Le génocide arménien reconnu par une loi aux États-Unis ?

par La diagonale
mardi 17 février 2009

Le lobby israélien aux Etats-Unis s’est toujours opposé à tout projet de loi reconnaissant officiellement le génocide arménien. Obama et Biden sont favorables à un tel projet de loi.

Les liens diplomatiques entre Turquie et Israël sont importants et historiques. En 1948, la Turquie était un des premiers pays à reconnaître officiellement l’État d’Israël. Grâce à un traité de coopération militaire signé en 1996, les pilotes israéliens s’entraînent dans les ciels de la Turquie. Les liens économiques entre les deux pays sont forts. Le commerce bilatéral en 2007 s’est élevé à 2.7 Milliards de Dollars, et plus de 500 000 israéliens (soit 7% de la population) ont fait du tourisme en Turquie.

Le conflit à Gaza a détérioré les relations entre les deux pays. Certaines des manifestations en soutien aux populations de Gaza arboraient des termes antisémites. Selon un sondage de l’institut PEW, le sentiment anti-juif est en croissance : trois quarts des Turcs n’apprécient pas ou peu les Juifs, contre 7 % d’avis contraires. Erdogan a résisté aux cris de franges plus islamistes de l’opinion qui exigeaient de rompre tout lien diplomatique avec Israël.


Le gouvernement turc avait critiqué vivement l’état d’Israël tout en appelant le Hamas à cesser ses activités violentes. En 2004, Erdogan avait accusé l’état israélien d’être un état terroriste lorsqu’ils assassinèrent le créateur du Hamas, le Sheik Ahmed Yassin, alors qu’il sortait d’une mosquée à Gaza. Il avait alors invité le dirigeant actuel du Hamas, le Sheik Khaled Meshaal, à venir lui rendre visite en Turquie. Les relations furent alors apaisées par le pragmatisme des chefs militaires et l’intervention des Etats-Unis.

La coopération, notamment militaire et diplomatique, est donc maintenue entre les deux pays. La Turquie joue un rôle important de médiateur régional. Son gouvernement était sur le point de faire signer entre les deux pays un accord régional sur le plateau du Golan, avant que l’attaque de Gaza ne soit lancé.

Les sentiments anti-sémites en Israël sont souvent l’expression d’un sentiment anti-occidental et anti-américain plus général. Le scandale actuel du Ergenekon montre bien la lutte à l’intérieur du gouvernement et de l’armée turque entre factions pro et anti-occidentales.

Si les relations se détériorent à nouveau entre les deux pays, une loi visant à reconnaître le génocide arménien pourrait être passé aux Etats-Unis. Le lobby israélien avait repoussé ces projets auparavant par pragmatisme diplomatique. Le soutien d’Obama et de Biden à ce projet de loi risque de peser sur leurs relations bilatérales.

Cela risque de relancer en France le débat sur le génocide du Rwanda. Alors que de plus en plus de rapports internationaux accusent des membres hauts placés du gouvernement français d’avoir fourni en armes et couvert les exactions des Hutus extrémistes, quel impact cela aurait-il sur la diplomatie française si un pays passait une loi reconnaissant le génocide rwandais ?


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