Le Sionisme : la déclassification progressive des archives change le regard des historiens sur les Processus associés à sa mise en oeuvre

par JPCiron
mardi 27 novembre 2018

Cet article se base sur des références publiques (une cinquantaine) couvrant plusieurs aspects fondamentaux associés au Sionisme, aspects qui restent encore peu connus du grand public français.

 

La déclassification progressive des archives dans le monde apporte un jour nouveau sur ces processus associés au Sionisme, depuis ses origines :

On savait déjà que, bien avant 1947, la Communauté Internationale (lire : l'Occident) était favorable à la création d'un Etat-Refuge pour les Juifs du monde qui le souhaiteraient. Et cela a été concrétisé en 1947 par la résolution de l'ONU créant deux Etats démocratiques excluant toute discrimination envers leurs minorités. Avec, en parallèle, l'assurance de plusieurs Etats Occidentaux qui garantissaient la pérennité de l'Etat-Refuge.

On comprend à présent que, en réalité, et cela depuis bien avant 1947, la même 'Communauté Internationale' créait et consolidait les conditions qui conduiraient à la création d'un Etat Juif. Avec comme corollaire le déplacement de certaines populations indigènes, et l'instauration structurelle de discriminations pour certaines populations.

 

L'article apporte donc simplement un éclairage complémentaire à celui qui nous est familier, basé sur un ensemble de références qui paraissent cohérentes entre elles.

En 1902, Theodor Herzl recherchait le soutien de Cecil Rhodes (un champion britannique de l'expansion coloniale), et il lui écrivit en expliquant : "(...) mon programme est un programme colonial (...) un avant-poste de la civilisation pour faire contrepoids à la barbarie (...) un bastion de la culture occidentale." (2) Théodor Herzl est souvent présenté comme le théoricien du Sionisme (ref. Son livre Der Judenstaat - 1896). En fait, l'idée circulait déjà bien avant qu'il ne s'implique activement sur le sujet : le Chrétien Evangélique William. E. Blackstone a développé le concept de Sionisme entre les années 1878 (ref. Son livre "Jesus is Coming" et 1888 (ref. Son voyage en Terre Sainte).

En 1919, le Rapport de la Commission inter-alliée "King-Crane", dans son introduction, était direct : « Le Rapport expose les méfaits des traités secrets. Il montre clairement le contraste frappant entre les engagements solennels des nations Européennes aux peuples du Proche Orient et leur parcours impérialiste. » (14) Ainsi, par exemple, le sacro-saint principe du droit à l'auto-détermination des peuples est partout brandi en occident ; lequel, simultanément, fait en sorte qu'il ne puisse s'appliquer ici, ou bien là. (14)

Je compte aborder successivement les thèmes & processus suivants  : Introduction /// Le Projet Ouganda /// L'Après 14-18 et la Commission King-Crane /// L'appropriation de la terre /// le Principe de la Partition de la Palestine /// le Principe des Transferts de Populations /// la Préparation des Transferts de Populations /// les Transferts de Populations Arabes /// les Violences /// les Transferts de Populations Juives /// les Frontières /// La Communauté Internationale

 

 

>> INTRODUCTION

 

De son vivant même, le projet de Theodor Herzl ainsi que ses idées ont été souvent défigurés non seulement par ses adversaires, mais aussi par ses partisans eux-mêmes. Pourtant, l'examen attentif et non sélectif des textes de Herzl, et de son Journal en particulier, ne laisse planer aucun doute quant à ses véritables intentions.

 

Le jeune Ben Gourion ne s'y est pas trompé, et il dira, à la mort de Herzl : "Il ne surgira plus d'homme aussi extraordinaire (...) Ce n'est qu'une fois au cours de millénaires que naît un homme aussi merveilleux ! " (1)

 

Au décès de Theodor Herzl, Chaim Weizmann reprit le flambeau. Parlant de la Palestine, il écrivit au Manchester Guardian en 1914 : « Si la Grande Bretagne y encourageait un établissement Juif, nous pourrions y avoir un million de Juifs d'ici vingt ou trente ans, peut-être davantage ; ils développeraient le pays, y ramèneraient la civilisation et constitueraient une protection efficace pour le Canal de Suez. » Cité par John B. Quigley, professeur en Droit (16)

 

Le Russe Ze'ev Vladimir Jabotinsky créa le Parti Sioniste Révisioniste à Paris (1925). Il influencera le Premier Ministre Israélien Menahem Begin. Le journaliste Henri Alleg cite un extrait de l'Essai "La Loi de Fer" (1923) de Jabotinsky : "Le sionisme est une aventure coloniale et, par conséquent, il réussira ou échouera en fonction de la question des forces armées." (2)

Quant aux ''indigènes'' du pays colonisé (Jabotinsky ne niait pas leur existence), il s'en souciait fort peu : la seule chose digne d'être prise en considération étant l'intérêt des colons Juifs et le succès de l'aventure coloniale.

 

Il est à noter que même des héros Israéliens de la Guerre de Six Jours expliquent que «  le grand public n'arrive pas à reconnaître que nous sommes des occupants. (...) Que notre oppression nous a désensibilisés ; nous voyons des êtres humains comme des objets. » et que « L'occupation nous a corrompu de l'intérieur en faisant de nous les maîtres. (...) je ne veux pas que mes enfants et petits enfants vivent dans ce pays » (ref. Interview des Colonels Yossi Langotzky et Reuven Gal dans un Article de Haaretz, en Juin 2017) (31)

 

 

>> LE PROJET OUGANDA

 

Lors du premier Congrès Sioniste de 1897, l'objectif officiellement déclaré était de créer un foyer pour le peuple Juif, qui soit légitime en droit. A partir de là, Herzl commença à rechercher un soutien auprès de leaders importants pour faire attribuer "une terre qui soit à nous". Quelques options ont été envisagées en divers pays. Sans déboucher.

 

Theodor Herzl a été reçu, début 1903, par le British Colonial Secretary Joseph Chamberlain, peu après les pogroms de Kishinev, en Russie. L'objectif était de trouver d'urgence un refuge pour les Juifs d'Europe qui se trouvaient en danger imminent face à l'antisémitisme violent.

 

Joseph Chamberlain proposa un territoire de quelques 15.000 km2 au climat tempéré situé dans l'actuel Kenya. C'était le "Plan Ouganda" Uasin Gishu. En août 1903, le Foreign Office déclara accueillir favorablement la proposition pour y établir une colonie Juive. Aussitôt, Theodor Herzl présenta le plan au sixième Congrès Sioniste, qui ne rencontra cependant pas l'adhésion espérée.

 

Au septième Congrès Sioniste (1905), le "Plan Ouganda" fut définitivement rejeté. Le Foyer National Juif ne pouvait donc être que la 'Terre d'Israel'. Cependant, une partie des participants n'ont pas accepté la décision du Congrès, et ont quitté le mouvement sioniste. Zangwill en faisait partie.

 

Plus tard,Theodor Herzl écrira dans sa correspondance : " Mon coeur est pour Sion, ma raison pour l'Ouganda." (2)

 

Ainsi, à partir de 1905, Israel Zangwill préconisa de rechercher une terre pour les Juifs, quelle qu'elle soit : "Il y a des bêtes sauvages en Afrique de l'Est, mais à Jerusalem il y a des créatures encore plus sauvages. Il y a des fanatiques religieux tant Musulmans que Chrétiens, et où que nous allions nous ne trouverons une proposition absolument sûre" (3)

 

Parlant de l'hypothèse d'implantation en "Terre d'Israel", et du problème des gens qui y habitent, Zangwill préconisait déjà de transférer les Arabes de Palestine vers les pays Arabes voisins. (4)

 

 

>> L'APRES 14-18 et la COMMISSION KING-CRANE

 

Au sortir de la première guerre mondiale, une Conférence de Paix se tient à Versailles, début 1919. Pour ce qui concerne les provinces arabes de l'ancien Empire Ottoman, le Président Américain Wilson souhaite qu'une Commission aille enquêter sur les volontés des populations concernant leur avenir. Ce principe d'autodétermination des peuples correspond à un des points de la Déclaration d'indépendance Américaine de 1776 (The Consent of the Governed). Cependant, Anglais et Français ont leurs propres idées pour le futur de ces contrées...

 

Ainsi donc, en 1919, le Président Wilson dépêcha une Commission d'Enquête en Palestine, connue sous le nom de Commission King-Crane.

 

« Pour ou Contre le Sionisme  » Tel est le titre d'un chapitre de l'annexe confidentielle du Rapport que la Commission King-Crane a remis au Président des Etats Unis, en 1919. (15) Et qui ne sera connue qu'en 1922 pour les autres.

 

Pour  : Face à la Commission, les supporters du Sionisme soulignent que la Palestine a autrefois appartenu aux Juifs. Les Juifs d'aujourd'hui sont beaucoup trop nombreux pour être rassemblés en Palestine. Cependant, ils ont le droit d'avoir quelque part un Etat où ceux qui sont opprimés pourraient se réfugier. Les supporters du Sionisme rappellent aussi qu'il ne sera nul besoin de déplacer les populations actuellement présentes en Palestine.

 

Contre  : Face à la Commission, les indigènes, y compris Chrétiens, s'opposent au Sionisme. Les Arabes expliquent qu'ils étaient en Palestine avant les Juifs, lesquels sont venus comme immigrants, et qu'ils y restèrent comparativement peu de temps avant d'être expulsés par les Romains. Les Arabes ont conquis la terre il y a 1300 ans, et y sont demeurés depuis. Ils sont chez eux. Ils résisteront jusqu'au bout à l'établissement d'un gouvernement Juif.

 

John Quigley, professeur de Droit à l'Ohio State University, explique que le Rapport King-Crane rapportait aussi les informations que la Commission avait recueillies plus près du terrain, qui confirmaient les craintes des Arabes : "Les Sionistes espèrent pouvoir déposséder de manière quasi complète les actuels habitants non-Juifs." (17)

 

Le Président Américain Woodrow Wilson penchait néanmoins pour le Sionisme. Le rapport King-Crane fut enterré.

 

La Conférence de Versailles de 1919-20, Art. 22, formalisait que les populations palestiniennes d'alors n'étaient pas encore en mesure de se diriger elle-même. (18)

 

Quelques décades plus tard, la Commission Permanente des Mandats explicita que les pouvoirs mandataires n'ont pas de droits souverains, et que le peuple sous mandat détient les droits souverains... Les désirs des populations devaient (auraient dû) être respectés. (19)

 

 

>> L'APPROPRIATION DE LA TERRE

 

On se souvient de la Déclaration Balfour de novembre 1917 (... étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine ...). Ceci est une chose.

 

Mais, en même temps, les Officiels Britanniques comprenaient parfaitement que la colonisation Sioniste signifiait prendre la terre et les ressources aux Arabes Palestiniens. Ainsi, Balfour disait par ailleurs : "En Palestine, nous ne proposons pas de passer par la formalité d'une consultation des souhaits des actuels habitants du pays."

La logique de Balfour pour ignorer les droits des Palestiniens était que "le sionisme, qu'il soit juste ou pas, bon ou mauvais, est enraciné dans des traditions millénaires, dans des besoins actuels, dans des espoirs futurs, qui sont de bien plus grande importance que les désirs préjugés de 700.000 Arabes qui habitent actuellement cette terre antique." » (20)

 

En 1938, Ben Gourion comprenait parfaitement que la perception des conséquences du Sionisme par les Arabes avait déterminé la révolte Arabe : "Nous sommes les agresseurs, et ils se défendent." Ben Gourion développa l'idée en expliquant que, pour les Arabes, la Palestine "est à eux parce qu'ils y habitent, tandis que nous voulons y venir et nous y installer, et, de leur point de vue, nous voulons les déposséder de leur pays." (21)

 

L'achat des terres par le Fond national Juif ne se faisait pas au hasard : il s'agissait de constituer une chaîne de villages sur une zone continue de Terre Juive (= cit. : General Yigal Allon). L'objectif du Fonds était en effet de racheter la terre de Palestine pour en faire une possession inaliénable du peuple Juif. Dès 1891, le leader sioniste Ahad Ha'am écrivait que les Arabes comprennent très bien ce que nous sommes en train de faire. Par ailleurs, les Juifs indigènes de Palestine ont réagit négativement au Sionisme. (24)

 

 

>> PRINCIPE DE LA PARTITION DE LA PALESTINE

 

Suite à la grande révolte Arabe de 1936, la 'Commission Royale Palestine' a été confiée à William Peel. Nombre d'entretiens ont eu lieu. Le témoignage de Winston Churchill devant la Commission a été remarquable d'un certain état d'esprit assez fréquent à l'époque, qui a cependant laissé son empreinte dans l'orientation générale qu'a pris le Rapport Peel.

 

Dans son livre "War Talk" (35), l'éminente écrivaine Arundhati ROY cite Winson Churchill qui évoquait la fable d'Esope "Le Chien dans la crèche" dans sa phrase introductrice.

Pour la bonne forme, citons le texte de cette fable : "Un chien était couché dans une crèche ; il ne touchait pas lui-même à l'orge et il empêchait le bétail, qui pouvait en manger, de le faire."

Churchill, donc, déclarait à la Commission Peel : « Je ne pense pas que le chien dans la crèche ait un droit à la crèche, même s’il y est depuis longtemps. Je n’admets pas ce droit. Je n’admets pas, par exemple, qu’un grand tort ait été causé aux Indiens d’Amérique ou aux populations noires de l’Australie. Je n’admets pas qu’un tort ait été causé à ces peuples parce qu’une race plus forte, une race de plus haut grade, une race plus consciente des réalités pour ainsi dire, est venue et a pris sa place ». (35)

 

L'article du JPCA (Jerusalem Center for Public Affairs) cite la même intervention de Winston Churchill (expurgée de la première phrase), en précisant que Churchill avait reconnu que le cas des Juifs était différent. L'article poursuit en expliquant que c'est pour cette raison que le premier chapitre du Rapport Peel se concentre sur le lien historique du peuple Juif avec la Terre d'Israel, et que la Commission Peel avait souligné que c'est seulement en Palestine que le peuple Juif pourrait trouver la liberté politique, car le peuple Juif est autochtone sur la terre d'Israel/Palestine. (36)

 

Le Rapport de la Commission Peel, de plus de 400 pages a été produit en Juillet 1937. Je le "résume" en deux phrases :

« La maladie est si profondément ancrée que nous sommes fermement convaincus que le seul espoir de guérison réside dans une opération chirurgicale. » (22)

« La division semble offrir au moins une chance de paix définitive. Nous n'en voyons aucune dans tout autre plan. » (23)

 

Loy Henderson, du Département d'Etat Américain, en charge des Affaires du Moyen Orient, recommanda au Secrétaire d'Etat George Marshall d'aborder la question des positions du Rapport Peel avec prudence. Il écrivait que le Plan de Partage "ignorait l'auto-détermination et la règle de la majorité", et précisait que "La Déclaration Balfour et le Mandat n'ont pas prévu un Etat Juif, mais un Foyer National Juif." (25 )

 

Au vingtième Congrès Sioniste (1937), l'idée du refus du plan de partition de la Palestine était porté en avant par Rabbi Berlin, qui affirmait : "Nous devrions être prêts à accepter des conditions difficiles et même la guerre si c'est ce qui est nécessaire pour hériter de l'intégralité de la Biblique Eretz Israel. (...) Nous pensons que Eretz Israel nous appartient, dans sa totalité." (4) Carte de l'Israel Biblique en (5)

 

En 1944, la American Zionist Convention réclamait la formation d'une "Communauté Juive Démocratique" dans 'la totalité de la Palestine, non divisée et non diminuée. (...)

Par ailleurs, la nouvellement créée Ligue Arabe déplorait "les horreurs et souffrances que les Juifs Européens ont enduré" et ajoutait que leur situation ne devait pas être réglée en infligeant "une autre injustice au détriment des Arabes Palestiniens". La Ligue trouvait injuste "de faire payer aux Arabes les crimes Allemands." (26)

 

 

>> PRINCIPE des TRANSFERTS DE POPULATIONS

 

Alain Cypel (ORIENT XXI) rappelle que «  Le sujet du « transfert » de la population palestinienne hors du futur État juif avait été longuement débattu au Congrès sioniste de Zurich en 1937, or ces débats furent maintenus secrets (ils le sont restés jusqu’aux années 1990). Et lorsque l’épuration ethnique fut mise en œuvre en 1948-1950, elle apparut suffisamment déshonorante aux yeux des dirigeants sionistes pour qu’ils la nient (en accusant les victimes d’être la cause de leur propre malheur). » (6)

 

Le Journal de Ben Gourion "(...) permet de dissiper certains mythes tenaces entourant la création de l’Etat d’Israël, notamment celui du départ volontaire des Palestiniens (...)" (7)

 

Jeune Juif Sioniste Irakien, Naeim Giladi (1929-2010) a plus tard émigré aux Etats Unis et a abandonné sa nationalité israélienne. Il en était finalement venu à s'opposer à la politique de Ben Gourion. Selon ses propres termes, il considérait que le programme Sioniste était depuis le départ criminel, car les leaders sionistes savaient que, pour établir un Etat Juif, ils devaient expulser les Palestiniens indigènes et importer des milliers de Juifs. (8)

 

« Publiquement athée, Ben Gourion émaille ses discours de citations de l’Ancien testament. Le livre sacré offre en effet une légitimation mythologique à la présence de colons juifs en Palestine. (...) Ben Gourion envisage ouvertement la déportation des Palestiniens en dehors de son territoire (...).  » (7)

Dans une interview avec le quotidien Haaretz du 09 janvier 2004, l'historien Israélien Benny Morris expliquait : "Un État Juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700 000 Palestiniens. Par conséquent il était nécessaire de les déraciner." C'est là la logique implacable de ce type de Sionisme.

 

Cependant comme l’a maintes fois martelé David Ben Gourion, fondateur de l'Etat : « nous n’avons pas expulsé un seul Arabe ». Le récit national israélien voulait que les Palestiniens soient partis volontairement. (6)

 

A ce point, pour la bonne forme, citons Georges Balandier, une référence en Anthropologie Politique, sur la question coloniale : « Chacun des secteurs de la société coloniale a pour fonction d’assumer cette domination en un domaine précis (politique, économique et, presque toujours, spirituel) (...) Elle repose, nous l’avons plusieurs fois signalé, sur une idéologie, un système de pseudo-justifications, de rationalisations ; elle a un fondement raciste plus ou moins avoué, plus ou moins manifeste. » (29)

 

Cependant, aujourd'hui l'image d'Israel est restée une image du discours officiel d'autrefois : « (...) les gens ne s'étaient pas rendu compte de ce qu'était devenu Israël, surtout après 67, un État de colonisation. » (30)

 

 

>> PREPARATION DES TRANSFERTS DE POPULATION

 

L'historien Israélien Ilan Pappé précise que l'expulsion des Palestiniens n'est pas une conséquence de la guerre, mais le résultat d'un plan mûrement réfléchi. Il se base sur une foule d'archives des Forces Armées, du journal de Ben Gourion, etc. (9) (10)

 

L'historien Israélien Benny Morris cite aussi le journal de Yosef Weitz, directeur du Foncier pour le Fonds National Juif, du 20 décembre 1940 : «  Il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays (...) et la seule solution, c’est la Terre d’Israël sans Arabes (...) Il n’y a pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins (...) Pas un village ne doit rester, pas une tribu bédouine. » (11) (10) (34)

 

En 1940, le jeune historien Ben-Zion Luria, de l'Université Hébraïque de Jérusalem, proposa au Fonds National Juif l'établissement d'un fichier de tous les villages Arabes car "cela aiderait grandement à la rédemption de la terre" . L'élaboration du fichier est aussitôt lancé : topographes, photos aériennes, agents sur le terrain...

L'historien Ilan Pappé précise : «  les routes d’accès, la qualité de la terre, les sources, les principales sources de revenu, la composition sociologique, les affiliations religieuses, le nom des muktars, les relations avec les autres villages, l’âge des habitants hommes (de 16 à 50 ans) et bien d’autres choses  » (12) (10)

Il y avait aussi « un index de l’hostilité [à l’égard du projet sioniste], à partir du niveau de la participation du village à la révolte de 1936.

 

En 1943, Ezra Danin systématisera tout le fichier. À partir de ce moment, les dossiers inclurent «  des descriptions détaillées des liens familiaux, les cultures, le nombre d’arbres dans les plantations, la qualité de chaque verger (et même de chaque arbre), la quantité moyenne de terre par famille, le nombre de voiture, les propriétaires de commerces, les membres des ateliers et les noms des artisans dans chaque village avec leurs compétences. Plus tard, s’ajouteront des indications méticuleuses sur chaque clan et son affiliation politique, la stratification sociale entre notables et simples paysans ainsi que les noms des fonctionnaires du gouvernement mandataire  ».

Plus la fin du mandat britannique approcha, et plus «  l’information s’orienta de manière explicitement militaire : le nombre de gardes (la plupart des villages n’en avaient aucun) et les quantité et qualité des armes à la disposition du village (en général archaïques ou même absentes.)  » (12) (10)

 

Igaal Yadin, futur vice-premier ministre, reconnut que « C’est cette connaissance détaillée de ce qui se passait dans chaque village palestinien qui a permis au commandement militaire sioniste en novembre 1947 de conclure que "les Arabes de Palestine n’avaient personne pour les organiser correctement"  » (12) (10)

 

Pour mémoire : Le Plan Daleth, dont on parle souvent, était un plan militaire de défense. Je ne le lie pas directement au thème de ce paragraphe (la préparation des transfers de population) bien qu'il comporte une dimension d'expulsion certaine. Elaboré en mars 1948, l'essence du Plan Daleth était « de chasser toutes les forces hostiles et potentiellement hostiles de l’intérieur du territoire futur de l’État juif, d’établir une continuité territoriale entre les principales concentrations de population juive et d’assurer la sécurité des futures frontières avant l’invasion arabe attendue. » dès après la fin du mandat britannique, le 15 mai 1948. (13) (10)

 

 

>> TRANSFERTS DE POPULATIONS ARABES

 

Theodor Herzl, l'architecte du sionisme, pensait que cela pourrait se faire par de l’ingénierie sociale. Dans un article du 12 juin 1885 de son journal, il a écrit que les colons sionistes devaient « pousser la population sans le sou au-delà des frontières en lui procurant du travail dans les pays de transit, tout en lui refusant tout emploi dans notre propre pays.  » (28) citant (32)

 

L'historien israélien Benny Morris explique que « Ben Gourion voulait clairement que le moins d’Arabes possible demeurent dans l’État juif. Il espérait les voir partir. Il l’a dit à ses collègues et assistants dans des réunions en août, septembre et octobre. Mais aucune politique d’expulsion n’a jamais été énoncée et Ben Gourion s’est toujours abstenu d’émettre des ordres d’expulsion clairs ou écrits ; il préférait que ses généraux "comprennent" ce qu’il souhaitait les voir faire. Il entendait éviter d’être rabaissé dans l’histoire au rang de "grand expulseur" et ne voulait pas que le gouvernement israélien soit impliqué dans une politique moralement discutable. »

 

« Uri Mileshtin, un historien officiel la Force de Défense Israélienne, a écrit et parlé de l'utilisation d'agents bactériologiques. Selon Mileshtin, Moshe Dayan, alors commandant de division, a donné des ordres en 1948 pour enlever les Arabes de leurs villages, pour aplanir au bulldozer leurs maisons, et pour rendre l'eau des puits inutilisables avec des bactéries de typhus et de dysenterie.  » (27) Cité par (28)

 

Le New York Times du 23 octobre 1979 faisait le récit de "l'opération de Lydda et de Ramleh", qui eut lieu le 12 juillet 1948. L'article citait l'instruction de David Ben Gourion à Igal Allon et Itzhak Rabin : « Expulsez-les ! » L'évacuation forcée de 70.000 civils palestiniens des deux villes fut accompagnée d'exécutions sommaires et de pillages.

 

Naeim Giladi, Irakien Sioniste, explique que "Durant la guerre de 1948, les forces juives ont vidé les villages arabes de leur population, souvent par des menaces, parfois en abattant simplement une demi-douzaine d'Arabes désarmés comme exemple pour les autres." (28)

 

La déclaration de David Ben Gourion au Conseil des ministres, le 16 juin 1948, disant vouloir éviter « à tout prix » le retour des réfugiés, ne semble pas être une phrase en l’air, mais semble correspondre à un programme politique concret. (10)

 

« David Ben Gourion, le premier Premier ministre d'Israël, disait lors d'une conférence sioniste en 1937 que tout État juif proposé serait obligé de « déplacer la population arabe hors de la zone, si possible de son libre arbitre, ou sinon sous la contrainte  ». En 1948-49, après l'exode de 750.000 Palestiniens et la confiscation de leurs terres, pour remplir le marché résultant, Ben Gourion dut se tourner vers les pays musulmans pour y trouver des juifs comme main d'œuvre bon marché. Des « émissaires » auraient été acheminés en fraude dans ces pays afin de « convaincre » les juifs de partir par la duperie ou par la peur. » (28) citant (33)

 

«  Ces Palestiniens qu’on expulse, on fait en même temps main basse sur leurs biens. (...) La Loi sur les "propriétés abandonnées" -destinée à rendre possible la saisie des biens de toute personne "absente"- légalise, en décembre 1948, la confiscation.  » (10)

 

L'écrivaine Indienne Arundhati ROY faisait remarquer l'attitude des leaders de l'Etat Israélien vis-à-vis des Palestiniens : « En 1969, la première ministre Golda Meir disait "Les Palestiniens n'existent pas." Son successeur Levi Eshkol disait : " Les Palestiniens c'est quoi ? Quand je suis venu ici [en Palestine] il y avait 250.000 non-Juifs, principalement Arabes et Bédouins. C'était le désert, moins que sous-développé. Rien." Le premier ministre Menachem Begin appelait les Palestiniens "bêtes à deux pattes.". Le premier ministre Yizhak Shamir disait d'eux qu'ils étaient des "sauterelles" qui pouvaient être écrasées. Ceci est le langage de Chefs d'Etat, pas de gens du commun » conclut Roy. (52)

 

 

>> VIOLENCES

 

A partir de 1978 commencent progressivement à apparaître des archives Israéliennes relatives à ces périodes troublées. Elles ont été une utile matière première pour les historiens. Elles sont peu connues en français.

 

L'historien Israélien Benny Morris constate :« Ce que montrent les nouveaux matériaux, c’est que les Israéliens ont commis bien plus de massacres que je ne l’avais pensé auparavant. » (13) (10)

 

Le journaliste Allan Kaval arrive aux mêmes conclusions : « Les moments les plus noirs de la création d’Israël, à savoir les massacres de civils « arabes », les crimes commis (...) par des éléments sionistes radicaux ne sont pas omis par Peschanski, bien qu’ils soient évoqués avec une certaine discrétion.  »(7)

Petit à petit, on soulève le couvercle sur davantage de violences perpétrées. Suite à la publication de son livre "Preventing Palestine" (Empêcher la Palestine) en septembre 2018, et en complément à son article dans le New York Times en 2012, le chercheur Anziska présente de Nouvelles révélations sur les massacres de Sabra et Chatila. Il explique que les nouveaux documents déclassifiés de la commission Kahane en Israel on permis de mettre en évidence les « signes clairs de coordination entre Israéliens et phalangistes avant leur entrée dans les camps » où les massacres ont eu lieu. L'idée était « qu'un massacre pousserait les Palestiniens à fuir le Liban. » (55)

Dans la presse israélienne actuelle, on parle des exécutions sommaires, documentées, de la milice Juive en 1948, qui sont toujours censurés après 70 ans. (37) Et on cite un groupe de terroristes Juifs des années 80, que l'on retrouve aujourd'hui dans les allées du Pouvoir. (38)

 

 

>> TRANSFERTS DE POPULATIONS JUIVES

 

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Naiem Giladi (1926 – 2010) était un Juif Irakien. Ses ancêtres étaient installés en Irak depuis 26 siècles (diaspora Babylonienne). Il était issu d'une importante famille. Les Juifs faisaient alors partie de l'élite aux gouvernements et aux affaires. Il a toujours parlé arabe à la maison. Jeune Sioniste actif, il explique : "J'étais désillusionné par ce que j'ai trouvé en Terre Promise, désillusionné personnellement, désillusionné par le racisme institutionnalisé, désillusionné par ce que j'ai commencé à apprendre sur les cruautés du sionisme." (28)

Devenu citoyen américain, il s'est assuré de l'annulation de sa nationalité israélienne.

 

« Ben Gourion avait besoin des juifs « orientaux » (i.e. 'arabes') pour cultiver les milliers d'acres de terre abandonnés par les Palestiniens qui ont été chassés par les forces israéliennes en 1948.  » (28)

 

« Dans les tentatives de dépeindre les Iraquiens comme des anti-américains et de terroriser les juifs, les sionistes ont posé des bombes au Service d'Information de la Bibliothèque US et dans les synagogues. Bientôt des tracts ont commencé à circuler, invitant les juifs à fuir en Israël….  » (28)

 

L'ancien Officier Supérieur de la CIA Wilbur C. Eveland disait : «  la police Iraquienne avait fourni à notre ambassade la preuve montrant que la campagne d'attentats, contre les synagogue et la Bibliothèque, aussi bien que les tracts anti-juifs et anti-usaméricains, était le travail d'une organisation sioniste souterraine, la majeure partie du monde croyait les rumeurs selon lesquelles le terrorisme arabe avait motivé la fuite des juifs Iraquiens que les sionistes "avaient sauvés", en réalité juste pour accroître la population juive d'Israël.  » (39)

 

En 1955, Giladi rapporte que « les tests en laboratoire en Iraq avaient confirmé que les tracts anti-usaméricains trouvés à l'attentat de la Bibliothèque US avaient été dactylographiés sur la même machine à écrire et dupliqués avec la même machine à stencil que les tracts distribués par le mouvement sioniste juste avant l'attentat du 8 avril."  » (28)

 

Les actions terroristes de 1950 et 1951 avaient causé la mort de trois Juifs et en avaient blessé plus de trente. L'exode des Juifs Irakiens qui s'était ensuivi avait été massif.

 

Giladi concluait, amer : "Une communauté ancienne, cultivée et prospère, a été déracinée et ses membres ont été transplantés dans une terre dominée par les juifs de l'est européen, dont la culture leur était non seulement étrangère, mais même hostile." (28)

 

 :: :: :: :: :: L'exemple du Maroc :: :: :: :: ::

 

Il y avait des Juifs au 'Maroc' dès le deuxième siècle avant J.C. Ils étaient encore 170.000 dans les années 60. Ils sont à peine 5.000 aujourd'hui.

 

La Tribune Juive évoque le rôle du Mossad dans le départ des Juifs du Maroc, et rapporte les propos de l'historien israélien Yigal Bin-Nun, dans une interview donnée au journal Yediot Aharonot. Il y indique que des agents du Mossad ont été envoyés au Maroc dès le début des années 60, avec pour objectif de faire émigrer les Juifs marocains vers Israel. L'historien citait les déclarations de la ministre des affaires étrangères Israélienne Golda Meir, lors d'un conseil gouvernemental, qui «  insistait sur l’impératif de commettre une opération au Maroc qui engendrerait un choc. »

L'historien Yigal Bin-Nun y relate (entre autres) deux opérations qui ont favorisé des exodes massifs et ont 'vidé' le Maroc de sa population Juive : Tout d'abord la mort sous la torture policière de trois radicaux Juifs marocains qui collaboraient avec le Mossad, qui a été habilement utilisée pour alimenter une propagande angoissante. Ce qui permit aussi de contraindre le Roi Hassan II de signer avec Israël un accord facilitant le départ des juifs. Ensuite, l'historien cite aussi la diffusion par le Mossad de faux communiqués attribués à la communauté juive du Maroc, incitant au Grand Départ. Au final, 160.000 personnes ont quitté le royaume. (40)

 

Puisque l'on parle du Mossad (Chargé du Renseignement & des Affaires Spéciales), il convient de mentionner le livre "By Way of Deception" (Par la Tromperie) d'un ancien Officier du Mossad, Victor Ostrovsky. (41) Ostrovsky insiste sur le fait que son livre a été écrit pour marquer sa loyauté pour son idéal Sioniste.

En Octobre 1990, le livre de l'ancien agent du Mossad, est le N°1 des Best Sellers sur la liste du New York Times, catégorie "Non-Fiction". Il y critique l'absence de respect de la vie humaine. Il cite plusieurs opérations ou attitudes vis-à-vis des alliés d'Israel, qu'il juge hautement criticables. Deux exemples sont résumés en (42).

Le contenu du livre a été critiqué comme contenant des affabulations. Cependant, le motif utilisé par l'Etat d'Israel pour tenter de faire interdire la publication du livre (en vain) était celui de "mise en danger des agents du Mossad sur leur terrain d'opérations." C'était l'unique cas aux USA d'un Etat cherchant à bloquer un livre.

 

 

>> FRONTIERES

 

Rabbi Fischmann (Jewish Agency for Palestine), a déclaré (juillet 1947) à la Commission d'Enquête de l'ONU que " La Terre Promise s'étend du fleuve d'Egypte jusqu'à l'Euphrate, et comprend parties de la Syrie et du Liban."

 

Cette déclaration reprend la description de l'étendue de l'Etat Juif de Theodor Herzl, dans son Journal : il y disait "du fleuve d'Egypte jusqu'à l'Euphrate". Expression qui reprend ce que dit la Bible (Genèse 15:18) : "depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate" (43)

 

La résolution des Nations Unies 181 (II) du 29 novembre 1947 procède à la partition de la Palestine en deux Etats et en définit les frontières dans sa Partie 2.

 

La Déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israel intervint le 14 mai 1948. Dans la version finale du texte, le gouvernement provisoire décida d'abandonner l'inclusion du thème des frontières de l'Etat. Le même jour une lettre d'accompagnement (non contraignante) était adressée au Président des Etats Unis, qui disait que la proclamation d'indépendance avait eu lieu « à l'intérieur des frontières approuvées par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans sa Résolution du 29 Novembre 1947  » Cette lettre est reproduite en (44)

 

La Constitution d'Israel devait être promulguée dans les mois suivants, avec les frontières. La Constitution n'a jamais été promulguée.

 

Naeim Giladi relate une discussion avec Ben Gourion au sujet de l'absence de Constitution. Ce dernier lui répondit : « si nous avions une constitution, nous devrions définir les frontières de notre pays. (...) Là où arrivera Tsahal, là sera la frontière. ». (8) Ce qui rappelle les propos de Jabotinsky en 1923. Les idées du mouvement Sioniste européen montrent, là aussi, beaucoup de constance dans le temps.

 

En février 1982, parait un article dans le journal israélien 'Kivunim' (Directions), signé par un obscur journaliste (plus probablement un pseudonyme), qui mettait en avant deux idées puissantes :

A > La survie d'Israel exige qu'Israel devienne une puissance régionale incontournable.

B > Pour ce faire, les Etats Arabes de la région doivent être ''fragmentés'' en Etats plus petits/ plus nombreux. Chacun ayant une certaine homogénéité ethnique ou religieuse.

 

Suivront bientôt, venant essentiellement des Etats Unis, un certain nombre de "Plans" pour redessiner les frontières au Moyen-Orient. Citons :

(2004 – Greater Middle East Initiative de George W. Bush >> pour exporter le modèle démocratique vers le monde Arabe et Islamique)

(2006 – New Middle East >> Plan Américain pour revoir les frontières en fonction des ethnies/ cultures)

(2009 – A Clean Break >> expose la stratégie israélienne pour un Etat Juif fort)

(2013 – Plan Wright >> prévoit des modifications et éclatements en Syrie et Irak, Arabie Saudite, Yemen, ...)

(2016 – Plan "B") John Kerry évoque la fragmentation de la Syrie comme un des éléments d'un plan "B".

 

Tout cela est en parfaite harmonie avec les points A et B de 1982. Les actions des USA accompagnent le projet Sioniste. C'est déjà chose en cours pour Jerusalem et pour la colonisation-annexion de fait de la Cisjordanie (même si un pseudo-Etat-Protectorat venait à être créé). Ceci grâce au soutien indéfectible des USA. Le Point B est en cours pour l'Etat d'Israel, grâce à la contribution efficace des USA et alliés dans la déstabilisation de la région. De plus, Israel dispose de plusieurs centaines d'ogives nucléaires : nul ne peut raisonnablement le menacer sérieusement (en dehors de la rhétorique belliqueuse). En outre, l'Occident est garant de son existence.

L'hostilité Sunnite-Chiite est aussi un atout pour le point A, alors qu'on aurait pu penser que Chiites et Sunnites étaient potentiellement des "alliés naturels" du point de vue de leurs intérêts communs à long terme au Moyen Orient.

 

Pour ce qui est de l'Etat Palestinien, le Parti de Netanhyahu et le Gouvernement disent à présent explicitement ce qui était depuis longtemps implicite : Il rejette l'idée que les Palestiniens puissent avoir un Etat à eux, et appliquent l'extension du Droit Israélien sur la Cisjordanie. (45)

 

Il me semble acquis que les ponctuelles déclarations d'intérêt pour la cause des Palestiniens ne soient la plupart du temps que courtoise rhétorique en Occident, si l'on ne considère que le factuel. Plus surprenant pour ce qui me concerne, les Palestiniens ne figurent pas parmi les problèmes importants du Moyen Orient, cités ces jours-ci par les participants à la Mediterranean Dialogues Conference. (57)

 

En tout cas, l'idée du "Greater Israel" ne fait pas l'unanimité en Israel. Certains réagissent au fait que certains Juifs Américains financent aussi le rêve de Grand Israel (rêve d'extrème-droite, disent-ils), et affirment vertement que cette affaire doit cesser immédiatement. (58)

 

 

>> LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE (résumé)

 

« En Palestine, le conflit latent entre Arabes et Juifs imposait maintes précautions. » (De Gaulle – Mémoires de guerre – 1954)

 

1919 - Le Rapport King-Crane, on l'a vu, ne laissait planer aucun doute sur ce qui était en train de se passer en Palestine. Ni sur le fait que les indigènes le comprenaient fort bien.

 

1937 - Le Rapport Peel, constatant le pourrissement de la situation, proposa une 'opération chirurgicale' désespérée : la partition. En espérant que cela soit, peut-être, une solution de long terme.

 

1939-45 – Le conflit mondial est le plus cruel de l'Histoire, en termes de nombre de morts. (51). Son impact sur le Projet Sioniste est nul selon les uns, ou majeur selon d'autres. Ainsi, le journaliste de renom Allan Kaval explique comment Ben Gourion perçoit l'impact de la shoah sur l'opinion publique, et déploie aussitôt une triple action : diplomatique, politique, et militaire. (53) Voir aussi la Déclaration d'Indépendance d'Israel. (54)

 

1947 - Aux Nations Unies, la Commission en charge avertit clairement l'Assemblée Générale par une recommandation, le 03 septembre 1947 : «  En outre, il doit être sérieusement pris en considération le ressentiment certain et la vive opposition des Arabes de tout le Moyen Orient à toute tentative de résoudre, à ce qu'ils considèrent à leurs dépens, le problème Juif, qu'ils considèrent être de la responsabilité de la communauté internationale. » (46)

 

Le 25 novembre 1947, le comité ad-hoc approuva le plan de partage, avec une majorité juste inférieure aux 2/3 requis pour que le dossier puisse passer en Assemblée Générale.

 

Les Etats Arabes, dans un compromis et concession majeure de dernière minute, ont proposé un gouvernement fédéré de la Palestine. (47)

Il semble que cette proposition n'ait pas même été sérieusement considérée.

 

En effet, l'Assemblée Générale procéda au vote pour le plan de partage dès le 29. La majorité des 2/3 ayant finalement été obtenue après que les pressions US adéquates, effectuées sur plusieurs Etats (pour qu'ils changent leur vote), aient produit sur le champ l'effet attendu.

La résolution de l'ONU créait donc deux Etats démocratiques pour tous les citoyens dans chaque Etat, sans discrimination aucune (+ la zone Jerusalem). La Déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israel reprenait les mêmes termes.

 

Le lendemain du vote, l'Agence Juive appelait tous les jeunes de 17 à 25 ans pour un service militaire dans Haganah. Effectivement, l'issue était prévisible, prévue, inéluctable.

 

On aurait peut-être pu l'éviter si la Communauté Internationale n'avait repoussé d'un revers de manche la proposition Arabe d'un gouvernement fédéré de la Palestine. Mais il apparaît que cette solution aurait figé les frontières. Par ailleurs, le mouvement Sioniste européen avait, on l'a vu, des plans bien différents de ceux affichés.

 

Par ailleurs, les occidentaux (y compris donc la plupart des leaders du mouvement Sioniste européen) ne considéraient pas que les populations 'Arabes' de Palestine se trouvaient à leur niveau. On l'a vu avec les contrastes barbarie/ civilisation évoqués au début des années 1900. Cela s'est poursuivi avec le peu de cas fait des 'Arabes' dans les processus internationaux. Et il en a également été ainsi au niveau des Chefs d'Etat d'Israel.

 

Aujourd'hui, la nouvelle loi Etat-Nation réserve les Droits Nationaux (et l'auto-détermination qui va avec) à une catégorie ethno-culturelle, tout en les refusant aux autres. En outre, cette Loi, au Point N° 7 proclame que « L’état considère le développement des colonie juives comme une valeur nationale et agira pour encourager et promouvoir leur création et leur renforcement. »

 

La Ministre de la Justice d'Israel déclara aussi que « les droits individuels sont importants, mais pas quand ils sont disconnectés de nos objectifs nationaux, de notre identité, de notre histoire, de nos défis Sionistes. » Elle ajoutait que « le Sionisme ne devrait pas (et précise qu'il ne continuera pas) à se plier à un système de droits individuels interprétés de manière universelle. » (48)
 

Il est à noter que l'opposition israélienne de gauche (Zionist Union) protestait en affirmant que « la protection des droits de l'homme est l'essence du Judaïsme et fait partie intégrante d'Israel en tant qu' Etat Juif démocratique. » (49) A l'évidence, les mêmes mots ne véhiculent pas toujours les mêmes concepts.

 

Un message similaire est porté par des Juifs Américains : L'Assemblée Générale de la Jewish Federation of North America se réunissent à Tel Aviv. Ils déclarent chercher à « s'accorder sur un Projet du Sionisme que nous pourrions tous soutenir.  »

Ils veulent faire passer le message que la relation d'une large fraction des Juifs de la Diaspora avec Israel doit être retravaillée. La raison étant qu'ils jugent que la politique israélienne est en parfaite contradiction avec les Valeurs Juives. Et citent : le développement des colonies de peuplement en Cisjordanie, le traitement des demandeurs d'asile, l'escalade à la frontière de Gaza, un processus de paix à l'arrêt,... (50) Vers un nouveau cul-de-sac ?

 

L'Ambassadeur Aboussouan l'anticipait dès 1968 : « L'Occident protecteur d'un Israël expansionniste et sectaire pourrait se réveiller un jour effaré des conséquences tragiques de sa cruelle partialité. » Camille Aboussouan - Ancien ambassadeur du Liban à l'UNESCO.

 

 

Au final, les Palestiniens restent "sur le bord du chemin". Ne peut-on leur trouver, quelque part dans le monde, un endroit où ils vivraient entre égaux, où ils pourraient se sentir chez eux ?

Non, je ne propose pas de les 'parquer' dans des sortes de 'réserves', puisqu'ils y sont déjà.

Le "Problème Palestinien" nous permettra-t-il de percevoir qu'une part importante de la problématique ne se situe pas là, devant nos yeux, mais juste derrière : Morale et Ethique.

 

 

JPCiron

 

 :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: NOTES :: :: :: :: :: :: :: :: :: :: ::

 

..... (1) - Cité dans : Theodor Herzl, Une nouvelle lecture - Georges WEISZ – 2006

 

..... (2) - L'URSS et les Juifs – Henri Alleg – 1989

 

..... (3) - 'The Jews' in Late-Victorian and Edwardian Culture : Between The East End and East Africa - Eitan Bar-Yosef & Nadia Valman - 2009

"There are wild beasts in East Africa, but Jerusalem there are wilder creatures. There are religious fanatics, both Mohammedan and Christian, and wherever we go we shall find no absolutely safe proposition."

 

..... (4) - Article de Orthodox Union / Jewish Action (Spring 2008/5769 – Vol 68, N° 3) : https://jewishaction.com/jewish-world/history/whats_the_truth_about_the_uganda_plan/

 

..... (5) - Notons que le périmètre de l'Israel Biblique peut se comprendre de différentes façons : https://theisraelbible.com/biblical-boundaries-land-israel/

( Source : Theisraelbible.com )

 

..... (6) - Article « Comment l’occupation a fini d’imposer la mentalité coloniale à la société israélienne  » ORIENT XXI – Alain Cypel – 13 juillet 2017

 

..... (7) - « Journal de David Ben Gourion, 1947-1948, Les Secrets de la Création de l' Etat d'Israel » - Allan Kaval - Les Clés du Moyen Orient , article 13 décembre 2012

 

..... (8)- Ben-Gurion's Scandals : How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews - Naeim Giladi – 1992 « Giladi now considers the Zionist program to be criminal from the beginning, because Zionist leaders knew, that in order to establish a Jewish state, they had to expel the indigenous Palestinians and import hundreds of thousands Jews (first 232,00 from Soviet satellite states and then 547,000 from the Arab states). Vladimir Jabotinsky frankly admitted that such a transfer of population could only be brought by force and fear. »

 

..... (9) - The Making of the Arab-Israel Conflict, 1947-1951 – Ilan Pappé (Historien Israélien) - 1992

 

..... (10) - Comment Israel expulsa les Palestiniens (1947 – 1949) – Alternatives International – Dominique Vidal et Joseph Algazy - 2008

 

..... (11) - 1948 and After – Benny Morris (Historien Israélien) – 1990

 

..... (12) - The Ethnic Cleansing of Palestine – Ilan Pappé (Historien Israélien) - 2006

 

..... (13) - The Birth of the Palestinian Refugee Problem – Benny Morris (Historien Israélien) - 1988

 

..... (14) - Introduction of the King-Crane Commission Report - August 28, 1919

« The Report exposes the evils of the secret treaties. It makes clear the glaring contrast between the solemn pledges of the European nations to the peoples of the Near East and their imperialistic course. » (...)

« President Wilson proposed that a joint allied Commission (...) ascertain the true conditions, and escpecially the desires of the peoples concerned (...). This, be it remembered, was in the days when the prinnciple of “self-determination” (...) still retained a degree of sanctity. (...) the other three members of the “Big Four” agreed ''in principle''. “In principle” is a venerable and invaluable diplomatic phrase, in this cas as so often, it meant the opposite of “in practice”. »

« Le Président Wilson proposa qu'une Commission conjointe des alliés détermine la situation réelle, et particulièrement les souhaits des populations concernées. Ceci, rappelons-le, était du temps où le principe d'auto-détermination avait encore un certain degré de sainteté. Les autres trois membres des "quatre grands" ont donné leur accord de principe. "En principe" est une vénérable et précieuse phrase diplomatique, dans ce cas comme dans d'autres, qui signifie l'opposé de "en pratique" »

 

..... (15) - For and Against Zionism - Summaries of Arguments Presented to the Commission - Confidential appendix of the King-Crane Commission Report - August 28, 1919

(Extracts)

« The arguments in favor of Zionism as presented by its supporters have often been stated and need not now be presented in detail. The cjief elements are that Palestine belonged once to the Jews, and they were driven out by force ; for two thousand years they have been longing and praying to come back ; while Jews of the world are now far too numerous to be collected in Palestine, they are entitled to have somewhere a state which can be a refuge to the oppressed among them, and an expression of their continuance and unity ; (...) there is no need of displacing the present population, for with the afforestation, lodern methods of agriculture, utilization of water-power, reclamation of waste land, scientific irrigation and the like, the land can contain several times its present number of inhabitants. »

(...)

« The native Arabs and Christians, who so unitedly oppose Zionism, urged the following principal considerations : The land is owned and occupied by them ; Arabs were there before the Jews came ; the Jews were immigrants, (…) and who remained a comparatively short time ; (...) they were expelled by the Romans and formed permanent residence elsewhere 2,000 years ago ; the Arabs conquered the land 1,300 years ago, and have remained ever since ; it is their actual home, (...) Christians and Moslems, they can honor all the holy places, whereas the Jews can honor only their own ; (...) the Jews (...) will soon buy out and manoeuvre away the present inhabitants ; the Arabs are friendly toward the Jews long resident in the land who use the Arabic language ; they will resist to the uttermost the immigration of foreign Jews and the establishment of a Jewish government. »

 

..... (16) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

«  Should Britain encourage a Jewish settlement there, as a British dependency, we could have in twenty or thirty years a million Jews out there, perhaps more ; they would develop the country, bring back civilization to it and form a very effective guard for the Suez Canal "' »

 

..... (17) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« In 1919, Wilson dispatched a fact-finding commission to Palestine. Known as the King-Crane Commission, its report to Wilson confirmed Arab fears. It said that "the Zionists looked forward to a practically complete dispossession of the present non-Jewish inhabitants (...)." »

 

..... (18 ) - Palestine and Israel. A Challenge to Justice - John B. Quigley – 1990

« Versailles Conference 1919 : Art 22 of the covenant characterized the peoples of the formar German and Ottoman colonies as "not yet able to stand by themselves under the trenuous conditions of the modern world." ... the States administering them should promote the "well-being and development of such peoples.", bearing a "sacred trust of civilization."  »

 

..... (19) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« The League of Nations' Permanent Mandate Commission, which oversaw mandate administration, said that mandatory powers had no right of sovereignty but that the people under the mandate held ultimate sovereignty. .... the wishes of the population were to be a key factor ... »

 

..... ( 20) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« British officials understood that Zionism colonization would take land and resources from Palestine's Arabs. "In Palestine", Balfour said, "we do not propose to go through the form of consulting the wishes of the present inhabitants of the country." Balfour's rationale for disregarding Arab rights was that "Zionism, be it right or wrong, good or bad, is rooted in age-long traditions, in present needs, in future hopes, of far profounder import than the desires of prejudices of the 700,000 Arabs who now inhabit that ancient land." »

 

..... (21) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

In a 1938 speech to the Workers Party of Eretz Israel (Mapai), of whih he was founfer, Ben Gourion acknoledged the Arab perception of Zionism that had led to the Arab revolt. "We are the aggressors, and they defend themseles." By that time, Ben Gourion was the Chairman of the Jewish Agency, and he acknoledged that for the Arabs Palestine "is theirs, because they inhabit it, whereas we want to come here and settle down, and in their view we want to take away from them their country."

 

..... (22) - Palestine Royal Commission Report (Peel Report) – July 1937 - Part II – The Operation of the Mandate - Chap XIX Conclusions and recommedations - p. 368

« The disease is so deep-rooted that, in our firm conviction, the only hope of a cure lies in a surgical operation.  »

 

..... (23) - Palestine Royal Commission Report (Peel Report) – July 1937 - Part III – The Possibility of a lasting Settlement - Chapter XX - p. 376

«  Partition seems to offer at least a chance of ultimate peace. We see none in any other plan. »

 

..... (24) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« Land was not acquired in a random fashion. The effort, wrote General Yigal Allon, was "to establish a chain of villages on one continuous area of Jewish land" » (...) « The aim of the Fund was "to redeem the land of Palestine as the inalienable possession of the Jewish people. » (...) « As early as 1891, Zionist leader, Ahad Ha'am, wrote that the Arabs "understand very well what we are doing and what we are aiming at." » (...) « The indigenous Jews of Palestine also reacted negatively to Zionism. »

 

..... (25 ) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« Loy Henderson, the US State Department official responsible for Middle East Affairs, advised Secretary of State George Marshall to approach the matter cautiously. He said the partition plan ignored "self-determination and majority rule." (...) "The Balfour Declaration and the Mandate ... provided not for a Jewish State, but for a Jewish national home." »

 

..... (26) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« In 1944, the American Zionist at their Atlantic City convention called for a "free and democratic Jewish Commonwhealth" in "the whole of Palestine, undivided, and undiminished." (...) »

 

..... (27) Article de Sarah Laybobis-Dar dans le quotidien israélien Hadashot du 13 août 1993, faisant référence à différentes interviews d'israéliens qui avaient connaissance de l'utilisation d'armes bactériologiques dans la guerre de 1948 ; article qui mentionnait les propos de Milesthin sur l'utilisation faite de bactéries pour empoisonner les puits de chaque village vidé de ses habitants arabes.

 

..... (28) - Ben-Gurion's Scandals : How the Haganah and the Mossad Eliminated Jews – Naeim Giladi – 1992 /// Article Les Juifs d'IRAK, Comment les Britanniques et les sionistes ont provoqué l’exode de 120 000 Juifs d’Iraq après 1948 – Naeim Giladi - Alterinfo – sept 2006

 

..... (29) - Georges Balandier, « La situation coloniale : approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie 2001/1 (n° 110), p. 9-29. DOI 10.3917/cis.110.0009

 

..... (30) - Un autre Israel est-il possible ? Entretien avec Dominique Vidal par Michèle Küntz / Mediapart - 2012

 

..... (31) - Quotes of the Article "The Officers Who Began the Occupation Fear for Israel’s Future" by Haaretz correspondent Anshel Pfeffer (June 03, 2017) : http://www.haaretz.com/israel-news/six-day-war-50-years/1.793085

 

Indeed, Langotzky and Gal, two six-days war veteran colonels say it straight in a Haaretz article :

<< Yossi Langotzky never had much patience for the religious settlers, but he wasn’t much of a peacenik either. “For 2,000 years the whole world screwed us, and the Arabs still want to destroy us,” he says, in his blunt way, “and we should do everything to stop them. But that doesn’t justify the way they [the settlers] are acting, against all the teachings of the prophets on how we should treat the non-Jews among us fairly. They don’t understand how their settlements have corrupted us from within by making us the masters. All because of their idiotic messianic belief that we are a Chosen People and God will protect us. As if you can believe in a merciful God after six million were burned to death.”>>

 

<< The settlers “are repeating the mistakes of the Second Temple, when religious fanatics with a direct line to God decided to rebel against the Romans and brought upon us destruction and 2,000 years of exile,” he says. “Religion may have preserved us in exile, but there wouldn’t have been Zionism if people had waited for God. I don’t believe they can destroy Israel, but they’re transforming it into a bullying state where I don’t want my children and grandchildren to live.>>

 

Reuven Gal adds : << ”I’m worried about the future of Israeli society – an entire public that can’t recognize we are occupiers and the negative and immoral aspects of ruling over our neighbors for so many years. Our oppression of them has desensitized us. We see human beings as objects and are passing that onto our children.”>>

 

..... (32) - « The Complete Diaries of Theodor Herzl » (Les Journaux complets) - Herzl Press – 1960 - vol. 1, page 88.

 

..... (33) - Rapport du Congress of the World Council of Paole Zion, Zurich, 29 juillet - 7 août 1937, pp. 73-74. 

 

..... (34) - Journal de l'Historien Israélien Benny Lorris du 20 décembre 1940

 

..... (35) - "War Talk" - Arundhati ROY – 2003 P. 58

«  In 1937 Winston Churchill said of the Palestinians : "I do not agree that the dog in a manger has the final right to the manger, even though he may have lain there for a very long time. I do not admit that right. I do not admit, for instance, that a great wrong has been done to the Red Indians of America, or the black people of Australia. I do not admit that a wrong has been done to these people by the fact that a stronger race, a higher grade race, a more worldly-wise race, to put it that way, has come in and taken their place." »

 

..... (36) - Article "The Peel Commission Report of 1937 and the Origins of the Partition Concept" – Shaul Bartal - jpca.org (Jerusalem Center for Public Affairs) – Nov. 14, 2017

« The case of the Jews differs from the above, as Churchill admitted. This is the reason why the first chapter of the Report gives a detailed review of the Commission’s findings with regard to the historical connection between the Jewish people and the Land of Israel. The Jewish nation was presented as the only nation linked to the land by a historical presence and religious connections. The Commission argued that it was only in the land of Palestine that the Jewish people could achieve political freedom. The Report notes that the Jewish people are indigenous to the Land of Israel/Palestine because of their historical presence in the land. For example, the Commission described in detail the flourishing and influential Jewish community in Safed in the Sixteenth Century. »

..... (37) - Article "Why Is Israel Still Covering Up Extrajudicial Executions Committed by a Jewish Militia in '48 ? "- Haaretz – Ofer Aderet – 07 juillet 2018.

 

..... (38) - Article "How a Group of Jewish Terrorists Ended Up in Israel's Halls of Power" – Haaretz – Allison Kaplan Sommer – 05 Juillet 2018.

 

..... (39) - Ropes of Sand : America's Failure in the Middle East - Wilbur Crane Eveland – NY – Norton – 1980 – pp 48, 49 )

 

..... (40) - Le rôle du Mossad dans le départ des juifs du Maroc" - Tribune Juive – 28 octobre 2013

 

..... (41) - Article "Mossad : "From Zion to Gehenna" - Los Angeles Times – Dec. 8, 1997 /// "BY WAY OF DECEPTION The Making and Unmaking of a Mossad Officer" - Victor Ostrovsky and Claire Hoy - 1990

 

..... (42) - Ostrovsky insiste sur le fait que son livre a été écrit pour marquer sa loyauté pour son idéal Sioniste. "Comment pourrais-je rester silencieux ? Je suis un patriote !"

Il raconte que le Mossad connaissait des détails essentiels pour un plan d'attaque-suicide à l'explosif contre les soldats Américains de Beyrouth en 1983, mais que le Mossad ne communiqua à ses alliés que des informations vagues. 241 soldats US morts. Et 58 français.

Les agents du Mossad ont planté des systèmes de communication (appelés "Trojan") qui permettaient de faire croire aux propres alliés d'Israel (USA, France,...) que les Libyens ou Irakiens étaient en train de communiquer entre eux afin de manigancer des actions terroristes ou autres. Ceci afin de manipuler les Alliés et les inciter à réagir sur le terrain.

 

.... (43) - Theodor Herzl, « The Complete Diaries of Theodor Herzl » (Les Journaux complets) - Herzl Press – 1960 - Vol. II - page 711

“From the Brook of Egypt to the Euphrates.” - >>> Voir aussi la note (5)

 

..... (44) – Lettre de “The Jewish Agency for Palestine” au Président US Harry Truman, du 14 mai 1948.

 

..... (45) - Article : There is no Status Quo, Only Greater Israel - 972 Magazine – Edo Konrad – 03 janvier 2018.

 

..... (46) - United Nations – Report to General Assembly A/364 - 3 september 1947 - Chapter V - Section B – Recommendation XII - (c) : «  Further, serious account must-be taken of the certain resentment and vigorous opposition of the Arabs throughout the Middle East to any attempt to solve, at what they regard as their expense, the Jewish problem, which they consider to be an international responsibility.  »

 

..... (47) - The Case for Palestine : An International Law Perspective - John B. Quigley – 2005

« As a last minute compromise, and as a major concession, several Arab states proposed a plan for a federated government in Palestine. (...) »

 

..... (48) - Article "The Justice Minister Versus Democracy" Haaretz Editorial – 30 aupt 2017

<<She said that individual rights are important, but not when they are “disconnected from our national goals, from our identity, from our history, from our Zionist challenges.” And finally, she issued a threat : “Zionism should not – and I’m saying here that it will not – continue to bow its head to a system of individual rights interpreted in a universalist manner.”>>

 

..... (49) - Article "Justice Minister Slams Israel's Top Court" Haaretz - Revital Hovel - 29 aug 2017

<<protecting [human rights] is also the essence of Judaism and part of Israel's values as a Jewish and democratic state.>>
 

..... (50) - Article 'We need to Talk ..." - Jerusalem Post – Opinion – Doug Seserman – 22 octobre 2018

 

..... (51) – WW2 La Seconde Guerre Mondiale est la plus meurtrière de l'Histoire : environ 70 millions de pertes humaines totales (civiles et militaires) (chiffres médians wikipedia), dont près de 40% pour la seule Union Sovietique.

Les pertes civiles mondiales ont été estimées à 46 millions. Ce sont les pays de l'Asie qui ont souffert les plus lourdes pertes (plus de 20 millions de civils au total). Les civils d'Union Sovietique furent de 14,6 millions (toujours en chiffres médians wikipedia). La Pologne à elle seule compta 5,4 millions de pertes civiles, dont 2,9 millions de Juifs.

En Europe, les seules pertes Juives sont estimées à près de 6 millions de personnes, environ, dont la moitié dans les Camps.

L'inimaginable barbarie du génocide (Shoa), perpétré par des européens sur des européens, a parfois quasi-anéanti certaines populations visées : 90% des Juifs de Pologne, par exemple.

 

..... (52) - Article The Guardian 30 Sept. 2002 by Arundhati ROY ( Not Again ).

""That set the trend for the Israeli state's attitude towards Palestinians. In 1969, Israeli Prime Minister Golda Meir said : 'Palestinians do not exist'. Her successor, Prime Minister Levi Eshkol, said : 'What are Palestinians ? When I came here [to Palestine] there were 250,000 non-Jews, mainly Arabs and Bedouins. It was desert, more than underdeveloped. Nothing'. Prime Minister Menachem Begin called Palestinians 'two-legged beasts'. Prime Minister Yitzhak Shamir called them 'grasshoppers' who could be crushed. This is the language of heads of state, not the words of ordinary people.""

 

..... (53) - « Journal de David Ben Gourion, 1947-1948, Les Secrets de la Création de l' Etat d'Israel » - Allan Kaval - Les Clés du Moyen Orient , article 13 décembre 2012

« Ben Gourion comprend (...) que la défaite allemande et la découverte par l’opinion publique internationale des horreurs de la Shoah donnent au mouvement sioniste une occasion historique d’atteindre son objectif ultime : la fondation d’un Etat juif en Palestine. »Il mène alors une triple action, à la fois diplomatique (assistance de l'Union Soviétique à l'ONU), politique (unification des movements sionistes) et militaire (livraison de matériel militaire de Tchécoslovaquie) dont les archives présentées témoignent.

 

..... (54) – Déclaration d'indépendance d'Isael – 14 mai 1948 – (extrait)

« La Shoah qui anéantit des millions de juifs en Europe, démontra à nouveau l'urgence de remédier à l'absence d'une patrie juive par le rétablissement de l'État juif dans le pays d'Israël (...) »

 

..... (55) - Article Nouvelles révélations sur les massacres de Sabra et Chatila – ORIENT XXI – de Seth ANZISKA (Enseignant-Chercheur à University College – London – 26 octobre 2018. - https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/nouvelles-revelations-sur-les-massacres-de-sabra-et-chatila,2688

 

..... (56) - The Birth of the Palestinian Refugee Problem – Benny Morris (Historien Israélien) – p. 292/293 - 1988

 

..... ( 57 ) - Article on MED (Mediterranean Dialogues) Conference – Rome, by A. Pfeffer & D. Lerner : « Netanyahu's Vision for the Middle East Has Come True » - HAARETZ – Nov. 25, 2018

« From Qatar to Iran, none of the countries participating in the MED2018 conference seemed really interested in the Palestinians. »

 

..... ( 58 ) - Article “American Jews Are Funding the Far-Right Dream of Greater Israel. We Have to End This – Now” - HAARETZ – Simone Zimmerman – Oct. 21, 2018

 

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