Le sourire hindou

par William Kergroach
jeudi 29 juin 2023

Le président Joe Biden et l'establishment politique américain ont accordé un accueil chaleureux à Narendra Modi, Premier ministre de l'Inde, lors de sa visite de quatre jours aux États-Unis. Cette invitation vise à s'assurer le concours, ou la neutralité, de l'Inde lors de la prochaine guerre mondiale que prépare l'empire mondialiste. De son côté, l'Inde poursuit sa politique de neutralité bienveillante vis-à-vis de tous, pourvu qu'on lui laisse organiser tranquillement son essor économique et gérer ses affaires intérieures comme elle l'entend.

Renforcement du partenariat indo-américain

L'objectif pressant de Washington est de faire progresser le "partenariat stratégique global" indo-américain contre la Chine et la Russie. On se souvient du contrat de 5 millions de dollars pour la vente de systèmes antiaériens S-400 russes, qui avait fait grincer les dents à Washington en 2018, suivi de nombreuses rencontres, toujours très amicales, entre Moscou et New Delhi. L'Inde achète le gaz et le pétrole russe, et défend sa neutralité malgré les appels des alliés occidentaux à s'opposer à la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. L'Inde a enregistré un commerce bilatéral avec Moscou de 45 milliards de dollars entre avril 2022 et 2023. Washington, toute grande puissance militaire et économique qu'elle soit, doit aujourd'hui composer avec le géant indien, la nation la plus peuplée au monde.

Des accords d'armement, des initiatives de production et de développement militaire, et le renforcement du rôle de l'Inde dans la chaîne de production mondiale valent bien quelques silences diplomatiques des démocrates au pouvoir à la Maison blanche.

 

L'Inde est hindoue.

Les idéaux du vivre ensemble entre religions, qui prévalaient dans la constitution indienne de 1950, se sont écrasés contre les faits : les Musulmans sont un problème pour la paix en Inde et menacent la stabilité du pays, donc son cheminement vers la prospérité. Modi et son parti sont donc en train de faire le ménage chez eux, s'assurant que l'Inde ne connaisse pas les soucis d'autres régions du monde avec leur minorité musulmane. Loi contre l'abattage des vaches, destruction de maisons, censure d'Internet, emprisonnement de journalistes, le gouvernement indien entend mater sa minorité musulmane, pour pouvoir afficher une concorde sociale à ses investisseurs étrangers. L'Inde a connu des invasions multiples, l'invasion musulmane a été un traumatisme immense. Aujourd'hui, l'heure est à la remise des pendules à l'heure hindoue. La politique d'hindutva (hindouité) est limpide : les hindous ont peut-être été convertis à d'autres religions, au gré des nombreuses colonisations subies par le sous-continent indien, mais le haut-parleur reste hindou et définit l'Inde. Les minorités doivent désormais la mettre en sourdine pour le bien du pays.

 

L'embarrassante gauche américaine

Dans le contexte stratégique actuel, les membres de la gauche américaine, tel Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, peuvent bien s'égosiller, exhorter Biden à aborder les questions relatives aux droits des musulmans en Inde, ils sont plus un embarras qu'autre chose. Le partenariat indo-américain est trop important pour que Washington s'attarde à quelques questions secondaires comme la ségrégation. L'Inde est la plus grande démocratie du monde, son voisin musulman pakistanais, également partenaire de Washington, n'a aucune leçon de démocratie ou de tolérance religieuse à donner à New Delhi.

 

Un jeu de dupes

Modi et l'Inde sont des alliés de circonstance dans la stratégie américaine, comme ils sont des interlocuteurs privilégiés de Moscou et des partenaires aimables de l'Europe. Les conséquences de cet accord avec Washington pourraient raviver les tensions frontalières avec la Chine, mais Pékin connaît la chanson du commerce et n'a guère plus intérêt que Washington à rallumer la guerre avec New Delhi. Gageons que le gouvernement indien trouvera les termes, avec le sourire, pour rejoindre Pékin dans l'apaisement. Le monde occidental se dirige vers une troisième guerre mondiale voulue par les puissants de ce monde. Personne, sauf l'Amérique et ses laquais européens, ne veut cette apocalypse. L'outil de production capitaliste actuel est périmé, les tuteurs de Washington et de Bruxelles veulent le remplacer par le Nouvel Ordre Mondial quand la population mondiale aura été notablement diminuée. Il y aura alors, peut-être, une place à prendre pour l'Inde.

 

 

L'accueil chaleureux réservé à Narendra Modi par le président Biden et l'establishment politique américain est donc un exemple bien compris de real politik. Malgré les préoccupations de la gauche, toujours un peu perchée, concernant les atteintes aux droits des musulmans en Inde, le partenariat indo-américain dans un contexte de confrontation avec la Chine prime. L'Inde marche vers le sommet de l'économie mondiale, avec une stratégie encore plus prudente que celle de Pékin. L'Inde veut devenir l'atelier du monde, elle offre son merveilleux sourire à toutes les nations pourvu qu'on la laisse redevenir hindoue.

 

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