Il y a deux ans, le Japon était enfermé dans une déflation dont il ne semblait pas pouvoir sortir, et les pays européens ne parvenaient pas à sortir de la crise dans laquelle il était depuis 2008. Deux ans après, Tokyo voit l’inflation grimper à 2,5%, quand les prix baissent en Europe…
Un succès et un échec
De manière assez surprenante, pour ne pas dire superficielle,
les Echos titrent : «
au Japon, l’hydre de la déflation résiste au bazooka monétaire ». En effet, sur les 2,5% d’inflation annuelle, un record depuis plus de vingt ans, 80% vient de la hausse de la TVA. Mais
le titre du quotidien économique aurait du sens si les prix ne montaient que grâce à l’effet TVA et baissaient sans cela. Mais ici, ils progressent quand même de 0,5% si l’on retire l’effet fiscal. D’abord, pour un pays où les prix baissaient, il est bon de constater le changement. Ensuite, le fait que les prix hors taxes augmentent, aussi légèrement soit-il, malgré la hausse de la TVA, indique bien
le succès de la politique menée par Shinzo Abe.
En effet, les entreprises, habituées à comprimer les prix, auraient pu amortir une part de la hausse de la fiscalité en rognant sur le prix hors taxe. Même pas !
Au contraire du titre des Echos, les résultats actuels démontrent la réussite des Abenomics ! Parallèlement,
les prix baissent de 0,6% en janvier dans la zone euro, contre -0,2% en décembre. Bien sûr, cette baisse s’explique en partie par la forte baisse du prix de l’énergie,
en recul de 8,9% sur un an (contre 6,3% en décembre), mais cela n’explique pas tout. En effet,
les prix des produits alimentaires et des produits industriels, tout juste stables en décembre, ont sombré dans un début de déflation en janvier, en passant à -0,1% sur un an.
Les résultats de choix politiques
Le fait que le Japon retrouve un niveau d’inflation jamais vu depuis plus de 20 ans, malgré l’effondrement du prix de l’énergie, démontre la réussite de la politique de Shinzo Abe. Devant l’échec de ses prédécesseurs, il a su tirer les leçons de leurs politiques, en allant plus loin qu’eux en poussant la monétisation de la dette publique à des sommets jamais atteints et en poussant les entreprises à monter les salaires pour casser les attentes de baisse des prix. La hausse de la TVA, même si elle a des détracteurs, et de vrais inconvénients, suit un double objectif : fiscal, mais aussi psychologique, en poussant la hausse des prix à un niveau inédit depuis si longtemps qu’il peut créer un choc psychologique.
Parallèlement, l’Europe sombre, y compris intellectuellement. Bien sûr, les pays persécutés commencent à afficher un peu de croissance, mais après les dégringolades des années passées, on peut y voir un simple effet mécanique. En revanche, le taux de chômage est encore au plus haut dans beaucoup de pays alors qu’il a bien baissé ailleurs, comme aux Etats-Unis. Il faut dire que les remèdes mis en place,
cohérents avec la monnaie unique, accentuent le mal au lieu de le résoudre.
Tous les pays européens cherchent leur salut dans la baisse du prix du travail,
une quète suicidaire à la compétitivité, qui déprime la demande, détruit les emplois et pèse sur le pouvoir d’achat, et donc la croissance.