constaté l’effondrement de l’URSS, et qu’il découvre l’effondrement de son univers.

Il nourrit depuis un sentiment d’humiliation, porté par la volonté d’une revanche, qui anime aujourd’hui sa politique, et les choses ne redeviendront pas paisibles tant que Poutine sera au pouvoir.

Et quid de notre indépendance s’interroge Glucksmann ?

Tant que nous n’aurons pas des capacité d’autodéfense, notre indépendance énergétique, au-delà de nos discours souverainistes, nous continuons à être dépendants des États Unis.

Or depuis la crise sanitaire, nous avons découvert les limites de notre indépendance, nous ne savions pas fabriquer des masques, du doliprane etc..et on ne sait pas non plus fabriquer des munitions affirme Glucksmann.

Puis il en vient aux « sanctions »…lien

Ne sommes nous pas un peu naïfs en pensant que le blocage des avoirs russes dans le monde pourrait réellement Poutine ?... car finalement, il est impossible juridiquement de les utiliser, même s’il s’agissait de reconstruire l’Ukraine. lien

Quant aux sanctions… au train de sanctions… sont-elles vraiment efficaces lorsque l’on sait que le gaz russe que nous n’achetons plus est vendu ailleurs

...en Chine, aux Indes...et que du coup, nous nous rendons dépendants du gaz de schiste américain, lequel, on le sait, est écologiquement peu défendable. lien

Même si les avis divergent, ils sont quant même quelques uns a constater que l’économie russe résiste mieux que prévu aux différentes sanctions. lien

Finalement, avec un peu de recul, on ne peut que constater, qu’au delà des « coups de menton » européens, convaincus de pouvoir faire plier le pouvoir poutinien, les « sanctions » n’émeuvent pas autrement l’autocrate russe, lequel a rapidement trouvé la parade pour continuer à faire rentrer des devises ...et en même temps, paradoxalement, les mesures prises contre la Russie, ont provoqué quelques bouleversements dans nos économies, nous obligeant à nous procurer un carburant cher, peu compatible avec la lutte contre le changement climatique, faisant grimper vertigineusement le risque inflationniste.

L’économiste Jacques Sapir ne dit pas autre chose. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « jette un os au chien pour l’empêcher de te mordre  »

le dessin illustrant l’article est de Kichka

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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