Le G20 le sommet de la mystification

par logan
jeudi 2 avril 2009

Surtout n’attendez rien de ce sommet qui n’a certainement pas pour but de mettre en place des solutions pour résoudre cette crise contrairement à ce qu’ils affirmeront. Ils vous parleront de régulation, lacheront sûrement certaines mesures concrètes insignifiantes, ils sacrifieront sûrement ce qui est trop visible, une goutte d’eau pour rendre crédible cette mystification, appelée moralisation, mais leur seul véritable but sera un travail d’équilibriste pour faire en sorte que surtout rien ne change, que tout continue comme avant, tout en faisant croire le contraire.

Et pour le comprendre il faut revenir au départ de cette crise.

Ce qu’il faut comprendre de cette crise c’est qu’elle a été générée au départ par une recrudescence de défaut de paiement des ménages américains qui s’étaient endettés pour acheter des logements sur des disaines d’années mais aussi de l’effondrement du marché immobilier américain au même moment.

Ce que feront ces dirigeants pour je ne sais quelle moralisation des acteurs économiques sera en total décalage avec les vraies raisons qui sont derrière l’enclenchement de cette crise.

D’abord la raison principale de cette crise est clairement le système néo libéral mis en place depuis une 40 aine d’années maintenant ( fin des années 60 / début des années 70 ).
C’est de cette idéologie, incarnée par Milton Friedman, qu’ont été inspirés les systèmes économiques , monétaires et financiers actuels. ( la mondialisation )
Le système monétaire actuel, inspiré des idées monétaristes de Friedman, et qui est central dans cette crise à plusieurs égards, est basé exclusivement sur l’endettement, sur la privatisations des banques et sur la privatisation de la monnaie.
Après la mise en place de ces systèmes, et particulièrement aux états-unis mais de toute manière partout ailleurs destinés officiellement à lutter contre l’inflation.
On fait désormais le choix de l’endettement plutôt que celui de l’augmentation des salaires, ( augmentation des salaires jugée responsable de cette inflation ).
En même temps on mettra en place le libre échange qui mettra en concurence directe des travailleurs aux salaires différents ce qui fera une pression salariale, concurrence censée faire baisser les prix ( et donc agir contre l’inflation ), et tant pis si cela mets fin au plein emploi ( jugé lui aussi comme inflationniste ) on se satisfera d’une dose de chômage ( qui sera une pression supplémentaire pour empécher l’inflation salariale ).
Et on préférera au final l’endettement de l’état plutôt que celui des ménages et des entreprises, endettement de l’état qui permettra justement faisant d’une pierre deux coups de limiter sa marge de manoeuvre, considérant que l’intervention de l’état dans l’économie, même s’il croit bien faire sur le court terme, sera toujours néfaste sur le long terme ( idées toujours venant de la même idéologie, Milton Friedman a eu son prix nobel de l’économie sur ses travaux sur les crises économiques théorisant qu’avant chaque crise il y a eu l’intervention de l’état ).
On libéralisera on privatisera absolument tout ce qui est possible ( pour les mêmes raisons ), et particulièrement les banques et la monnaie ( on transférera le pouvoir de création monétaire normalement pouvoir régalien de l’état aux banques privées ).

Je parlais du transfert de l’endettement vers l’état, il résulte justement de cette privatisation de la monnaie, vu que l’état se servait de la création de monnaie pour financer ses emprunts sans coût supplémentaire, par simple émission monétaire, ( en quelque sorte il s’empruntait à lui même sans payer d’intérêts), mais après cette privatisation de la monnaie ( et l’interdiction de ces émissions de monnaie par l’état jugées elles aussi inflationistes ) il fut obligé d’emprunter sur les marchés financiers et donc de payer des intérêts, c’est ainsi que fut créée la dette publique.

Cette privatisation de la monnaie a permis aux banques d’agir comme des faux-monnayeurs comme le dénonce le prix nobel d’économie Maurice Allais.
Ce pouvoir de créer de la monnaie leur permettant d’acquérir de véritables richesses, par le simple mécanisme du crédit. Le crédit étant une création de monnaie pour la banque, et les banques saisissant les biens, les richesses réelles généralement mises en garantie par les emprunteurs quand ils ne peuvent pas rembourser leurs crédits. Un faux-monnayeur acquiert lui aussi des biens réels en créant de la monnaie.
Et enfin cette idéologie de la liberté économique, c’est aussi des dérégulations en pagaille, principalement au niveau financier, dérégulations permettant la titrisation qui est à l’origine des mécanismes des subprimes et de la propagation de cette dette. Des dérégulations qui ont permis aux banques américaines de proposer des produits financiers très risqués qui nécessitaient des taux de remboursement qui furent interdits avec sagesse à la suite de la précédente crise des années 30 mais réautorisés depuis pour permettre les subprimes.
Des dérégulations qui ont consisté à lever les protections de toutes sortes mises en place durant les mêmes années comme cette protection qui consistait à séparer banque de dépot et banques d’affaires et à interdir au banques de dépot de participer aux marchés financiers pour éviter le plus possible la propagation d’une future crise financière à l’économie réelle et pour éviter les mouvements de panique de retraits des dépots qui avait conduit leur économie à la ruine en 29.
Dérégulations libre échange liberté et privatisation bancaires qui ont permis de créer les paradis fiscaux, l’apparition des hedge funds, principalement en cause dans l’opacité de la mauvaise dette qui a intoxiqué l’économie mondiale et principalement en cause dans la propagation de la crise et dans les comportements prédateurs qui ont conduit aux défauts de paiement à l’origine des ménages américains.
Comportements prédateurs aussi de certaines banques qui ont fait exprès de vendre des crédits à des gens dont ils connaissaient leur incapacité à pouvoir le rembourser pourtant mais comptant faire des profits sur la saisie de leur bien immobilier, sur la hausse du marché de l’immobilier, et croyant annuler les risques en les partageant à coup de montages financiers et de titrisation.
Tout cela avec la bienveillance ( qui a dit corruption ? ) des agences de notation de ces produits financiers et le concours des dirigeants des états apportant leurs garanties de remboursement via les entreprises fannie mae et freddie mac et incitant les gens à l’endettement par des campagnes d’accession à la propriété pour les plus démunis, le nouveau rêve américain ...
Tous ces gens n’ayant pourtant pas de salaires suffisants malgré leur travail ( politique de compression des salaires ) ou étant régulièrement touchés par le chômage ( délocalisations etc ... ), se laissant berner par les campagnes d’incitation du gouvernement et des banquiers leur vendant ce rêve américain, ont alors fait le choix séduisant des subprimes, le choix de l’endettement sur l’hyppothèque de leur bien immobilier ...

Prêts hypothécaires, et incitation à l’accession à la propriété, que Sarkozy, tel un visionnaire défendait lors de sa campagne présidentielle ;)



Bref derrière cette crise toutes les composantes de cette idéologie se recoupent et on voit que les pauvres mesures de moralisation qui sont proposées sont à des années lumières des véritables raisons de cette crise économique, et tout ceci continuera comme avant si rien n’est fait car évidemment quand les bulles financières finiront d’éclater ( si aucun bouleversement ( révolution / guerre ) n’a lieu entre temps), le système va finir par s’équilibrer, il se sera équilibré sur le dos sur la sueur des plus faibles, sur le dos des travailleurs, car seul le travail est créateur de vraies richesses et les privilèges et les libertés des vrais responsables seront préservés ...

Où est la morale franchement quand seules les victimes payent le coût de cette crise et quand les responsables continuent de s’enrichir, le comble avec l’aide de l’état qui intervient pour les sauver alors qu’ils ont passé tant d’années idéologiquement à décrier à discréditer et à dénigrer les interventions de l’état dans l’économie ? est-ce que vous croyez vraiment que les priver de bonus ou de stock options va changer quoi que ce soit de fondamental à cette triste réalité ?

Ces gens là ne veulent qu’une chose, conserver ce système coûte que coûte. Et c’est ce qu’ils s’emploient à faire en parlant de moralisation du capitalisme, ils désignent comme responsable le manque de moralité de personnes qu’ils se garderont bien de nommer pour éviter d’avoir à remettre en cause le système qui les enrichit, qui leur donne du pouvoir, qui leur octroie des privilèges alors que c’est pourtant bien le système et l’idéologie qu’il y a derrière qui sont bel et bien viciés ...

Bref pour en revenir à la crise en elle-même, ce sont ces montages financiers devenus sans valeur du fait de l’effondrement du marché immobilier et du fait de la recrudescence de défauts de paiement dans le remboursement des crédits hypothécaires dits subprimes qui ont déclenché toute cette crise.

Cette crise s’est propagée par la titrisation, car le monde entier possède des produits dérivés de ces subprimes. Les commerciaux des banques ont bien fait leur boulot vu que l’on a retrouvé de ces produits financiers jusque dans les comptes de communes ou de collectivités en France ...
Mais si la crise perdure et si la crise s’amplifie ( ce qu’on se gardera bien de dire ) c’est parce que dans l’incapacité de résoudre cette crise au moment où il le fallait, et loupant chaque occasion de se rattraper, cette crise s’étant finalement propagée à l’économie réelle devenant ainsi récession économique, ces paquets de mauvaises dettes qui représentaient au départ quelques centaines de milliards et qui étaient bien identifiés et circonscrit ( subprimes produits dérivés etc ... etc ... Paulson les estimait à 700 milliards de dollars dans son 1er plan ), celles-ci ont gonflé aujourd’hui et se sont transformées en milliers de milliards de mauvaise dette.
Le mécanisme est simple, la récession met des gens au chômage qui sont encore moins dans la capacité de rembourser leurs dettes, et pareil pour les entreprises, dans ces conditions les banques ne peuvent plus prêter d’argent, la récession fait gonfler ces mauvaises dettes. Et on le voit bien, le dernier plan envisagé par les américains était de 2500 milliards ! Combien de milliards pour l’europe ?
Et cette amplification c’est justement ce qui rend les plans des gouvernements innefficaces car toujours en retard et décalés par rapport à cet boule de neige de dettes qui grossit qui grossit ...

Et si les bonnes mesures ne sont pas mises en place pour mettre fin à cette catastrophe c’est encore une fois uniquement par idéologie ...

C’est par idéologie que l’on refuse la nationalisation du système bancaire qui serait le seul moyen efficace de rétablir le service du crédit que les banques ne peuvent plus assurer et qu’on s’acharne à vouloir relancer via tous ces plans ...

Et c’est par idéologie que les américains ont refusé à l’origine un plan de sauvetage des ménages endettés, c’est à dire les aider à rembourser leurs mensualités, qui aurait résolu la crise immédiatement en rétablissant les valeurs des produits financiers en cause au départ.

C’est par idéologie que l’on refusera toute mesure qui mettrait fin et bouleverserait profondément ce système, protectionnisme, augmentation des salaires, nationalisations des banques d’entreprises ou de la monnaie, assainissement du système financier sont des hérésies à leurs yeux, alors que pourtant ce sont bel et bien les solutions qu’il faudrait mettre en oeuvre.
Et ce que je dis n’est pas nouveau cela fait des années et des années qu’on le dit ...

Ce G20 est une escroquerie. Reprenant une phrase d’une célèbre série. La vérité est ailleurs.


Le lancement du G20, la mystification est en marche :


Nicolas Sarkozy pour une régulation "non négociable"
par publicsenat


Une interview intéressante de Frédéric Lordon pour marianne.fr :

Partie 1 :

Frédéric Lordon, partie 1
par Marianne2fr


Partie 2 :

Frédéric Lordon, partie 2
par Marianne2fr


Partie 3 :

Frédéric Lordon, partie 3
par Marianne2fr


Lire l'article complet, et les commentaires