Le tir aux pigeons irakien

par morice
jeudi 31 janvier 2008

Militairement, l’improvisation de la guerre irakienne est aujourd’hui patente. Politiquement, certains l’ont déjà ouvertement reconnu, tel Paul Bremer, qui a été pendant des mois le responsable de Washington sur place et qui aujourd’hui dénonce ouvertement l’amateurisme qui a prévalu lors de l’invasion de l’Irak et de l’occupation qui a suivi. Techniquement, enfin, où les matériels envoyés se sont révélés inadéquats. En écho aujourd’hui nous parvient la déclaration de l’un des interrogateurs de Saddam Hussein, qui selon lui, ne croyait pas à une invasion mais à une attaque aérienne massive et seulement préventive. L’intervention, même pour lui, le principal concerné, a été avant tout précipitée. L’image de l’armée américaine, « la meilleure du monde », est plus qu’écornée par le conflit irakien : on y découvre que ses dirigeants sont des incompétents, tout juste bons à se servir de leur rang pour se lancer dans la vie politique une fois leur retraite venue. L’Irak est tout simplement une gabegie extraordinaire, un fiasco à tous les niveaux, qui risque de ternir l’image du pays pendant longtemps. Chaque jour qui vient nous le rappelle. Et chaque jour nous montre que ceux qui en pâtissent, de cette aproximation perpétuelle, sont au premier rang les soldats eux-mêmes, envoyés en Irak comme les soldats français de 1914 en uniformes rouge et bleu face à un ennemi déjà en vert-de-gris.

Au stade du simple soldat, le scandale de leur équipement de protection avec des gilets pare-balles de seconde zone a connu une longue existence sur internet, avec l’éclatante démonstration faite par un sénateur américain de la protection bien plus efficace présentée par un gilet d’un nouveau genre (le Dragon Skin), mais que n’avait pas daigné retenir les autorités militaires. Laissant planer le doute de corruption possible, qui rend la mort de certains soldats encore plus dérisoire et rageante. On a connu également un autre scandale, celui des Humvees (pour "High mobility multipurpose wheeled vehicle"), ces super-jeeps transperçables de part en part par des calibres moyens (7,62) comme celui d’une Kalachnikof, car parties des Etats-Unis sans blindage et sans modification préalable. Entre 12 000 et 20 000 exemplaires ont été envoyées en Irak. Sans tenir compte de l’avis des premiers sur place."To Paul Rieckhoff, executive director of the Iraq and Afghanistan Veterans of America, the stunted response is another example of how ’the suits and the bureaucrats in Washington don’t seem to have the same sense of urgency as the guys in the field.’" On a vu de simples soldats tenter d’y pallier par eux-mêmes en soudant ou en boulonnant sur les portières des tôles de protection récupérées ici et là sur les décharges ou sur des chars abandonnés. L’administration américaine avait dû se résoudre à envoyer par containers entiers en 2004 des kits de blindage,après moult tergiversations et moult refus d’en arriver à ce palliatif. Les kits une fois montés s’étaient révélés relativement efficaces aux tirs d’armes de poing ou de mitrailleuses, mais la Humvee continuait d’avoir un talon d’achille évident, celui de son fond plat, propice à recevoir de plein fouet le souffle des mines ou des terribles "roadside bombs", devenues avec le temps de plus en plus meurtrières et de mieux en mieux positionnées.

Confectionnées à base d’obus de mortiers les trois quarts du temps, ces IEDs (pour Improvised Explosive Device) devenaient capables d’être plus efficaces que des mines antichars, retournant comme une crêpe des transports de troupes blindés. Des bombes le plus souvent télécommandées, à partir d’un simple Nokia et d’un habile montage électronique, parfois par chance retrouvé intact.

Le bilan total de cette improvisation manifeste est catastrophique en termes de pertes humaines. Elle révèle le fait que les responsables militaires de W. Bush n’ont jamais eu comme souci prioritaire le bien-être de leurs propres soldats, envoyés à ce qui a été et est encore un gigantesque casse-pipe. Aujourd’hui, les diverses solutions consécutives adoptées sont régulièrement contrecarrées par les Irakiens restés fidèles à l’ancien régime, qui opposent aux solutions techniques sophistiquées et extrêmement coûteuses des Américains des bricolages terriblement meurtriers, auxquels ne sait plus répondre l’armée US autrement qu’en augmentant le coût de fabrication des véhicules employés, et en alourdissant ainsi d’autant plus le coût d’une guerre sans fin, qui induit un gouffre financier pour le pays. Sans toutefois réellement résoudre le problème. Hier, on apprenait que le coût global pour 2007 avoisinait les 171 milliards de dollars. Pour 2008, le budget prévu serait de 193 milliards. Depuis 2001, l’Amérique a dépensé 691 milliards de dollars en Afghanistan et en Irak. La dette accumulée du budget fabrique des intérêts dont le montant atteint 234 milliards, presqu’autant que la dette elle-même, qui est de 250. Le budget total de la France en 2006 était de 47 milliards d’euros (69 millliards de dollars). S’il faut chercher quelque part les difficultés économiques des USA, il ne faut pas les chercher seulement dans la crise de l’immobilier. Le coût de la guerre est déjà au-delà des limites acceptables pour un Etat, même le plus puissant du monde.

Et cela ne risque pas de s’améliorer. Les derniers événements en date démontrent que depuis 2006, les Irakiens (et les talibans afghans !) utilisent de nouvelles armes pour attaquer les convois US. Rien à voir avec les ragots entretenus d’une possible provenance iranienne, fomentés par les Américains de façon aussi importante qu’une pseudo-attaque de vedettes iranienne (avec force "reportages" sur des caches... de disques de cuivre) : pour les fabriquer, nul besoin d’une technologie avancée, le procédé est vieux de 66 ans. Les Irakiens ont tout simplement ouvert un livre d’histoire, et ont redécouvert le Panzerfaust 30 allemand de 1942, un des tout premiers lanceurs de roquettes à charge creuse, procédé imité par les Américains eux-même avec leur Bazooka et les Anglais avec leur Piat. Le procédé est simple : une tête composée d’un métal ductible, comme le cuivre, peut transpercer un blindage d’acier s’il se retrouve projeté à Mach 6 devant ce blindage, propulsé par une forte charge. Sur les routes irakiennes, en place de mines italiennes ou russes, on a vu apparaître ces cylindres d’acier surmontés de disques concaves en cuivre, qui se déformant dans l’autre sens forment un obus-fléchette parfait. Leur fabrication, extrêmement facile, revient à peine à 20 dollars pièce, la charge provenant des milliers d’obus laissés sur place, y compris parfois par l’armée américaine elle-même lors de sa précédente incursion. Capable de percer les plus gros blindages, au point de remettre en cause la parade imaginée par les militaires US, à savoir le creusement en "V" du fond des véhicules pour disperser le souffle de l’explosion.

Le procédé a été unanimement retenu sur les récents MRAP (pour "Mine Resistant Ambush Protection Vehicles"), commandés en masse et à la va-vite à partir de 2005. Fabriqués selon un nouveau concept : l’habitacle est désolidarisé des autres éléments (moteur, pont, etc). "[Early designs] combine[d] the frame with the body - the armoured monocoque shell is strong to support drivetrain components and to resist blast. All suspension parts, axles, and drive-shafts are external. Engine, transfer case, and transmission are protected within the armour hull. In other words, drivetrain components will be sacrificed to the blast of a mine but, more often than not, the hull remains intact." Nouveau, pas tout à fait : ce sont les Africains du sud de Rhodésie, confrontés en 1970 à la "Guerre du Bush" qui ont les premiers trouvé la parade. Ils avaient alors conçu des véhicules tel le Wolf, un engin de 10 tonnes produit en Namibie par WMF, "évidemment" absent des contrats irakiens... Les ingénieurs de l’Army avaient souhaité dès 2004 en acheter 43 mais ne purent avoir l’autorisation que pour 4, autrement dit rien. Tous les fabricants US contactés par WMF s’étaient désistés, pression du Pentagone oblige. Protectionnisme, protectionnisme... Finalement, ce sont les Canadiens qui l’ont amené en Afghanistan, via le constructeur BAE sous le nom de Nyala RG-31 (Cougar), un modèle de 8, 4 tonnes. Avec des résultats mitigés. Les Américains, pressés d’avoir ce type de modèle, en commandaient néanmoins en 2005 pour 78 000 000 de dollars, à 527 000 dollars l’unité. Le 7 juillet 2007, en Afghanistan, une roadside bomb explose près de Kandahar au passage d’un Cougar, tuant 6 soldats canadiens et leur interprète. Le Cougar, en version de base, est l’un des modèles les plus légers, et il n’a pas résisté à l’explosion. Le 22 janvier, un article au vitriol du New York Times dénonce les véhicules qui ne remplissent pas leur mission. En citant en exemple une attaque faite avec 150 kilos de fertilisant, qui a projeté à 30 mètres un autre Cougar. Un mitrailleur de MRAP de 24 ans commente : "Before this, lots of soldiers thought the MRAP was indestructible, but nothing is indestructible." Chez le fabricant, on minimise, en vantant les mérites de matériels "ayant déjà résisté à 3000 attaques", chiffre difficilement vérifiable. Son Buffalo, nettement plus lourd, abondamment vanté (voir ici la rubrique "mean machines"), à partir d’un chassis de camion Mack, n’est pas lui-même à l’abri des attaques. On en est loin même.

En cas d’explosion, pourtant, et logiquement, les soldats devraient survivre, même si l’appareil est fichu. Les premiers véhicules neufs, fabriqués à un prix exorbitant, ont pourtant été déjà retrouvés calcinés : les Irakiens faisant sauter l’avant du véhicule avec son moteur, point resté souvent vulnérable, à la place de s’attaquer à l’arrière et son transport de troupes, relativement à l’abri des explosions (sauf pour le cas de Kandahar). La conception sauve la vie des soldats mais ne protège pas le véhicule lui-même qui se retrouve détruit et inutilisable. Mais cela ne se passe pas toujours de cette façon. En novembre 2006 l’armée US en avait commandé 4 060 exemplaires : 2 500 pour l’Army, 538 pour la Navy et 1 022 pour les Marines. Certains modèles sont déjà sur la sellette pour défaut de conception. Ainsi, le 23 janvier, l’un des 2 225 MRAP déjà arrivés sur place saute sur une bombe : le servant de sa mitrailleuse est tué, l’engin s’étant cette fois retourné. Les premiers témoignages parlent d’un International Navistar, acheté 450 000 dollars pièce, construit avec l’aide des Israëliens de Plasan Sasa. Une firme issue d’un Kibboutz aux liens très étroits avec le Pentagone, qui offre sa solution de voiture blindée basée sur un Ford 350, le Caracal sorti en 2005. Des liens aussi avec d’autres constructeurs : c’est elle qui réalise la carrosserie de la Corvette (en ayant racheté Vermont Composites) ! Le contrat de l’armée US prévoit l’achat de1 500 de ses fameux "MaxxPro" : c’est en nombre le contrat le plus important de l’armée. Un engin fabriqué à partir d’un chassis surélevé d’International WorkStar 7000. Un camion classique aux Etats-Unis, lui aussi mis à toutes les sauces. Réputé inattaquable, testé contre des mines de 7 kg seulement, l’engin se révèle aujourd’hui instable, juché à plusieurs dizaines de centimètres de ses roues, sa lourde carrosserie étant trop haut perchée. Les tests n’ont pas été menés jusqu’au bout, mais les engins ont été retenus et validés par l’armée, pressée de trouver un remplaçant à ses jeeps en carton-pâte. Ils ont été faits en 2005 sur la base d’attaques de mines horizontales, et non pas sur ceux de packs de "roadside bombs" cachés sous des blocs de polystyrène déguisés en rochers de bord de route, apparus en 2006. L’effet de souffle et la puissance énorme déployée dépasse de loin une simple mine d’une dizaine de kilos. Les constructeurs de MRAP l’ont depuis bien compris, qui ont refusé que leur véhicule subisse des tests plus poussés sous prétexte du prix global de l’engin détruit... Il est vrai qu’au prix d’une Ferrari, on puisse être réticent à en faire un tas de ferrailles. Encore une fois, des soldats vont mourir... pour une simple histoire d’argent.

Apparus en 2006, les EFP (pour Explosively Formed Projectile) ont déjà jetés au rebut cette nouvelle génération de véhicules de transport vendus comme "inattaquables". La réaction des militaires US n’a cette fois pas tardée, mais elle a été la même que toujours, à savoir renforcer les blindages de côté, en munissant l’appareil de contre-charges, un procédé utilisé en premier sur les chars israëliens Merkava : un explosif qui se déclenche juste avant l’impact de la roquette annihile son pouvoir perforant. Les futurs engins de type MRAPII expédiés en Irak devraient se voir munir dans les mois à venir de ce coûteux blindage réactif et des détecteurs attenants... tels le Bull d’Aberdeen (avec Oshkhosh et Ceradyn), à protections céramiques, ou le Golan CATII (et ses 15 tonnes !) de... Raphaël, autre firme israëlienne spécialisée, celle justement qui est à l’origine des blindages réactifs, si les Américains restent sur place quelques années encore... ce que souhaite un des candidats à la présidence, ancien héros véritable de la guerre du Viêtnam. Aux toutes dernières nouvelles, le monstre de Oshkosh aurait raté ses tests. La firme Ceradyn, largement soutenue par un fonds d’investissement très actif, Silvermann Associates, ne va pas en rester là pour sûr. Investir dans la guerre, au prix où l’on vend les véhicules, au prix de l’or, ça rapporte énormément.

Avant l’adoption des futures charges actives, en Irak, le bricolage à la hâte est une nouvelle fois de rigueur : pour contrer les tirs de RPG (le bazooka russe, à roquettes à charge creuse), les MRAP fraîchement débarqués s’entourent d’un treillis en forme de cage de barres d’aluminium qui empêche la roquette de pénétrer directement sur le blindage. Les conducteurs de MRAP apprécient moyennement la baisse de visibilité que cela procure. Les MRAP, flambants neufs, se retrouvent enfermés dans des cages censés les défendre davantage. Pas si sûr.

Les seuls profiteurs de cette course aux armements-blindage étant... les constructeurs, en majorité américains, ou les fonds d’investissement qui les soutiennent, qui se frottent les mains avec des contrats aussi juteux. Les 36 premiers véhicules de test de type MRAP ont coûté au contribuable américain 34 574 582 dollars : soit 960 406 dollars en moyenne chacun. Un million de dollars pour des engins qui ne fonctionnent visiblement pas comme il aurait fallu. Parmi les modèles, on trouve un bon vieux Ford F550 "super duty" amélioré, l’un des plus conventionnels pick-up US, qui sert là-bas de base à tout faire : ambulance, dépanneuse avec grue, etc. sur lequel ont été greffés des plaques de tôle, au point d’aboutir à un véhicule de... 9,5 tonnes, qui se traîne aujourd’hui avec son diesel de 7,3 litres laissé inchangé, et son fond plat, qui ne devrait pas résister longtemps sur place... L’engin, prénommé Balkan, car ayant été créé en 1999 pour le terrain européen, a été présenté comme possédant un deuxième "avantage" : son coût, estimé aux deux tiers seulement de l’Humvee. Aux Etats-unis, on sait grignoter les budgets et surtout faire du neuf avec du vieux. Et vendre aux armées avec des arguments imparables "One of the key reasons for the success of the Balkan is due to the commercial availability of spare parts Worldwide." "Vous cassez l’essieu de votre tank ? Pas grave, vous pouvez vous rendre dans le premier garage venu : ils ont les pièces !!!" Une autre façon de voir la mondialisation, sans nul doute.. et une façon de renflouer Ford, qui perd des parts de marché dans le monde tant qu’il peut.

D’autres sociétés privées se sont lancées dans les clones tout aussi douteux, question efficacité : l’engin est transformable en tout, y compris en "urban predator". Le défaut le plus visible, ou plutôt audible, (à part sa laideur) étant un bruit de moteur infernal reconnaissable à plusieurs centaines de mètres de distance, un lourd handicap en zone dangereuse, dénoncé par de vrais spécialistes en la matière. Ce qui n’empêche pas le constructeur de le proposer façon "dream car" à en rendre jaloux "L’Agence tous risques" et Mister T lui-même. Son président, Frank Skinner, un ancien des Forces Spéciales, comme le patron de Blackwater, fait aussi dans la Cadillac Deville blindée ou la Jeep grand Cherokee armée pour milliardaires paranoïaques. Un commerce devenu florissant sinon juteux, renforcé par les magazines people et le mythe de la jet-set. En 2006, il était fier d’annoncer la création de 400 emplois à Danville, ville textile sinistrée par l’afflux des tissages chinois. Une autre façon de voir la mondialisation, encore. Des tanks à la place des jeans, la nouvelle économie guerrière en marche.

Les responsables de l’armée US sont donc en réalité des incapables, il n’y a pas d’autre mot : en 1993, à Mogadiscio, en Somalie, face à des opposants mal armés, ils avaient perdu 18 soldats dans des guet-apens, notamment à bord d’un hélicoptère BlackHawk abattu, dont l’équipage, une fois massacré, avait été traîné en ville attaché à des voitures. Les terribles images avaient fait le tour du monde. L’échec avait été pourtant analysé sous toutes les coutures par le Major Clifford E. Day, de l’Air Command and Staff College en Alabama, qui avait remis fin 1997 un rapport alarmant sur les équipements et les stratégies inadéquates employées. Les Humvees en avaient pris pour leur grade, ayant été jugées totalement inadaptées : "needlessly put their troops in harms way without the proper equipment to successfully complete the mission". Les Américains, fidèles à eux-mêmes, ignoreront le contenu mais en feront plus tard... un film célèbre : La Chute du faucon noir. Et en profiteront également pour recycler les Humvee/Hummers en 4x4 de luxe, en jouant sur le côté "guerrier" susceptible d’attirer les frimeurs de tous poils. Il faut bien ça pour monter jusque Gstaad, me direz-vous.Un beau cadeau de Noël sans doute pour un frimeur. Six ans après, les Humvees envoyées en Irak sont les mêmes qu’à Mogadiscio. Aucun changement n’a été décidé ni effectué. Du Pentagone, on envoie 20 000 passoires au combat sans aucune arrière-pensée. Les pauvres Marines ne s’attendent pas à se faire tirer dedans comme des lapins. Mogadiscio n’a servi à rien.

Les Irakiens opposés au gouvernement actuel, baptisés ou non terroristes, quoi qu’on en dise, sont les nouveaux Viet-Congs, et les Américains subissent bel et bien leur deuxième Viêtnam. Ceux qui voudraient le nier, aujourd’hui encore, devraient davantage s’informer. Le départ américain, soumis aux aléas des élections américaines, est inéluctable. Il ressemblera sans nul doute au départ honteux de 1975. Entre deux, l’armée américaine, à moitié privatisée, aura démontré une fois de plus son inefficacité face à des insurgés organisés et actifs, utilisant des ressources de guérilla qui ont de tout temps fait leurs preuves, avec cette fois en plus l’adjonction de kamikazes endoctrinés responsables de la terreur ambiante qui paralyse et ensanglante tout le pays.

L’histoire retiendra l’expédition bushienne en terre afghane et irakienne comme un fiasco de plus, un fiasco ayant pour base une absence d"analyse préalable du terrain et des mentalités, une improvisation totale et une inefficacité démontrée chaque jour par l’exemple. Les gouvernements croupions mis en place sombreront d’autant plus vite, après le départ des Américains, laissant une voie royale à la prise de pouvoir de ceux qu’ils étaient censés contrecarrer. Le casse-pipe auquel sont allés les Marines US aura pour résultat final la construction d’une véritable autoroute tracée pour les islamistes, qui n’en demandaient pas autant. Ben Laden, s’il existe encore, pourra un jour songer à remercier G. W. Bush, sans lui, il n’y serait pas arrivé. C’est tout le paradoxe de ce véritable tir aux pigeons improvisé auquel nous avons assisté jusqu’ici. Aux familles de soldats US disparus (faute d’avoir été suffisamment protégés) de convaincre le reste des Américains de la terrible responsabilité prise par un président fantasque, davantage guidé par la gloire et le profit personnel ou celui de ses amis, que par la tranquillité réelle du monde entier. C’est en cours, beaucoup de familles de disparus mettant aujourd’hui ouvertement en cause les décisions arbitraires et inconséquentes du pouvoir, pour qui la crise économique actuelle tombe à pic pour éviter de parler de son incapacité notoire en matière militaire. A chacun son tir aux pigeons.

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