Le Naufrage Mémoirel de l’Europe

par Cassandre G
samedi 19 avril 2025

Révisionnisme, Russophobie et Dérive Belliqueuse par Cassandre G

 
 

En tant qu’autrice de cet article, je suis une citoyenne préoccupée par l’évolution géopolitique actuelle et par la manipulation croissante des mémoires historiques par certaines élites européennes. Mon point de vue reflète un sentiment populaire de révolte face à ce que je perçois comme une instrumentalisation de l’histoire au service de politiques internationales dangereuses et déconnectées des aspirations profondes des peuples.

Je préfère pour l’instant conserver l’anonymat et publier sous pseudonyme, pour des raisons personnelles, notamment afin de préserver la sécurité de ma famille. Ce choix n’est pas un retrait, mais une protection dans un climat de plus en plus tendu, où la parole dissidente peut entraîner des représailles.

Le pseudonyme que j’ai choisi, Cassandre G., n’est pas anodin. Cassandre, dans la mythologie grecque, est cette figure tragique et lumineuse à la fois, dotée du don de vérité mais condamnée à n’être jamais crue. Elle voit juste, elle dit vrai, mais ses avertissements sont ignorés, au prix du désastre. En endossant ce nom, je revendique ce rôle difficile mais nécessaire : celui de tirer la sonnette d’alarme, même au risque de l’oubli ou du rejet. Car il est parfois plus important d’être juste que d’être entendu.

Cet article, par sa sincérité et sa vigueur, vise à alerter, à susciter la réflexion, et je crois qu’il a pleinement sa place sur un média comme AgoraVox, afin que le plus grand nombre puisse prendre conscience de la menace qui pèse aujourd’hui sur la mémoire historique, et au-delà, sur la paix mondiale.

Il est des moments où l’Histoire, que l’on croyait solidement gravée dans la conscience collective, vacille sous le poids de l’ignorance, de l’orgueil et d’un cynisme politique devenu doctrine. L’un de ces moments, profondément choquant, s’est récemment produit lorsque Kaja Kallas, aujourd’hui commissaire européenne aux Affaires étrangères, a publiquement menacé les États et dirigeants qui participeraient aux commémorations du 9 mai, date de la victoire contre le nazisme.

Ces propos ne sont pas une maladresse. Ils sont révélateurs d’un révisionnisme assumé, d’une haine viscérale maquillée en vertu, et d’une politique étrangère européenne désormais réduite à une seule obsession : provoquer et isoler la Russie, coûte que coûte. Le fait que Kallas soit non élue n’est pas anodin : elle incarne cette technostructure européenne hors sol, coupée des peuples, et animée d’un zèle idéologique dont les relents historiques devraient alarmer tous les esprits lucides.

Faut-il rappeler que l’URSS a perdu plus de 26 millions de vies dans la lutte contre le nazisme, dont 16 millions de civils ? Que sans le front de l’Est, l’issue de la guerre aurait été tout autre ? Faut-il rappeler que cette victoire du 9 mai n’est pas uniquement russe, mais européenne, humaine, universelle ? Qu’elle marque la défaite du mal absolu, et que toute tentative de la souiller ou de l’effacer constitue un acte ignoble, indigne et profondément dangereux ?

Mais plus que l’indignation, c’est l’analyse froide qu’il faut convoquer. Car le révisionnisme rampant ne naît pas d’un oubli accidentel, mais d’une stratégie mémorielle, souvent liée à un héritage familial, social, ou national refoulé. Kallas, comme tant d’autres figures des élites baltes ou germaniques, s’inscrit dans une longue tradition où la collaboration avec le nazisme fut parfois massive, souvent minimisée, et aujourd’hui recouverte du vernis fragile de l’amnésie choisie.

Ce n’est pas un hasard si certains responsables européens évitent soigneusement de rappeler le rôle de leurs propres pays dans les crimes de la Seconde Guerre mondiale, préférant détourner les commémorations vers un anticommunisme flou, ou vers une diabolisation de la Russie qui finit par gommer les crimes nazis au nom d’une nouvelle croisade morale.

De là à légitimer les néo-nazis ukrainiens comme “défenseurs de la démocratie”, il n’y a qu’un pas — franchi allègrement par certains médias, par des parlementaires, voire par des dirigeants européens. L’envoi de tanks Leopard, les discours martiaux de Macron, le “kit de survie” distribué par une commissaire, la multiplication des budgets militaires délirants (800 milliards d’euros prévus), ne sont pas des signaux de défense : ce sont les symptômes d’une société qui a perdu le lien entre mémoire, réalité et vérité.

Et dans cette frénésie, les citoyens européens eux-mêmes deviennent les otages d’un jeu d’ombres où la peur est cultivée, la paix marginalisée, la vérité travestie. La stratégie est claire : détourner les peuples de leurs souffrances économiques, de leur désillusion politique, en fabriquant un ennemi extérieur absolu. La Russie n’est pas un adversaire géopolitique, mais un exutoire symbolique. Et pour cela, l’Histoire elle-même doit être falsifiée.

Mais l’Histoire ne pardonne pas qu’on la piétine impunément. Il existe, contre ces manipulations, une realpolitik des justes : celle qui refuse la compromission, qui garde intacte la mémoire des résistants, des libérateurs, des anonymes qui se sont battus contre l’absolutisme, le fascisme, la haine. Celle qui ne confond pas l’héritage du nazisme avec les fantasmes d’une croisade moderne.

Alors oui, il est temps de nommer les responsables. De rappeler ceux qui, dans les années 30 et 40, ont soutenu Hitler, collaboré avec lui, ou fermé les yeux sur ses crimes. De dénoncer ceux qui, dans leurs familles, leurs milieux, leurs institutions, ont transmis une mémoire déformée, honteuse, parfois fière, de cette époque. Ce sont souvent les mêmes qui aujourd’hui accusent la Russie de tous les maux, tout en blanchissant l’histoire des véritables criminels.

Et si l’Europe veut encore mériter son nom, elle devra retrouver la voix des justes, et se souvenir que le 9 mai n’appartient pas à la Russie seule, mais à l’humanité entière. Ceux qui veulent l’interdire, le salir, ou l’oublier, ne sont pas les gardiens de la paix : ils en sont les fossoyeurs.

 

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